toc toc toc

Fanfan ! Sors débarrasser la table de ta méduse !

Mon zeppelin ! N’escagasse rien !

Bien qu’il falusse que le boucher lui trouve une pioche, un panier et un balai ( qu’ il ne reverrai sûrement jamais ) pour que Fanfan grattasse des mètres cubes a la montagne, ce ne fut jamais fait.

Fanfan n’avait ni peur, comme aimait le lui répéter son père, de faire des étincelles, ni trouvé de diamant. En réalité Fanfan ne manquait pas d’espace, mais de soleil et de courant d’air.

Pour que sa maquette de ballon dirigeable sèche dans la cuisine toute la journée, au lieu d’une semaine sur le sol de sa chambre, il devait la jouer fine :

J’ai bien fermé le pot de colle ? Je suis revenu a dos de licorne : sa corne se détache.

A quelle heure tu es rentré ?

Mais là ! A l’instant !

Je n’ai rien entendu ! Tu as traversé la porte ?

La pièce ! Pendant que tu cassais les œufs sur le rebord de la poêle ! C’est quoi le dicton du jour ?

toc toc toc (bruit d’œuf dur sur le rebord d’une poêle )

On souhaite le bonjour ! Même si c’est dans le dos, comme les allemands !

Moi ce n’est pas la guerre que je perd mais la voix !

Et moi ma patience ! Un jus de citron chaud ? Citron il y a ? Tu te presses?

Je ne trouve pas les allumettes, je ne trouve pas la bougie, je ne trouve pas mes mains.

Fanfan avait vu son père faire danser le filet d’huile au dessus du lard, il aurait voulu le stopper mais sa voix était partie en accordéon. Dix huit ans bientôt et il avait gardé sa voix de crécelle. Dix huit ans a peu prés puisque c’était un enfant trouvé.

Je ne sais pas quel génie m’a soufflé de te souffler dedans !

Enfant du pêché ! Merci de me le rappeler !

Livré tout bleu !

C’est la cigogne qui a voulu me noyer !

Elle a du vouloir te laver, tes langes ne sentaient pas la rose Fanfan Larose !

C’est quoi tout ses bruits dans la cuisine ? Tu reçois ?

Le monde entier venu pour admirer le lever de votre Majesté. Qu’elle ne sorte pas grattant son illustre derrière ! Pagnol est là !

Ok ! Ok ! Je m’habille.

Et sil te plaît, je ne veux pas entendre un seul « o » !

Okdac !

Ni d’okdac ! Je veux juste entendre ta porte s’ouvrir ! Tu veux que les anglais débarquent ?

Je m’en fous !

Aouste !

Aouste ? Mais c’est allemand ça ! Papa, tu deviens allemand !

Aouste la langouste ou c’est la rouste !

Sous la menace. De guerre lasse : « SHAZAM »

Cloc

Papa ! La porte ne s’ouvre pas ! C’est fermé ! Kaput !

Tu t’enfermes a clé dans ta chambre maintenant ? Je le sais que tu joues encore a la poupée.

Non ! Ouvre-moi ! Au secours !

J’aimerais bien mais il n’y a pas de clé de mon côté, si de ton côté il n’y en a pas non plus, on va avoir un problème.

Ouf ! Elle est là !

Clicclic…crouiiiii

Enfin ! Le hareng sort !

 Papa tu pues l’alcool !

Toujours finir le fond des verres avant de les tourner dans l’évier où ça porte malheur !

C’est le dicton du jour ? Et les douze pieds ?

Et dans ta main ? C’est le couillon du jour !

Je te présente le cerf-volant qui a du faire tourner la clé en s’y posant dessus !

Tu ne peux pas laisser les bêtes vivre heureuses dans la forêt ? Il faut qu’elle t’appartiennent ?

C’est lui qui m’est tombé sur l’épaule. Je voulais juste que Pinpon le voit d’abord ! Tu en a déjà vu de si gros ?

Remets moi ça dehors avant de perdre un doigt ! Larges zépaules !

Clic !

Voilà ! c’est bien fait ! Qu’est ce que je t’avais dit ?

Macarel ! Mais c’est qu’il pince l’animal !

Ne jure pas, on va croire que c’est moi qui t’ai appris !

Ma voix !

Oui : elle part un peu en clopinettes d’hirondelle ! Tu ne peux rien faire ?

Elle s’est reperchée au bon endroit !

A la même hauteur qu’hier !

Papa il faut que je dorme !

La messe est a onze heures ! D’ici-là !

Quoi d’ici là ?

Si sa feignasse royale veut bien partager avec moi le petit-déjeuner que je m’escagasse a faire.

C’est le marchand de sable qui me fait me frotter les yeux, pas la douleur, ne rêve pas.

Tu pleurais déjà dans ta chambre !

Je lisais.

Dans le noir ? Le titre gravé sur le cuir ?

J’écrivais ! Une histoire triste !

C’est le titre ?

« Un tout petit chagrin ».

D’amour ?

Une amourette. Déjà loin. Marie-jeanne.

Si tu as des questions…

C’est quoi un hareng saur ?

Un crustacé ! Pas un gros mot, je n’en dis jamais !

Mers chaudes ? Mers froides ?

Je n’ai jamais eu a toucher de poisson de ma vie, chez les « Larose » on est boucher de père en fils !

Moi depuis que j’ai passé une nuit dans un panier a poisson, le poisson je le sens a travers les portes !

Il y a pas de poissons chez moi : ça attire les chats !

« Quand le chat n’est pas là…

… il est a l’opéra ! »

Mais non ! Qu’est ce que tu racontes ? « Quand le chat n’est pas là… ?

Les petits rats aussi : c’est comme pareil ou même !

… les souris dansent ! »

Je sais. Tu n’étais pas censé préparer les chambres des invités du marquis jusqu’au matin ?

Préparer les chambres de ses invités. Mais comme pour embêter le boucher, juifs, noirs, homosexuels,communistes, résistants, déserteurs … J’en oublie, s’étaient donné le mot qu’il valait mieux renter dormir chez eux plutôt que de rester au château de Merlan-Cloche, (ou Clochan-Merle c’est selon. )

La raison ? Des vilaines histoires remontées des cuisines jusqu’au grand salon.

Une garnison s.s aurait rassemblé les habitants dans l’église de leur village avant d’y mettre le feu et remonter défendre Berlin ; c’étaient pourtant leurs hôtes le marquis en quatre ans n’ en avait jamais laissé entrer un seul s.s.

Le colonel est venu toquer pour lui demander de baisser la musique !

Tout colère ou pour se faire inviter a danser ?

Les mains dans les poches et pas vraiment déguisé.

Pour fouiner quoi  !

Les musiciens ont mis leur chemise a froufrou dans leur guitares !

Sans s’arrêter ?

Leur couteau dépassait de leur pantalon, avec les croix gravés sur le manche.

zapatta et Sancho billa !

Ce qui se passe au salon ne regarde pas les cuisines !

Ça devait être dans le contrat que j’ai fait semblant de lire avant de signer ! Le colonel ne les a pas reconnu ?

Non et tu sais pourquoi ?

Ils avaient du se raser !

Oui mais Non !

Mais bien sûr : parce qu’il ne les a jamais vu ! Juste entendu parler !

Oui mais Non !

Parce que le marquis ne l’a pas laissé entrer ?

Oui mais non ! Simplement parce qu’ils n’étaient pas là !

Je préfère le ni oui ni non !

Tu ne connais pas le « ni nom ni nom » ? Et si quelqu’un écoute aux portes ?

J’ai senti l’ eau de Cologne du colonel depuis les cuisines.

Peut-être qu’a force de se baigner dans la Saumone a longueur de journée, il commence a sentir le poisson.

Tu sais pourquoi il se talque après chaque bain ?

Pour glisser sous la saisie comme le saumon qu’il est ?

Pour masquer qu’il est pas rose mais jaune fumé, c’est pour ça que les lavandières l’appellent le Colonel moutarde !

Moi je croyais que c’était depuis que Marguerite lui avait conseillé les cataplasmes a la moutarde.

Dans ce cas on l’appellerait le rouge-gorge, là je te dis qu’il est jaune moutarde, de pied en cap !

Jaune comme la nuit toutes tes souris sont grises !

Comme pareil ou même ! De la queue aux moustaches !

Tu l’a vu ?

Les lavandières l’ont vu : jaune de bout en bout comme les lavandières sont bleues du bout des doigts l’hiver !

Peyo

Ce ne serait ton apprenti-boucher qui lui jetterait des mottes de terre ?

