Toctoctoctoctoctoctoctoctoc ( Doigts qui dansent sur une table )
Prenez un roman policier !
Mais je Je suis gendarme !
Lisez-le ! Il y aura au minimum une règle, celle du jeu du chat et de la souris plus ou moins bien mené entre l’auteur et le lecteur, et trois ingrédients : un assassin, une victime, un enquêteur.
Oui Deutch, tu es gendarme mais tu n’es pas Pruntch, et moi on m’a demandé de remettre ce papier a Pruntch. Pas a toi.
« On » est un con ! Ce n’était pas urgent ?
Deutch cumule les trois ingrédients.
Toctoctoctoctoctoctoctoctoc
Tu peux arrêter de faire ça avec tes doigts ?
Toc…
Quoi donc ?
Ici l’enquêteur est le meurtrier et n’a pas encore tué. Il prépare sa liste où il s’est mis en dernière position. Logique.
Toc…
Il le fait exprès.
Toc…
Et de trois : nous avons notre méchant !
Tu te crois au théâtre ?
Non pourquoi ?
Où il est Pruntch ? Il en met du temps pour trouver un dossier !
L’argent de la boîte a don de la croix rouge sert a enjoliver la vie dans le camp de prisonniers espagnols ! Pourquoi un plaisantin avait gammée la croix sur son étiquette ?
Je n’y comprend rien !
Madeleine non plus, elle avait le dos tourné.
Elle tourne le dos a sa boîte a don ? Elle n’a pas peur des voleurs ?
Non : son père est gendarme ! Blablalablabla.
Le mobile n’est pas l’ennui, le mobile est que Pruntch en a marre qu’on le prenne pour un con.
Blablalablabla.
Il faut dire qu’il est con.
Blablalablabla.
Tu te souviens à l’école ? J’ai joué dans le roi Lyre.
J’ai adoré Fanfan en Balthazar dans la crèche vivante ! Cet enfant a quelque chose…
Vous n’êtes plus fâchés ?
Elle pensait a quelque chose d’ Alexandre Dumas !
Mais enfin Deutch ! Nous ne l’avons jamais été !
Vous connaissez peut-être déjà la poissonnière.
Ben oui : pour se fâcher il faut d’abord se croiser.
Qu’est ce qu’il a Fanfan ? Il est mort pour que tu dises du bien de lui ?
C’était les jumeaux Colombes qui jouaient le roi lyre ! Deux fois moins de texte a apprendre.
C’est faux, je m’en souviens, c’était le curé tout du long ! Moi ma scène était muette !
Comme pour passer son certificat d’étude, quand c’est son frère qui l’a passé a sa place.
Oui c’est ça, et puis a Noël les allemands l’ont aussi libéré pour descendre nous faire la messe.
Pruntch était le seul villageois a ne pas avoir assisté a ce que tout le monde appelait maintenant « la scène de Noël » et, comble d’injustice, le seul que ça semblait intéresser.
Mais il fallait bien que quelqu’un fasse la ronde de minuit car si le père Noël n’existe pas, il en existe des faux qu’on appelle cambrioleurs.
Mon enquête sur ce qui s’est passé sur le parvis avance.
Ah? C’est bien ça.
Qu’est ce que je vous disais ? Elle feint l’indifférence.
Parce que la dernière fois elle piétinait.
Là elle ne piétine plus.
Ah ! c’est bien !
Le sujet gène.
Et la bête ?
La bête ? C’est fait !
Alors c’était quoi ?
Le roi lyre.
Mon dieu ! Emmanuel ! Tu l’ as… ?
Enterré !
Deutch ! Non !
Non ! Il dort ! Sous un tas de feuille !
Maintenant c’est au tour de Pruntch, sorti de sa prison, d’entrer en scène !
Laisse-moi la chaise Deutch ! Il y a le grillon qui rechante dans la prison ! Trouve-le ! Qu’est ce qui nous vaut le plaisir de ta visite la Famille ?
Deutch !
Quoi Deutch ? Tu m’as dit que tu avais une pièce a rajouter au dossier Colombe, moi je n’ai pas de dossier sur Deutch !
Ça ne le rend pas un peu dingue a Deutch cette histoire sur le parvis ?
Pruntch, a deutch, plus fort :
Deutch, ne tue pas le grillon, ça porte malheur ! Fous-le dehors !
A la poissonnière :
notre dicton c’est : Quand on n’y a pas pinpon, on y a un grillon !
Qui sonnait moyennement !