Le touriste ? Mon apprenti ? Il me garde les vaches ! Et je le paye bien en plus de le nourrir et de le loger !

Tu aurais pu attendre avant d’installer quelqu’un dans la maison de Tatie !

Le colonel voulait un lieu où les allemands et les français pourraient se retrouver et si j’avais refusé, le maire aurait eu des ennuis.

Des ennuis de quel genre ?

Des ennuis pour trouver quelqu’un d’autre !

Et Gaxuxa ne t’a pas été imposée ?

Gaxuxa cherchait une maison pour l’été, elle a eu un bar.

Mais le temps ? Le temps du deuil ne concerne pas les maisons ?

Si on abandonnait cette manie qu’ avait Tatie de mettre des tapettes partout dans la maison ?

C’est dommage je viens de les changer : les secs, les luisants… Il y avait même un vert !

Et posé les vieux cubes sur la table ?

C’est pour jeter sur la grande fourmilière du chemin de la louve !

Tu n’as donc pas de poches ? Elle les a mangées !

J’ai peur d’avoir mal entendu, tu peux me redire ça a peine un peu plus fort ?

Non ! Tu peux sourire moins fort s’il te plaît !

Je grimace parce que moi, je suis allergique aux laitages, il reste un beau cube rond rongé, tu le veux ?

Bébé, tu souriais comme ça quand Tatie te donnait le biberon, c’est bien la preuve que le lait tu l’aimes.

Que les bébés l’aiment !

Maintenant je ne sais pas qui t’a mis quoi dans la pigne…

Son message serait simple : si Dieu a fait le lait, ce n’est que pour les bébés.

Il n’a pas dit « Croisez et multipliez : les bactéries, les fromages. » ?

Mais pas les femmes mariées. Le boucher recevait déjà par la fenêtre depuis bien longtemps, la différence c’est que cette fois-ci, la rongeuse inconnue qui tient a le rester était rentrée poser ses fesses cinq minutes.

Il me semblait bien que la chaise était encore chaude !

La Tatie serait contente : pour une fois Le boucher avait traité son hôte comme une princesse !

Elle n’a pas utilisé le trône j’espère !

Elle ne tenait pas le champagne. Le boucher l’ignorait et l’avait beaucoup forcée a se resservir, soi-disant pour la faire parler.

Elle a vomi dans nos toilettes ?

Mais sois poli ! Ce qu’a fait notre hôte ne te regarde pas !

Si : par le trou de la serrure de ta chambre.

Fanfan, ce n’est pas ta mère !

Elle n’a pas avoué. Tu ne sais pas y faire avec les femmes.

Tu sais du coup on peut presque dire que c’est une idée a elle de te laisser un peu de champagne.

La petite cuillère qui pendouille dans le goulot, ça ne remplace pas un bouchon ! Parole de chimiste !

Ça te plairait de servir au château pour le réveillon de Noël ? Le marquis, je l’ai dans la poche !

Ne jamais faire boire une princesse avant un prix de beauté : ça fait gonfler la panse qu’elle a l’air d’un crapaud !

Elle ne s’inscrit pas a votre concours de beauté !

De beauté intérieure !

Même quand c’était des vaches ça faisait des histoires  !

Toute souris s’inscrit : ne pas s’inscrire, ça voudrait dire aux autres qu’elles ont raison de la trouver moche.  

Faites-leur faire des tartes aux pommes, au moins Pinpon pourra y goutter !

Ah je vois : tes vaches deviennent maigres pour que tes souris restent grosses.

Et ma main, tu la vois ?

Celle qui tenait la poêle, ou la libre, la légère ? Laquelle pourrait bien l’emplâtrer maintenant que la Tatie n’était plus là pour le retenir.

Lorsque le grand-père, soit disant viking ( là aussi la Tatie n’était plus là pour retenir ses récits. ) n’avait plus de force dans le bras droit, il tranchait avec son bouclier dans la main gauche. Et le père lui même lorsqu’il n’était pas plus grand que Fanfan mais tout de même plus large avait remporté le premier prix du plus rapide coupeur de tronc de Merlan-Cloche.Il adorait couper des arbres.

Mais de son temps, le père étant boucher, le fils le devenait.

Au cas où le boucher lui couperait la tête comme Geppetto aurait du le faire avec Pinocchio, le fils qui pourtant n’avait pas plus d’ incontestables preuves que vous et moi sur la transhumance des âmes lança immédiatement :

J’espère que Tatie voit ça de là-haut !

Elle n’aimait pas le poisson non plus Tatie, mais elle t’aimait le hareng ! Comme moi !

Ça tombe bien parce que si j’avais pu, c’est elle que j’aurais choisi comme maman.

Moi aussi, mais là, c’était déjà ma grande sœur.

Tu crois que je lui ai assez dit que je l’aimais ?

Elle n’avait pas besoin de mots, elle était muette.

Depuis qu’elle avait vu Grand-père jeter Grand-mère a la mer ?

Là j’ y étais mais bébé. Tout ce que je sais c’est que si il avait abandonné sa famille pour partir piller, comme ses collègues, Grand-mère serait enterrée en Vikinie .

Ses cendres ! Avec la peste, tout le monde brûle !

Grand-père m’ a dit que si on avait eu un tonneau, il l’aurait mise dans du sel mais on n’avait que des paniers, il était boucher mais tout de même !

La poissonnière n’ en a pas voulu de mon panier, elle a dit qu’on le brûle si on veut, vu que ce n’était pas le sien !

La poissonnière, elle faisait déjà la gueule bien avant que tu ne devienne marron !

Madeleine aussi te fait la gueule a la boulangerie mais elle au moins, elle sent bon le patchouli !

Tu deviens méchant ? C’est nouveau ça !

J’explique ! Même que son patchouli ne gâche même pas l’odeur du pain !

Qu’est ce que tu as aujourd’hui, que d’habitude tu me reposes, tes ragnagnas ?

Mais il faut être débile pour se badigeonner avec un demi-citron que si tu la touches tu restes collé !

Il faut être con pour se mettre marron alors qu’on n’ est pas le fils de la poissonnière !

Ça rajoute de l’eau aux anisettes des moulins a paroles.

Toi et le curé, vous avez peut-être rajouté votre pétrole dans vos chaudrons, mais un fer a cheval ça ne sera jamais en caoutchouc.

En plastique ! Le caoutchouc est une plante.

Bon tu me gonfles ! Tu ne finiras pas noir comme un pneu ! Parce que tu ne seras pas forgeron ! Même plastique !

Chimique !

Tais toi ! On fait rire ! C’est qui qui commande ? C’est qui qui a semé la graine ?

Excuse-moi de parler sexe mais les poissonnes ça ramasse la graine un peu a la volée !

L’hypothèse, pas le vœu, qu’un autre s’y soit collé, par accident, a l’arrière de la poissonnerie, était non seulement d’une extrême méchanceté mais aussi d’une extrême bêtise. Parce que Fanfan qui ne parlait peut-être pas a son père parlait forcément d’une mère.

Si la liste des conquêtes du boucher, longue comme le bras, ne persuadait que la table de la belote, la liste des femmes s’arrêtait souvent a un : son mari.

Ou dans certains cas son fiancé, mais alors là, les choses se compliquaient.

En cet âge d’or, pas besoin de citron, la belle jetait le merlan de la veille aux chats.

Sans ses yeux rouges-citronné comme le diable, les hommes aussi en étaient fous.

Pomponnée au talc, « que si tu la touches tu glisses comme une caresse ! »

La bête lui avait déclaré son amour éternel a l’arrière de la boucherie ! A peine touchée, du bout des doigts, pour ne pas la dépomponner. Un jour qu’elle était au plus bas.

Ils n’étaient même pas fiancés. 

Paf

Stop !

Mon cerf-volant ! Tu l’as esclaffé ! Assassin !

Oh… Merde , je te jure que je voulais juste taper du poing sur la table !

Déjà qu’il y en a de moins en moins !

On dit ça et l’année d’après ils sont tellement nombreux qu’ils se montent les uns sur les autres.

Pour se monter, ceux là montent tout en haut des arbres !

Il a du descendre par une amarre, si il était tombé on l’aurait entendu.

Ça vole !

D’où ce nom qui ment !

Hola ! Doucement ! Ment d’où ?

Des mandibules ! Ce ne sont pas ses bois de cerf, ce sont ses défenses d’y voir.

Tu as la comparaison dans l’œil dis donc !

Ne t’essuie pas les yeux avec tes poignets, on dirait le chat chochote.

Pourquoi tu n’aimes pas les chats ?

Les chats noirs seulement : une fois dépecés, je les aime tous !

Ne me fais pas pleurer et sourire en même temps !

Les chiens préfèrent les bouchers, moi je n’en ai jamais goutté.

Ni moi d’œufs de dragons a la poêle !

Linda Coleman

Ce n’est quand même pas moi qui ai mélangé les durs qui naviguent et les mous qui grésillent !

Durs ou mous, ils ont de toute façons tous fini en charbon.

Tu as encore mal a ton doigt ? Je t’ai laissé l’éphéméride.

Même vengé oui !

Lui n’a plus mal nulle part !

Fallait pas te coller au père le colécoptère !

Il aurait pu tomber pire ! Dans une poêle.

La tienne danse sans trop savoir ou se poser.

Il est gonflé a quoi ton ballon ?

Oh ! Disons… a l’hydrogélium.

Comme je ne voudrais pas qu’ un fil ne se transforme en mèche et un ballon en torche, je voudrais te demander : ça explose ?

Vu comme la poêle en a peur, je dirais oui !

Fanfan mettait du fil partout, pire qu’une araignée ! Là, son ballon n’en avait pas besoin : il s’amarrait a l’air ambiant en se remplissant ou se désemplissant.

Il aurait pu devenir aussi gros que sa chambre et finir au placard replié dans une boîte a chaussure une fois sec.

N’était-ce pas le « Laurie Gamie » ?

Une référence au sous-marin dont le colonel parlait toujours comme si il l’avait dans la poche et que personne ne voyait jamais.

Dommage que que celui de Fanfan ne s’allonge que lorsqu’un cerf-volant s’y pose dessus.

Mais la critique est aisée…

Elle ne sortira pas d’ici ! Abracadabraguette : que ma poêle soit une raquette !Et ton œuvre d’art une planète !

Papa ! Tranche ! Là tu penches !

Je vais nous servir d’abord, on ne sait jamais, si il était attaché a ta patte ! Tend ton assiette !

Impossible ! Elle est collée a la table ! Toi ! Approche !

Ne fais pas le couillon ! Le lard pour moi, les œufs pour toi.

Non : le sel le matin, ça me brûle l’estomac.

Moi je croyais qu’une sirène ça buvait même l’eau salée.

Tu te crois malin ?

Le gros modèle va être transparent lui aussi ? Ça ce serait malin !

Le « késako » ? Oui : possible. Même le squelette ! Tout sauf l’appareil photo.

Et le photographe ?

Je t’explique : pas de nacelle donc pas de passager, le cahier des charges du colonel est précis.

Tu le mets le photographe a l’intérieur et tu dis au prussien qu’il n’avait qu’a mieux faire le cahier des charges.

Papa ! Tu es un génie !

Bravo a toi pour le pétrole blanc : on va enfin revoir tes taches de rousseur. Preuve que je suis ton père.

Preuve d’allergie ! Notre dernière cuvée de tongs tachait les pieds alors nous avons été obligé de vite trouver la formule qui les rend transparentes.

Monsieur Tong arrive ?

Si il nous avait demandé qu’elles clignotent dans la nuit le curé aurait trouvé la formule qui les rend clignotantes dans la nuit !

Cette nuit ? Par tous les gros mots du monde a la file, ça c’est une information : Monsieur Tong arrive !

Je n’ai pas dit ça !

Tu avais dit qu’un lynx est trop peureux pour attaquer une bête domestique, il nous a attaqué la plus grosse 

Pas peureux : prudent ! Et là je te dis que Monsieur tong est trop prudent pour débarquer dans un pays en guerre !

 

J’ai parié sur une panthère : je suis peut-être riche.

Si on avait une demi-empreinte, un demi-poil, une demi-crotte, on connaîtrait la grosseur de la bête !

Mais alors bande de couillons, c’est parce que ça tombe du ciel, c’est un vautour ou un aigle.

Si vous voulez mon avis : c’est un singe, un singe ouvre plus facilement sa cage qu’une panthère.

Ce n’est certes pas aussi bête qu’un homme pour ne pas avoir vu qu’il y avait un taureau dans le champ mais si c’est un rêveur ? Il a du vouloir ramasser une pomme, plus rouge que sur le pommier.

Ou alors ramasser le rêve qu’il marchait comme un homme et le taureau l’a fait remonter dans l’arbre. Inventer le couteau de silex.

Qui je veux bien piquent mais ne mordent pas. Je n’y reviens pas voir : ça m’évanouie.

Je sais : c’est une femme ! Quand leurs ongles n’y suffisent pas elles rajoutent les dents ! Une furie c’est divin mais féminin.

Tu as raison : jen reviens du champ au taureau : quelqu’un avait ramassé des champignons qui font rire a en tomber les dents.

Il faut divinement avoir envie de rire a en tomber les dents pour ramasser un champignon qui fait rire a en tomber les dents sur une bouse !

Et si c’était un ruminant qui y avait fait tomber sa langue par inadvertance, ce serait une première.

Mais pas une sorcière qui se serait fait cueillir en voulant cueillir la pomme pourrie de l’arbre des enfers.

Papa tu es un génie doublé d’un poète !

Tiens ! Double-moi ça !

Oh non ! Tu ne m’as pas fait tirer sur ton petit doigt !

« Pouet fait la loufe… » ?

Okdac ! Facile ! Ok ! Ok ! Attend ! «… Et tout le monde pouffe » !

Quand tu auras fini tu iras redonner les coquilles aux poules et faire lécher la poêle au cochon !

Je n’ai pas commencé : je prendrais mon petit-déjeuner chez le curé !

De la salade ? Tu t’étires comme une limace au lieu de t’épaissir…

Et au fait, il est où mon jus de citron chaud ?

Chez la citronnière ! De mon temps le citron, si on avait la chance d’en trouver un, on le gardait dans du sucre pour le mettre dans notre sabot a Noël ! Et si on avait un clou de girofle…

Ce ne serait pas les talons aiguilles de la citronnière retournés sur le bord de l’évier ?

Oh non ! Les flûtes a champagne !

Je vais les suspendre a la corde a linge, comme des notes de musique.

Non : dans la glycine de la tonnelle, comme des cloches de pâques, cachées mais pas trop !

Visible de sous la tonnelle, invisible du chemin ? 

De toute façon elle les aurait gardé a la main : on ne traverse pas la forêt avec ça aux pieds.

Tu l’as portée dans tes bras !

C’est quoi cette manie de tout laver sans demander ?

Oh que j’aime ces instants ! Râté ! Ce n’est pas moi !

Au temps pour moi, elle a du se lever pour faire la vaisselle, brave femme !

Et moi j’aurai du me lever pour vider ma vessie, on se serait présenté après s’être mutuellement tués de peur ! Belle rencontre !

Alors je te préviens je lui ai donné la moitié de ma cape.

Elle a marché sur la cape que je t’avais faite ?

Déchirée ni dans sa longueur ni dans sa largeur, mais dans son épaisseur, j’ai décousue la doublure en éponge !

Et au château ? J’ aurais pu la croiser au château ?

Oui, elle était aux cuisines avec moi, puis on a fini seuls a la vaisselle.

Pourquoi je ne suis pas descendu aux cuisines te présenter Marie-Jeanne ?

Parce que l’on se croise assez ici pour ne pas avoir besoin d’aller se croiser ailleurs !

Papa ! Tu sais bien que ce n’est pas parce que j’ai honte de toi que je ne t’aime pas.

Tu as ta paie ?

Cachée sur moi. Pourquoi ?

Bien, donne-moi un billet ! Comme ça je te le casserai !

Et ta paie a toi ?

Déjà placée !

Tu ne vas pas parier que c’est une sorcière sur son balai avec mon argent ?

Je m’y suis présenté tout seul a Marie-Jeanne lorsqu’elle est descendue chercher les petits fours !

Ah ! c’est toi le lourd qui voulait la renverser !

Le loup, ce ne serait pas elle ? Et ce ne serait pas le pointu qui l’a renversée ?

C’est vrai que si elle avait eu le temps, je l’aurais emmené voir le pointu.

Et tu n’aurais pas laissé cette idiote tirer la queue du pointu ?

Le champagne a un peu chauffé ton sang de viking.

Tu l’as enterrée pour les crabes ou jetée aux poissons ?

Et bouilli ta matière grise par la même occasion.

Tu l’as renversée, tu t’es servi de son casque comme d’un balai pour effacer vos traces… 

Et toi tu ne te servirais pas de la cape rouge que j’ai mis deux jours a te fabriquer comme tablier pour faire la vaisselle ?