Moi je dis que la vierge a méritée sa raclée ! Elle se faisait téter le doigt par un mouton en pouffant de rire.
Il n’y a pas de dossier sur l’affaire du parvis.
Et dans le dossier « Corbeau » ?
Il prend des sacs entiers, on les stocke dans la prison, sous le lit, sous la table, il y n’y a plus de place pour un prisonnier. On va jeter !
Moi je dis peu mais vrai. Et là je dis il n’est pas bien le Deutch.
Oui : il a peur que sa fille faute de forgeron ne mange du curé ! Je l’envoie compter les papillons dans les champs, je ne peux pas faire mieux.
Je profite des tournures que commencent a prendre nos deux langues de vipère pour préciser que l’auteur n’est en rien responsable des propos tenus par les personnages.
C’est pour ça qu’il fayotte avec le colonel ? Parce que c’est le seul qui a vu ce que tout le monde a entendu ?
Mais non, tu sais bien : Deutch est gentil avec tout le monde.
Et pourquoi il est tout gentil avec le chauffeur qui a « bousculsecoué » sa fille ?
Parce qu’ elle s’est interposée entre le curé et le chauffeur qui croyait qu’on attaquait le colonel !
Tu prend les gens pour des cons ? Le chauffeur a défendu Madeleine qui se faisait « débousculotter » par le curé !
Si tu veux ! Moi je t’ai donné la version qui convient a tous les protagonistes.
Moi j’ai vu comme ça bouillait sur la bouille du curé !
La scène finale, ils l’ont joué dans notre dos et on n’a eu que du bruit ! Et de l’imagination, comme dans une forêt noire.
Même si tu l’avais envoyé patrouiller jusqu’à Marseille, ce pauvre Deutch aurait entendu les cris de sa fille dans la nuit noire.
Bébert qui s’y connaît a dit : « Deutch a saisi le mouton dans la nuit noire comme un champion a crampon un ballon au rebond ».
« Par le croupion sous les lampions ». Ça c’est la version de Fanfan !
La vérité c’est qu’ a cause de leurs conneries, la pauvre bête est morte de froid ! Le curé doit un mouton au boucher.
La vérité c’est qu’il y avait un dossier « Parvis », dans sa poche intérieure c’est a dire sur son cœur, et la poissonnière y avait accès, vous allez bientôt savoir comment.
Je serai a la cabane de paille cette nuit a minuit.
Tu crois encore au loup !
Je t’attendrais !
Je ne viendrais pas !
Personne ne te verra !
Bien sûr puisque je n’y serai pas !
Quelqu’un a vu !
Tout le monde y avait vu une histoire d’amour. Dans la version de Bébert elle avait même déjà commencée sous le pupitre du curé ! Et le corbeau dans sa prison nous prédisait un petit Jésus pour Noël !
Quelqu’un qui est allergique au salpêtre de l’église.
Putain ! Pivert !
Tout est dans mon carnet : tu peux venir le chercher !
La poissonnière qui serait aller chercher le carnet dans la culotte d’un lépreux ne se fit pas prier.
Elle fit vite, déjà la moustache du pervers lui décrochait intentionnellement ou pas une mèche de son chignon qui c’est sûr allait se remettre a frisotter.
Tes cheveux ! Ils sentent bon la noix de coco !
Elle posa sa main religieusement sur les siennes croisées pour éviter qu’elles ne se baladent.
Arrête ! Je n’aime pas les moustaches !
Elle aimait bien le glissant de la pierre alêne du matin sur la peau du curé… Ou du forgeron. Comment savoir ?
Le fait qu’elle devrait dire un jour a Fanfan que si le curé n’était pas son père c’était alors son oncle avait gâchée sa vie mais elle plaisait encore.
Et sur ta peau famille, c’est de la vanille ?
Ce soir, en refusant les danses, elle aurait peut-être une pensée pour le gendarme.
Il n’y a pas que de la fleur, il y a du fruit aussi !
Une recette de sa mère, le jus de citron lui aurait éclaircie la peau, a elle ça la lui séchait comme des bâtons de vanille. Sa peau ne sentait que la peau et ne supportait pas le parfum.
Ni le soleil, ce qui fait qu’elle portait les plus larges chapeaux en osier du village ( Ce qui faisait aussi dire aux mêmes qui gamment les croix que c’ étaient des paniers )
Caché sous son chapeau de paille, le pervers lui murmure :
Et si je me rase la moustache ?
Déjà elle ne l’écoute plus, lit le carnet a mi-voix. Deutch ronfle dans la prison.