Tant que tu seras sous mon toit, c’est toi qui fera la vaisselle ! J’ essuie juste ses maudits sabots pointus !

Avec une cape en caoutchouc ?

Au fait : le champagne est passé sous cape, alors pour parler le latin  : motus !

Dommage : moi je comptais aller boire une chaussure de champagne chez toutes les souillons de ton royaume !

Parce qu’impossible de lui faire transporter un bout de glace sous sa jupe a la belle qui dort comme une bûche !

Elle avait peur que ça lui endorme les fesses ?

Déjà qu’ une côte de maille ça ne tient pas bien chaud !

La côte de maille que j’ai mis une semaine a tricoter, c’était pour toi ou pour elle ?

Si la poissonnière en avait…

Ce serait le poissonnier ! Ne change pas de sujet ! La côte de maille que j’ai mis une semaine a tricoter, c’était pour toi ou pour elle ?

Si la poissonnière en avait… elle ne sentirait pas le poisson.

Moi aussi ça pendra comme ça quand j’aurai ton âge ?

On ne peut rien te cacher !

On ne racle pas son couteau sur la poêle…

Tu aurais vu sa tête la première fois qu’elle a vu les glacières dans les oubliettes du château !

Je ne vais pas l’écrire dessus tout de même !

Si tu n’avais pas les cils tous collés par le sable, tu verrais que la côte de maille, je l’ai suspendue sur la poignée de ma chambre !

Ça ne filtre pas le regard alors tu te doutes bien que la chevrotine non plus !

Elle n’a pas voulu la garder pour…

Les gendarmes ont fabriqué une cabane avec les bottes de paille et se sont mis a l’affût !

… Dormir !

Pruntch, le second gendarme, le sous-chef, père de Pinpon et Madeleine entre parenthèses, avait parié sur un loup. Et si il n’étaient pas en train de dormir, boire, jouer aux cartes ou recevoir tous les curieux du village, il aurait vu le petit chaperon rouge traverser le champ au taureau.

Deutch , le premier, le chef, heureusement le père de personne soit dit aussi entre parenthèses, avait parié sur des chiens errants.

Puis avait expliqué a Fanfan quelque chose comme : «  jamais deux sans trois si jamais un sans deux ! ». Résultat : Fanfan demandait maintenant a son père si c’était possible, le boucher vexé que le gendarme ait fait son malin, comme un problème de mathématique sur un tableau noir, mis Fanfan dans la confidence :

Alors ? C’est possible ?

Ce qui est possible, et que moi je sais, c’est que… Viens t’asseoir !

Ce qu’il savait c’est que non seulement pour qu’un loup passe une seconde fois, il faut qu’il soit d’abord passé une première fois mais aussi que les gendarmes avaient reçu l’ordre d’arrêter Ramouncho.

Un fantôme ? Tu m’étonnes petit bonhomme ! Moi aussi ça m’embêterait d’en croiser un !

Les fascistes espagnols n’auraient pas fusillé le bon ! Voilà ce que le prussien leur a sorti de son casque a grenouille : une histoire de ressuscité.

Une histoire de héros !

Ressuscité ! Un communiste !

Le chef de la résistance qui vient libérer son village natal, c’est quelque chose.

Ben si tu le vois, tu y passes juste mon bonjour, puis tu lui dis au revoir !

J’aimerai bien être pris en photo avec lui !

Le prussien, je l’ai dans la poche, tu peux faire toutes les conneries que tu veux avec ton Robin des bois en feu…

Tu parles : on ne peut même pas dormir ensemble ! Même tête bêche !

Mais là, Ramouncho c’est du lourd, c’est du tigre. On ne joue pas avec !

Ramouncho t’ aurait demandé avant d’essayer de te manger ton taureau vivant ?

Il n’est pas con : il aurait choisi une vache ! Et fait ça proprement !

Sauf si c’est lui qui n’a pas demandé non plus pour les champignons !

J’y aurais fait une omelette, je ne laisse personne crever de faim ! Sauf toi qui n’aime rien.

Je peux prendre des fraises ?

Fais donc !

Elle les a touchées ?

Non ! Elle me regardait, de là où je l’avais plantée, du haut de ses échasses, elle avait peur de se fouler la cheville !

Et toi tu n’as pas peur des araignées noires ? En pleine nuit bleuenoire, sous les feuilles vertnoires et sur de la terre maronnoire !

Non !

Tu l’aimes ?

Non !

croc

C’est comment d’aimer ?

Il y a ceux a qui ça fait du bien et ceux a qui ça fait du mal !

croc j’évite !

Les papilles jaunes des fraises encore vertes piquent un peu les miennes mais j’aime.

Ne vas pas me faire une allergie comme avec la viande ! Souviens-toi c’est arrivé d’un coup !

Je te dirai ! Ça donne quoi ?

Des rougeurs comme un cataplasme a la moutarde ou des petits boutons comme les punaises de lit, je ne sais plus !

Elles sont toutes dures tes fraises ! Vise quand tu cueilles,!

Je n’ allais pas les tâter : j’ai le pouce lourd. Il y a même leurs fleurs !

N’arrache pas, pince la queue avec l’ongle, j’aime bien quand elles gardent leur couronne !

Ou peut-être on gonfle, pas les autres mais soi-même !

J’ alternerais bien une croque-molle-poire avec une croque-dure-fraise. Il n’y a plus de poires ?

Sur le poirier !

Tu n’aurais pas retrouvée l’échelle dans les fraisiers ?

J’ai retrouvé ton sécateur ! Prend-le pour ne pas revenir en me disant que les poires ne veulent pas venir en leur tirant dessus !

C’est peut-être Ramouncho qui nous a volé l’échelle pour se faire des échasses, pour ne pas laisser son odeur au sol pour les chiens.

C’est peut-être lui aussi qui a eu besoin de tes sécateurs, un pour chaque barreau !

Tu me dis tout les jours qu’il faut compter les poires sur le poirier mais je croyais que tu plaisantais.

Autrefois, les chiens seraient tombés dans les trous qu’auraient fait ses échasses.

Ça peut faire des trous un sécateur en tombant de haut ! Des peut-être en forme de morsure !

Et le pointu serait resté a le bader sous le pommier ? Plusieurs fois de suite ? Il adore les pommes mais tout de même !

On ne va quand même pas attendre l’automne que les feuilles soient tombées pour y voir plus clair ?

Ou l’hiver, pour que se soit les sécateurs qui tombent et fassent un trou tout rouillé dans la neige !

Ramouncho avait besoin d’un panier entier de sécateurs parce qu’il n’a plus de gibier pour nourrir son armée qui ne doit plus être bien grosse, ni en nombre ni en poids.

Tu charges un peu la mule !

C’est la guerre : il préfère te voler que te compromettre.

Et dans compromettre il y a con et il y a mettre ! En lettres de feu !

Tu ne peux pas faire entrer toute une armée dans une maison !

Gaxuxa nous dirait !

Son fils n’était pas censé surveiller les bêtes cette nuit ?

Pas le pointu, un taureau ça se surveille tout seul.

Elle est voyante ou elle n’est pas voyante ?

Moi je suis voyant ! Et si un jour je te vois rentrer dans ce bar tu prends une rouste.

Tu veux dire de nuit peut-être ? Qu’est ce que j’irais y faire dans ton bar ? Même le clandestin est moins pourri !   

Je lui loue la maison, elle y fait bar donc c’est son bar, pas mon bar. Je ne veux pas d’histoires.

Gaxuxa nous aiguillerait en tant que brodeuse ! Brodeuse d’histoires !

Les histoires vraies, elles se brodent toute seules ! Gaxuxa brode des fausses !

Tant mieux, moi je trouve que ce n’est pas plus mal que les morts ne fassent pas bouger les tables.

La méthode est simple : tu en dis le moins possible et c’est l’autre qui te dicte tout ce qu’il veut entendre.

On croirait entendre celui qui lui a appris !

Avec tout ce que j’entends dans la file d’attente, j’en devinerais des choses moi aussi et sans l’aide d’esprits frappeurs !

Attention : vendre du faux pour du vrai, c’est un peu voler !

Tu fais la même tête que lorsque tu as goûte ta première bouillie de viande !

Parce que je suis en train de réaliser que mon père va finir en prison !

Toi tu as bien introduit de la purée de châtaigne dans nos conserves de pâté d’oie ! Quelle honte !

Pour la bonne cause mais prouve-le !

Des preuves ? Bien sûr ! Cinquante cartons ! Une seule boîte goûtée et recrachée. 

Et là personne ne recrache ?

Non parce que comme le dit le poète : « Où Gaxuxa invente la vérité s’invite,

Qui t’a lu mon carnet ?

Je me suis servi moi-même ! Il ne fallait pas le laisser traîner sur la table !

Tu n’aurais jamais pu défaire la ficelle avec tes gros pouces d’ogre !

Monsieur le curé m’apprend a lire !

Le « a » de « Au début il n’y avait rien » ! Je te préviens : soi je la voie soi tu ne me vois plus jamais !

La bible ! Ce n’est pas ce que j’aurai choisi mais…

Le « a » d’analphabête comme tes pieds !

Oh ça va ! « la biche verra le loup, la rose la gelée… », personne n’y comprend rien. Si j’ouvrais cette porte tu t’évanouirais !

Papa je vais te poser une question qui va choquer mais je la pose ! Est-ce que c’est Gaxuxa ?

Non : sinon Gaxuxa serait une prostituée !

Bonne réponse. Et toi un vieux porc !

Qu’est ce que tu fais comme danse de Saint-glinglin avec tes doigts ? 

J’y jette un sort a travers la porte !

Ne joue pas a ça ! A ça j’y crois !

Je te laisse avec le cadavre, j’enverrai quelqu’un chercher mes affaires ! A qui je ne demanderai même pas qui est mort !

Le vent des fous s’est levé ? D’ habitude tu attends quelques jours avant de devenir impossible !

Les gendarmes je ne sais pas si tu les as dans la poche mais tu vas les avoir dans ta chambre !

Où tu vas ?

Je ne te dis pas a Dieu parce qu’aujourd’hui Dieu le père je n’y crois plus vraiment !

Bientôt il faudra ses papiers même pour entrer au paradis !

Je prend la bouteille de champagne pour assommer Moustapha si je le vois !

On va aller voir le maire après la messe pour qu’il te refasse de beaux nouveaux papiers !

Avec l’âge que je veux ?

Moins ! Pas plus !

Le sexe que je veux ?

C’est sérieux Fanfan. D’accord le maire je l’ai dans la poche mais les allemands tu les arnaques ils te fusillent !

En parlant d’arnaque : le marquis m’a payé avec une pierre précieuse !

Quoi ? Mais Fanfan tu as un petit vélo dans la tête ! Et a qui je vais la vendre ? L’antiquaire est parti !

Je ne peux pas mettre « cœur noir »  a vendre chez l’épicière, elle va le mettre dans le rayon farce et attrapes .

Il est noir ? C’est encore du charbon ?

Il a une tache noire a l’intérieur que la lumière du soleil fait battre rouge !

Mais c’est un défaut !

Non ! Pas quand c’est une pierre philosophale !

C’est quoi ça ? Un porte-bonheur ? Un presse-papier ? c’est gros comment ?

Comme un diamant ! Le marquis est honnête !

Et si il t’avait refilé un cristal décroché de son lustre ? Avant de disparaître, comme la marquise !

Bon, je vais ouvrir le coffre a pourboires et voir ce que je peux faire !

Tu es en minijupe ?

C’est grec, ils m’ont habillé en grec, les grecs portaient des minijupes dans l’antiquité ! Voilà mon brave !

C’est tout ? Tu avais dit qu’un serveur pouvait doubler sa paye rien qu’en pourboires.

Oui ben justement : j’ai beaucoup bu !

Tu ne m’as pas fait honte j’espère ? Un serveur qui se sert lui-même c’est mal vu !

Si je t’en donne cinq ?

Cinq ? Merci, je vais pouvoir acheter tout ses vieux sacs de pommes de terre a l’épicière.

Tu lui diras qu’on a la preuve que c’est elle ma mère comme ça elle nous fera un prix !

Elle était belle au temps où elle aurait pu être ta mère… Mais radine.

Bon ! d’accord ! Prend tout !

Et l’huile ? C’est rare ! Les allemands la réquisitionnent !

Tu envoies le fils de Gaxuxa voler les os dans les poubelles de la caserne pour les faire fondre.

Et la main d’œuvre ?

C’est moi qui vais les éplucher et les mettre dans des cornets tes frites.

Fanfan ne m’oblige pas a aller chercher le diamant sous ta minijupe !

Ne me crie pas  dans les oreilles.

Toc toc toc

On a frappé ?

Un écureuil alors ! Et encore, avec sa queue touffue ! Frotté !

Qu’est ce qu’on disait ? Je me souviens juste que c’était important.

On disait que tu auras le diamant quand tu auras enlevé les pièges a loups, on disait et que moi j’aimerai pas voir la tête d’un loup qui se ronge la patte.

Mais ne te ronge pas la tête : je leur ai mis des panneaux !

Un lit ça ne se loup pas !

Si ! Chez gaxuxa !

Un loup ça ne lit pas !

Ce n’est pas universel un crane et deux tibias en croix?

Non : il peut comprendre de travers, par exemple : « Ici : os a ronger gratuits ! » ou « déposez ici les restes des pastourelles. »

Bon, je te le dis qu’à toi, il n’y en a pas, j’avais peur que le loup ce soit toi ! Tu changes !

Pourquoi je me compliquerais a monter dans le ciel pour me voir ? Je me trouve moche en photo !

J’ai vu la version téléguidée sur ton carnet !

Il va falloir que j’ai une poche kangourou moi aussi ?

Tu vas voir qu’au besoin le prussien va te le réquisitionner ton ballon ! Et ce n’est pas le moment de collaborer !

Michel, le photographe a officiellement le mal de l’air mais officieusement il a peur qu’on ne le classe dans le mauvais camp.

Gagne du temps ! Dis a notre prussien qu’ il manque un second ballon pour y mettre le conducteur parce que le disons hélium dans le premier est nocif !

Le curé s’est porté volontaire : ça le changera ses oiseaux en l’air plutôt que ses oiseaux en haut !

Et les américains ? Ils peuvent le voir ton ballon ? De sur l’horizon ?

Celui qui est sur la table est a l’échelle un je ne sais pas combientième !

Parce qu’ils arrivent avec leurs battes de base-ball !

Il y a longtemps qu’ils sont arrivés, en Normandie, a force de l’arroser, tu as fini par l’oublier.

Notre prussien il se croit planqué mais moi en grand stratège, j’ ai parié sur une seconde lame.

Ne pointe pas ton sabre vers moi !

Je pourrais te raser la barbe sans descendre de cheval si tu en avais, mais ça reste un couteau !

Quand ça fait un mètre, ce n’est plus un couteau !

Le vent tourne, moi je le sens, j’ai un groin de cochon ! J’ avais prévu que la cavalerie ne chargerait jamais en quatorze !

Oui on sait ! Il sent quoi ton groin comme confiture ?

Moi j’étais le meilleur ! Ils m’ont gardé au frais, on ne sait jamais, une planche par dessus les tranchées et galope l’antilope ! 

Moi je sens le sang ! La chair a canon !

Snif snif snif ! En effet tu sens le sang ! Mais l’odeur de brûlé, ça ça vient de dehors !

Je me suis piqué a un clou en passant la barrière du taureau !

Moi je Je te parle de sang qui bouillonne !

Je n’ai pas encore de fièvre !

Je te parle de chair qui grésille en crachant du sang !

Je grésille ?

Je te parle de grillade !

De mouton ? Encore ?

Le mouton, c’est pour les anglais qui le ferait bouillir dans de la menthe ! Moi je te parle de gros animaux comme les américains les aiment !

Entre deux pains chauds ?

On va mettre ton ballon sur la plage !

Pourquoi ? Le lynx ne va pas a la plage, au contraire, il remonte se percher dans les rochers !

Parce que dessus tu m’ auras écrit : « Enbourgueuls a un dollars » !

Les habitants Hambourg ? Ils ont tous grillé !

Hamburger ?

Fais leur manger des allemands !

Si Ramouncho est de retour, ça va se passer comme une fête ! Tu pourras rajouter « gratuit pour les résistants ». En plus petit.

Et puis il faudrait un orchestre ! Pour que les allemands dansent les mains en l’air.

Qu’est ce que ça aime un américain ? Le jazz ?

Comme nos zazous ? Oh que non !

Il va falloir que je trouve un joueur de banjo pour lui mettre un chapeau de cow-boy sur la tête ?

Je pourrai me prendre en photo avec le chef de la résistance ?

Pas avec des allemands morts a ses pieds, ils ont été relativement corrects avec nous.

Un américain c’est comme un allemand, ça veut de la java !