Le colonel traverse le parvis désert,
Le chauffeur, encore sur les marches couvre ses arrières du regard.
Je ne bouge plus, le chauffeur ne me voit pas ! Églantine plante ses ongles dans mon bras.
Le colonel ouvre la porte de l’église. Le mouton s’échappe, Madeleine lui court après, le curé court après Madeleine, la ratrappe, la tripote, non, la fouille.
Pourquoi tu as barré « la tripote » ?
Parce qu’il y avait Églantine pour lui serrer le genou, ils sont pire que des siamois ces deux-là !
Le prince charmant les rejoints en deux pas et les sépare d’un coup de poing !
la poissonnière amoureuse de vérité, sent les larmes lui monter aux yeux.
Mais les ouvrent étonnées !
Un cocard que le curé gardera des jours ?
Ne fais pas attention ! C’est la suite qui est intéressante !
Dans le clocher une lumière clignote ! Je m’appelle Pivert alors je je connais le morse, ça dit rendez-vous a la…
Pourquoi tu as caviardé « grotte » ?
Fais vite ! Pour Deutch, ce carnet n’existe pas !
La lumière s’éteint et là, dans le clocher je vois la vierge.
C’est un témoin de Jéhovah, et il nous voit la vierge ! C’est ridicule !
Tant mieux ! Comme ça il n’ ira pas le répéter !
Que Pivert aille au diable ! Si les gosses se noient ou tombent dans la grotte, vous serez responsable toi et le maire ! Je témoignerait contre vous !
Par un curieux hasard au moment d’être maudit a plusieurs kilomètres Pivert était terrassé d’une crise cardiaque.
Mais on ne les a même pas trouvé les entrées ! Ou les cartes sont fausses ou on ne sait pas les lire !
Vous êtes revenus pâles comme des lavabos ,vous aviez peur d’aller voir si elles faisaient quelques mètres ou quelques kilomètres.
Et ce con de curé, au lieu de nous aider, qui nous dit : « Écoutez ! »
Alors que dans l’affaire du parvis il dit : « Entendre ça ne suffit pas. ».
« Écoutez,écoutez donc : la terre ronfle qu’elle fait danser les feuilles devant les entrées !
Tu n’as pas vu le curé ?
Moi tu sais d’habitude a minuit je dors alors tu penses bien a la messe de minuit !
Ça c’est de l’histoire ancienne, moi j’ai du neuf !
Une étiquette ? On va pouvoir la coller sur le dossier, ça commence a devenir épais a l’intérieur.
Tu la reconnais ? C’est l’étiquette de la boite a don de la croix rouge.
Bien sûr je la reconnais et Deutch a du la reconnaître aussi, je vais me faire fracturer le dernier tiroir qui fermait.
Il a le droit ?
Il a le droit de faire grève ? Non : on n’est pas a la poste ! Et pourtant va voir comment il chasse le grillon : allongé sur le lit les yeux au plafond !
Moi je préférerais que la tête ignore ce que font les jambes.
Bien ! Qu’avons-nous collé sur mon bureau ? Une croix rouge transformée en croix gammée avec du rouge a lèvres. Notre petit malin est une petite maline.
Non ! ça c’est le verso , moi je suis venu te faire voir le recto.
La poissonnière qui tenait aplatie son étiquette comme quatre as et un roi la décolle enfin !
Scratch
Solennellement ,Comme Gaxuxa tire les cartes sauf que là il n’y en a qu’une.
Oh un hiéroglyphe ! Comme c’est gentil ! Ça vient de qui ?
De la bonne du curé !
Elle n’est pas morte elle ?
La nouvelle !
C’est bien de nous écrire mais je ne lis pas le vieil égyptien !
Fais quand même un effort : il n’y a qu’une phrase ! Qu’est ce qu’elle dit ?
Elle dit qu’on a du te la donner pliée et que tu me la donne dépliée. Pourquoi tu voulais que Deutch la voit ?
Je ne pouvais pas la garder plus longtemps dans ma poche. Tu ne vois pas un prêtre là ?
Je vois une homme en robe. Avec une croix au cou. Un roi mage ? Tu sais ce qui manque pour que ce soit plus rigolo ?
Dis moi tout Champollion !
Un ballon de rugby !
Tu ne vois pas un curé courir après une petite fille ?
C’est l’enfant de chœur et le curé ne l’a pas rattrapé : tout va bien.
Alors où il est Fanfan ?
En voyage, son père t’expliquera.
C’est fait. « J’en ai fait de la saucisse ». Voilà ce qu’il m’a expliqué !