Tu t’y connais en américain ?

Marie-Jeanne est américaine.

A moi elle m’a dit qu’elle était une sirène, je lui ai répété ce que tu dis souvent : « Celles d’Ulysse avaient des ailes  ! ».

Moi je lui ai proposé de la raccompagner au moins jusqu’à la plage. L’ Amérique ça fait loin.

Je m’en doutais : tu as du sable jusque dans les oreilles!

Je lui ai dit que je n’ avais jamais embrassé personne !

A moi elle m’a dit qu’elle n’aimait pas faire l’amour sur le sable.

Papa ! Elle est mariée et ne parle pas un mot de français  !

Tu lui as dit que tu voulais faire curé ? Ça doit marcher ça avec les filles.

Non, mais qu’un jour j’aimerai bien me marier, avoir des enfants !

Si tu es curé : discrètement alors !

Alors elle a accepté de juste m’apprendre a embrasser.

Bravo, je reconnais bien là le fils de son père.

Moi je suis sûr que le curé avant d’être curé il en a raccompagné plein. 

C’est des fadaises ! Un bémol le corbeau !

Tu as bien dit Fadaises ?

Oui je parle français pas patois ! Pas toi ?

Tu veux dire galéjades ?

Je veux dire peut-être des galoches !

Des fariboles ?

Je veux dire pas pour les cabrioles !

C’est des fadaises ! C’est du verland ! Papa ! Tu parles verland !

N’empêche que c’est n’importe quoi !

Comment ça « Quoiportenainc’est » ?

L’histoire comme quoi les deux jumeaux se faisaient passer l’un pour l’autre avec les filles ?

Ah ! qu’ils s’inversaient !

Le curé, il a essayé d’en embrasser une, la Marguerite, puis ça ne lui a pas plu, maintenant il organise des lotos avec ses mémés, tu ne veux pas finir comme ça ?

Moi je trouve que curé c’est mieux que ferrant-maréchal  ! Même chimiste !

On aura toujours besoin de ferrer nos chevaux et une voiture foutue ça ne se mange pas !

Papa , tu ne peux pas tuer nos vaches sur un coup de dés ! On n’ aurait plus jamais de lait ni de veaux !

Comme les américains ont fait un long voyage, ils vont bivouaquer quelques jours ! Avant de poursuivre les allemands qui se seront enfui !

Tu bois trop papa ! Ils ont leurs boîtes de corned-beef !

Je pourrais tuer le taureau, il devient fou ! Un coup de poinçon, je sais faire, il ne souffrira pas !

Si tu poinçonne le pointu je te tue ! Vieux fou !

Ça parle comme ça a son père un futur cardinal ?

Missionnaire !

C’est quoi ça missionnaire ! C’est un genre de Richelieu ?

C’est apporter le christianisme aux nouvelles Indes comme Christophe Colomb !

Chez les réducteurs de tête ? Ce sont des serpents qui vont te tomber sur l’épaule !

Ce n’est pas conseillé de harponner un épaulard de trois mètres ! Il a de bonnes dents !

Ce n’est plus un dauphin ?

Un très lointain ancêtre ! Une sorte de viking qui vient du froid !

C’est sûr que dit comme ça on n’a pas envie de le manger ! Ce n’est pas un poisson ? Peinturluré comme un panda ! Tout ce que je sais c’est que lui il a le droit de manger des poissons et pas moi.

C’est un mammifère ! Comme nous ! Parce qu’il a des mamelles et qu’il allaite ses enfants !

Qui marchait a quatre pattes comme les cochons, puis a rejoint la mer ? Quelle connerie !

C’était bien la peine que Darwin étudie les iguanes marins qui se font dorer la pilule sur les rochers des Galápagos !

Oui ben on s’en fout ! Qu’est ce que ça nous rapporte ?

Si c’est une sirène ? Personne ne l’a vu ! Qu’un aileron troué !

Les sirènes ont des ailerons troués ?

Qu’est ce qu’on en sait ? Avec le darwinisme !

Ce n’est pas nous qui étions des poissons et qui avons rejoint la terre ? Je ne me souviens plus.

C’est le darwinisme qui fait que nos taureaux de Camargue ne sont pas comme ceux des plaines andalouses.

Il aurait pu s’approcher de ton triton avec ton engin Darwin si il avait eu faim ?

Je sais que tu as envoyé le fils de Gaxuxa avec la Santa Maria mais malheureusement votre cochon de mer la voit venir !

En parlant de Darwinisme, Et si on enchaînait avec ce que tu as sur le dos ? Ce n’est pas collé j’espère ?

Les ailes ? Elles sont posées sur la chaise, pas sur mon dos !

Ça sort d’où ?

De loin !

D’en bout de chaîne ? D’un petit singe ?

j’espère qu’elle ou ses descendants ne t’entendent pas !

Ne t’amuse pas a courir avec ça sur le dos ou c’est moi que tu vas entendre !

Le bal costumé c’est fini et avec la gym canaque qu’il y a eu cette nuit, le carnaval du village doit être annulé.

Tu n’as pas besoin d’ailes pour t’ envoler ! Donne- les a Moustapha pour voler au dessus des poubelles !

Il fouille dedans !

toctoctoc

C’est lui ! Je reconnais la douceur de ses coups !

Ton génie tape au porte comme on frotte une lampe !

Va lui ouvrir, je suis assis !

Mais moi aussi ! Je cherche mon short de scout encore chaud dans mon sac de scout pas encore glaçé !

Pas dans une heure ! Met ta robe longue d’apprenti sorcier de l’église ! Elle pend sur la porte !

cloc

Et zut ça recommence : la porte est fermée a clé et il n’y a pas de clé sur la serrure !

Moi j’ai fermé la porte pour être tranquille et j’ai laissé la clé dessus au cas tu en aurais une !

Mais pourquoi j’en aurai eu une ? Tu ne fermes jamais !

Quand tu es rentré pendant que je cassais des œufs, elle était ouverte ou fermée ?

Clic

Papa j’ai peur ! Quelqu’un vient soit de nous délivrer, soit de nous enfermer a double tour au lieu d’ a simple tour .

Dépêche-toi ! Regarde par la serrure, c’est un timide : il va partir !

Je ne vois que de la fumée !

De la fumée de quoi ?

De la fumée de naseaux ! C’ est le pointu il a du se faire mordre par une chauve-souris enragée !

Tu ne serais pas allé la fumer la Marie-Jeanne ? Avec Pinpon dans la montagne ? A parler de vampires !

Si l’on me cherche je suis entre la porte et le mur ! Sous mon aube !

Crouic

Sors ta tête ! C’est pour toi !

Dans deux secondes le jour se lève !

Bon ben alors referme ! La nuit est noire ce matin !

Papa ! Je n’ai jamais vu ça ! On n’y voit rien !

Si ! Trois noisettes ! Grâce a Moustapha, tu ne mourras pas de faim. Il a du les ramasser pour toi !

Mais qu’est ce qu’il fout là celui-là ?

Rien puisqu’il n’y est pas ! Attention en cassant les noisettes, on n’a pas de dentiste !

Mais deux bouchers !

Et qui c’est qui va tenir le mouton pendant que je lui tranche la gorge ? Toi ?

Pourquoi tu ne tranche pas la gorge a Moustapha ?

A mon meilleur ami ? Le seul qui me comprenne !

Tu comprend quoi toi quand il m’appelle son petit écureuil ?

Les étrangers sont toujours étranges.

Qu’il veut me sortir de ma cage, m’emmener sur son tapis volant !

Je lui ai dit que tu étais un peu poète !

Je pars !

Trier le courrier du matin ? 

M’enfin Papa ! Crie-le sur les toits !

Ah oui : pardon, j’oubliais que Moustapha est un espion anglais !

Un saboteur

Plus fort, je n’entends pas !

Un saboteur … Égyptien.

Tu me fais penser que si je le prend pour servir des embouregueules, les américains vont se demander si ils n’ont pas confondu la gauche et la droite après les colonnes d’hercule !

J’ai une idée : et si on renvoyait ses chaussures a cendrillon par la poste ?

Si il ne faut pas les emballer et mettre le nom du destinataire dessus !

Ils ont un bureau des objets trouvés : elle viendra les chercher en disant que c’est pour quelqu’un d’autre !

Jamais de la vie ! J’ai une idée !

Bonté divine ! Je me rassoie ?

Pour l’expéditeur, tu m’écris « le corbeau » et pour le destinataire « ma colombe », la factrice saura que faire !

La factrice ?