Clac (dossier fermé)
C’est l’heure de l’apéritif ! On ferme. Tu bois avec nous la Famille ?
C’est ça ! Et on boira aux tonneaux ?
On ne touche pas aux pièces a conviction !
Tu vas voir ce qui va leur arriver a tes pièces a conviction si le colonel les voit.
La poissonnière virait sorcière : une prédiction maintenant qui allait dans quelques minutes se révéler exacte.
La contrebande c’est notre domaine ! Elle était là avant qu’il arrive !
Oui ben moi je m’en vais !
La poissonnière se lève.
Deutch ! Réveille-toi ! Viens ouvrir a Famille !
Pourquoi vous fermez a clé ? On se croirait en prison !
Pour être tranquille !
Pourquoi vous ne laissez pas la clé sur la serrure ?
Pinpon la pousse et l’attrape par la chatière.
Bouchez la chatière vous n’avez pas de chat !
Deutch : On a du courant d’air ! Allez zou ! File ! Tu es libre ! Mais tu ramènes la sucette !
Tais-toi couillon qu’il y a plein de monde !
Clic clac crouiiiiiiiiiiiiiiiiiic
Pruntch : N’oublie pas ton rendez-vous ! D’ici là il y aura du nouveau !
Au revoir Pruntch ! A un de ses jours ! Au revoir Deutch !
Au revoir Famille ! Pruntch, pas le temps pour l’anisette, je retourne sur le champ au taureau !
Tu veux nous porter malheur ? L’apéro ! C’est un ordre !
Cul sec alors !
Bien ! Au rapport ! Tu as trouvé le grillon ?
Non ! Il me craint ! Vas-y toi ! Pour toi il chante ! Pinpon a du le dresser !
J’aimerai bien aller voir a quoi ressemble la nouvelle bonne du curé. Tu ne l’as pas croisé en venant ?
A quoi elle ressemble ?
A ta mère le comique ! Santé !
Santé ! Et a la nouvelle bonne ! Tu ne vois pas qu’elle soit belle !
Non : il paraît qu’ il lui manque une dent de devant et qu’elle marche comme un bossu !
Si je captures la panthère, je te préviens, j’écris a la hiérarchie pour passer chef !
Je préférais l’idée de bazooka lanceur de filet de Fanfan, ne va pas tuer le taureau avec ton fusil a fléchettes, le boucher nous ferait suer.
Tu crois que si on leur tue leur bête les zingaro vont avoir le toupet de nous demander de la rembourser ?
Je crois qu’il faudra vite les retrouver pour que la panthère se réveille en cage !
Alors là je leur demanderai une récompense. J’hésite entre un baiser de la squaw et un baiser de la femme serpent !
Commence par ne pas partir sans oublier ton pistolet ! Merde ! Ils les font lourd exprès ! Tu es plus con que la moyenne !
Tu te souviens de moi dans le roi Lear !
Comme je le disais au chaplin sans moustache les rôles muets sont les plus parlants !
Merci ! Pruntch !
Merci pour quoi ? Où il est ton bazooka ? Ne te pique pas avec une fléchette !
Caché sur place !
Fais gaffe ! Si tu te le fais piquer et qu’ils envoient la facture ? C’est leur plus beau modèle, celui des tireurs d’élites.
Les lunettes sont bien pour surveiller les glandeurs qui pourraient glaner mais il y a la croix, on ne peut pas l’enlever.
la croix viseuse ? Tu es poète toi aussi !
Qu’est ce qu’elle te veut la Famille ? Avec sa croix !
Laisses ! Elle dépapille !
Faut que le forgeron revienne !
Avec son fer a cheval ?
C’était son arme a lui, son bâton de Fanfan.
A ses mots Deutch entreprend de dégainer comme le plus habile des dégaineurs hollywoodiens.
Avec une grâce qui aurait valu un oscar a laurel et hardy. l’arme finit a l’envers et tenu a deux mains.
Qu’est ce que tu fais ? Le bouton de sécurité ! Remet le bouton de sécurité !
Je vérifie si les six munitions sont bien dans le barillet de mon arme de fonction, c’est la procédure ! Pour les cons !
La procédure ici c’est moi et la procédure elle te dit tu me ranges ça de suite !
Je t’ai fait sauter le cœur que tu te le tiens ?
Quand j’ai fini de tout souffler et que je reouvre les yeux, si tu es toujours là je te le fait nettoyer tu vas voir la procédure !
Deutch fendit la canicule, sa liste de six en tête, aucune balle dans son barillet.