Ramasse tes bras s’il te plaît !

Je prend aussi les ailes !

Pour quoi faire ?

L’oiseau de nuit pour l’oiseau de mauvaise augure !

Je le saurais si tu les mets, ça parle peut-être moins a la boucherie qu’au confessionnal mais au moins on s’ entend !

Tu as peut-être entendu dire que les scouts partent en camp !

Tu ne vas pas chercher des noises pour trois noisettes ?

Je ne sais pas quand je rentre et si je rentre !

Non ! Tu ne pars avec cette bande de cons !

Tu pourras lui faire un lapin aux amandes : je vous laisse mes noisettes, c’est comme kif ou kif !

Le bal du village n’est pas encore annulé, tu inviteras une fille a danser ! 

C’est Pinpon que je vais inviter a danser !

Tant que tu es en colère : je te signale que j’ai enlevé la pompe a vélo de ton sac de scout.

Mais j’en ai besoin pour gonfler mes patins a roues de vélo !

Ça peut servir de matraque, l’année dernière tu en as matraqué trois !

Des matraques, j’en trouverai sur place ! Pourquoi tu as besoin de ma pompe a vélo ?

Moustapha et moi voulons vérifier si une gourde est étanche, il n’y a pas que toi qui bricole !

Mais faites donc ça avec de l’eau ! Puisque c’est une gourde !

Non, toi tu gonfleras tes pneus de vélo a la bouche !

Je peux te faire une gourde comme tout le monde. Il me faut juste trouver de l’aluminium !

Moustapha veut me montrer comment on les fait en Magrebie !

Leur gourde qui ne tient pas l’eau ? Avec une courge sèche ?

Avec l’estomac d’un mouton !

Fanfan ?

Ça va ?

J’ai un trou dans le ventre !

Je croyais que tu étais tombé dans un trou !

Ça n’existe pas ?

Un trou dans le ventre, bien sûr que si, ça s’appelle un nombril !

Mes sels !

Mange que tu ne sais pas qui te mangera !

Je ne peux pas : j’ai une boule dans la gorge !

Avale là ! Je vais traire Marguerite !

Non ! Pas Marguerite ! Il faut que je te parle d’abord !

D’abord on va te bomber le nombril ! Un verre de lait chaud et mousseux ?

Tu crois que tu vas réussir a m’asseoir et me pincer le nez sans que le moustaquouiaire m’entende de la bergerie ?

Un verre d’eau alors ! Servi avec amour !

Glouglouglouglougloumefaitgloupasrireglouglougloup

Ne bois pas si vite !

Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !

Ça m’énerve quand tu fais « ah » comme ça ! Tu voulais me parler de quoi ?

Après le camp, je raccompagnerais bien le curé qui raccompagne le cardinal jusqu’à Marseille .

C’est ça, c’est le moment d’aller en Italie !

Mais tous les chemins ne mènent pas a Rome : j’ai dit Marseille !

Ne m’oblige pas a venir te chercher ! Tu te venges ?

Tu rigoles ? Son père peut me faire rentrer dans l’armée du Vatican !

Ce n’est pas son père, les cardinaux n’ont pas d’enfants, c’est son confesseur, c’est le curé du curé !Mais tout le monde le croit ! Même que si je fais curé, les gens diront : « ceux-là ils sont curé de pères en fils ! ».  

Tu es roux comme un écureuil et je suis le seul roux aux alentours ! Ça suffit même aux plus cons !

C’est quand même mieux qu ’aller écailler les poissons aux allemands.

Bébert je l’ai fait rentrer brancardier et des brancardiers ils en avaient déjà, il n’a jamais touché un brancard.

Il s’est quand même attaché un brassard avec une croix gammée autour du bras.

C’est sûr que si tu leur fait tes tours avec une lance comme avec ton bâton de majorette tu vas les impressionner l’armée suisse..

Tu vas leur faire des tours avec ton bâton aux suisses ?

Sur des patins a glace !  Tu sais au Vatican, on n’a pas besoin de force, ça ne castagne jamais.

Mais enfin, le Vatican a toute l’Italie en botte fasciste autour comme une huître autour d’une perle !

Escalade leur Olympe et le bon Dieu te foudroie !

Et les Vaticansois ?

Les Vaticanais !

Entre eux ? Ils ne se foudroient jamais entre eux ? Les Vaticanais ?

Pas plus que chez nous les Merlans et les Cloches.

Nous on est plus vers Merlan ou plus vers Cloche ?

Pile au milieu : entre pins et sapins.

On n’aurait pas pu s’appeler Sainte-Marie-de-la-mer ? Comme ça les gens sauraient où nous trouver.

Au Vatican, ils ont même eu une femme, Jeanne, pour pape, et ils ne s’en sont jamais aperçu, c’est pour te dire a quel point ce ne sont pas des foudres !

Ils l’ont reçu dans les yeux : tu leur feras ton numéro avec la pomme et le bandeau !

Mais non : c’est le Guillaume Tell qui est aveugle et c’est celui qui a la pomme sur la tête qui voit !

Alors tu piqueras le cul des cardinaux pas sages qui n’auront pas mis leur patin a parquet ciré. Tu as ma permission ! Mais envoie-moi le curé! Je vais leur faire une lettre !

Je ne vais pas rester éternellement ton petit diable roux !

Pour les observateurs, il y avait aussi Tatie qui était rousse !

Papa ! Sa mémoire !

Je ne dis pas que le curé est ton père, je dis qu’on dirait que même lui finit par y croire pour t’emmener en Italie !

Papa ! Ne me fais pas mal, je t’aime.

Si quelqu’un était venu me dire que ma sœur a pêché avec un curé, j’aurais bien rigolé !

Je préférais encore la poissonnière !

Mais que jamais personne ne vienne me dire qu’elle ne m’en aurait pas parlé si elle avait eu un accident de confessionnal ! Parce que j’y fend le crane !

Tu ne l’as pas dans la poche le kangourou. ! Et maintenant que Tatie est morte, si le curé se mettait a dire qu’il est mon père ?

Mais ne nous paranonoyons pas, mais va prouver le contraire,

Les doigts dans le nez !

Tu avais les doigts dans le nez quand je t’ai trouvé sur le parvis de l’église !

Tu m’étonnes ! M’abandonner dans un panier a poisson ! Non mais quelle honte ! Pourquoi pas enveloppé dans le journal de la veille !

Et de la morve jusque sous le menton !

Et où il était le curé pendant je me faisait dévorer par les chats ?

Qui m’ont crevé un œil ! Je n’avais pas encore vu que tu étais roux !

Ça je n’oublierai jamais ! Même si j’ai oublié.

Ça t’a fait rire !

Comment  ça ? Tu m’as dit que j’étais raide mort.

Non : que tu étais glacé comme la mort !

Me faire mourir de froid ! Comme un crabe ! Ma propre mère !

C’était un quinze août.

Et de faim ! Je suis sûr que c’est moi qui ai voulu te gober l’œil ! Attend que je la chope !

Fanfan qui trouvait ses dents de lait étrangement pointues se trouvait également bien né, dans le sens « né au bon moment »  car le soir de fête au village ! C’est comme ça que la cigogne avait pu se mêler a la foule . Nous parlons de livraison, pas de conception. La veille ou le lendemain, les volets auraient grincé sur son passage ! Dieu n’avait pas pu ouvrir les portes de l’église tout seul ! Le presbytère était allumé mais vide, le curé a la fête.

Si il n’avait pas été dans sa putain de grotte ! Il l’aurait cueilli en bas des marches !

Pouif

Celle-là, si je ne te l’ai pas donnée forte, c’est juste pour ne pas réveiller la belle !

Qu’est ce que tu fais ? Ce n’est pas poli d’écouter aux portes.

Comme mettre ses doigts dans le nez… Corrige moi si je me trompe !

Pif

je ne me souviens jamais si dans une riposte il faut mettre un cran plus fort !

Imbécile !

Tu veux mon oreille ?

J’écoute battre son cœur !

Demande moi ! Je l’entend ronfler d’ici !

C’est quoi la règle d’or ?

Encore des règles ! «  Trouver ma mère ! »

« On ne parle pas de la grotte ! A ni homme ni diou. »

« Pas même aux animaux, aux plantes ou aux cailloux » car on ne sait jamais !

Tiens : « Pas même a soi-même ! ». Tu veux attirer le malheur dans la maison ?

Je parlais de la grotte de Lourdes, tu ne me laisses pas finir.

Seigneur pardonnez lui, il ne sait pas ce qu’il dit ! C’est Pinpon qui t’a fait manger les champignons ?

Je vais passer la serpillière sur le carrelage et ranger toutes les tapettes de la maison avant d’y aller !

Waf…waf…waf

Tu vois ! Ça commence ! Va ouvrir au chien !

Vas-y toi ! C’est toujours moi !

Viens mon chien ! Viens ! Entre !

Waf…waf…waf

Arrête de l’appeler pour rien, je n’aime pas quand il couine !

Il n’est pas aussi intelligent qu’un cerf volant mais a force de gratter il va bien finir par baisser la poignée !

Bon j’y vais !

Demande lui ce qu’il a !

Crouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiic

Viens Beowulf ! Qu’est ce qu’ il y a ? Dis-moi !

Et moi ? Qu’est ce que je disais ?

Quelque chose du genre « la règle d’or ce n’est pas fait pour les veaux ! »

Oui, quelque chose du genre « tu ne parleras point  ! »

C’est pour que l’homme reste singe ?

C’est pour rester court, comme une loi sur une table d’argile.

« Tu n’écriras pas non plus » ?

Rappelle-toi la vieille frise lissée par les siècles au dessus du maréchal ferrant, derrière le fer a cheval !

« Tu n’ appartiendras qu’a toi-même. »

Si tu rentres dans les ordres, tu leur appartient tandis que maréchal-ferrant…

Forgeron ! La guerre quatorze dix huit a fait beaucoup de mal aux chevaux ! Qui ne reviennent pas parce qu’arrive l’automobile !

En fer pas en plastique ! Ce jour-là tu viendras me réveiller dans ma tombe ! Un forgeron, même un peu plastique c’est libre !

Chimiste !

L’idée que Fanfan, faute de le forger, croise le fer dans l’armée suisse plaisait bien au boucher mais qu’ils trouvent un second gringalet comme Fanfan, l’aurait bien étonné. Car il faut être deux, et symétriques pour garder leurs portes dorées,

Sans être un spécialiste il se doutait bien que l’armée suisse, comme toutes les autres, ausculte, mesure, pèse la mécanique !

Ce que Fanfan détestait depuis que l’année dernière les scouts , dans un souci de bizutage traditionnel avaient voulu le déshabiller ! Le boucher tenta de rester neutre :

Si ils ne trouvent pas assez petit suisse, ne t’amuse pas a faire des études pour être curé, c’est interminable !

On a vu le moment où notre kangourou poché était parti en Australie. Puis il est revenu comme un boomerang !

Revenu de Grèce, pour nous faire des spartiates mais attention, sans ficelle s’il vous plaît ! Comme si c’était possible.

Pourquoi pas : je lui ai bien inventé pour Noël prochain une fermeture sans éclair qui se colle sans colle et fait « scratch » quand on l’ouvre !

Fait madame la fée que mon fils Léonard de Vinci…

Une scie tu n’en aurait pas fait grand-chose, devint bûcheron plutôt !

Que mon fils Léonard de Vinci… redevienne un apprenti forgeron sans histoire. Imbécile heureux !

Je devais la faire ! Tu ne me l’a pas un peu tendue ?

Agitée même !

Avant de prendre le train le forgeron m’a dit « Maintenant, forge ton âme ! »

Et il t’a remis dans les pattes de l’église, je croyais qu’il avait plus de jugeote que son frère !

Je crois que sans m’en apercevoir, j’ai choisi l’homme plus que le métier.

Je crois que je t’ai influencé : abattre du bois, battre du fer, ça fait le muscle !

Si seulement le forgeron avait dit : « En attendant, forge ton âme ! ».

En attendant qui ? Lui ?

Je ne sais pas le train est parti !

Moi je ne sais encore pas si les français recevront a bras ouverts ceux qui sont allé travailler de leur plein grès chez les schleus.

Il reviendra Papa ?

il reviendra : je le sens !

Avec ton nez ?

Avec mes yeux : comme quand je sens si le bébé va être veau ou vache !

Et tes oreilles ? Comme quand tu dis que c’est le bébé qui t’a donné son nom ?

Comme je sens l’aube sur la porte ! Sans la toucher, je présens !

Je l’ai trempé dans du chlore, pour être plus beau et plus propre pour accueillir la bonne nouvelle !

La bonne nouvelle ?

Plus blanche et plus fine pour la nouvelle bonne du curée ! Qui arrive aujourd’hui par le train !

Je ne te parle pas de ton aube d’enfant de chœur sans chiure de mouches, je te parle de l’aube de Dieu ! Rose et diffuse !

Beowulf ! Beowulf vient de gober le cerf volant !

Attrape- le ! Ouvre lui la bouche !

Il mâche encore ! Avec la langue !

Plus grand la bouche ! Comment veux- tu que je rentre ?

Toc toc toc

Ah ben ça c’est pas mal ! On frappe aux volets !

Entrouverts en plus ! C’est malin ! Bonjour les moustiques !

Moi qui avait mis des rosiers pour pas que les chats viennent me piquer dans l’évier !

Déjà on sait que ce n’est pas un chat !

Moi c’est seulement les noirs que je ne peux pas voir !

Tais toi que si c’est un noir !

CrouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiCrouiiiiiic

Entre ! Acyte !

Et comment je fais ?

Pivert ? C’est toi ? Mais d’où tu sors ? Tu es tout noir !

Bonjour Joseph, je m’excuse de venir frapper a une heure si matinale mais comme j’ai vu de la fumée sortir de votre cheminée, nous nous sommes dit, Églantine et moi

Fais vite Pivert ! Ici on fait des phrases courtes ! Alors picasse court ! Et bas : on t’entend a des kilomètres !

Fanfan est là ?

Nostradamus ? Où tu es ? … Non ? Puni ! Dans sa chambre ! Mais… Mais…

Oui : même les gros mots manquent !

Mais… C’est l’apocalypse !

Et pas un brin de vent !

Heureusement !

Ils auraient pu attendre l’orage les allemands avant de nous arroser le ciel !

Mais non : il y a toujours du vent avant un orage ! Tais-toi ! Tu n’y as jamais rien compris !

On dirait Pinpon !

C’est pour lui ton feu de cheminée ?

Ça y est ! J’ai l’odeur !

Tu as passé la nuit dans une grotte ou quoi ?

Dans une femme ! Pas dans un trou de tronc le pivert !

Si ce n’est pas toi qui, couvert de suie, me faisait passer le sceau dans la chaîne , il y a quelqu’un au village qui jure autant que toi !

Toi, je ne te prendrai jamais comme témoin !

On ne me l’avait jamais faite !

Si : moi, la fois dernière, je n’ai pas changé une « , » C’était qui ?

Tu cherches un Judas ?

Un témoin ! Après je déduis.

Églantine m’attend sur le chemin. Elle ne vient pas te saluer, elle a peur des bêtes.

Je te ferais bien entrer mais Fanfan vient de passer la persillère.

On a manqué de sceaux !

Et comment on sait quand est ce que dieu enverra son sceau ? On ne voit pas la différence entre nuage et fumée !

Le ciel, ça tu sais lire !

Le feu je l’avais dans ma chambre mon gars ! Et la lance …

Je ne sais pas si leurs canons en avaient après un vol de flamand roses comme la dernière fois mais cette fois-ci rien n’est tombé.

Ils vont encore nous peler des bouts de montagnes avec leur plomb brûlants. Il ne doit pas leur coûter cher !

C’est eux ? Ton taureau ?

Qu’est qu’il a mon taureau ?

Il n’est pas un peu piqué au rouge !

Le pique c’est noir ! T’occupes ! Pique vers ! C’est un clou ! De barrière !

Ah ! Il passe dessous

Ni par dessus ni par dessous, il se gratte les puces !

C’était une sacré puce pour qu’il se gratte jusqu’au sang !

Même si c’étaient les boches, j’aurais fermé ma gueule : on est tous logé a la même enseigne !

A la rigueur une tête en plâtre au dessus de la boucherie, même en art brutal, dacodac, mais le taureau sous la glycine devant la maison ! Tu es sûr ?

On a déjà un chien, qu’est-ce que ferait un taureau sous la glycine ?

Ça c’est a toi de me le dire. Ou Fanfan puisque j’ai l’air de te l’apprendre.

Oui oui, disons que l’on préfère l’avoir sous les yeux !

Ton taureau quand il suit des yeux, il fait un peu marcher de l’autre côté du chemin.

Normal ! Mais là il est attaché non ?

Par l’opération du saint-esprit !

Diou me damne ! Fanfan ! Viens ici  ! Je me doutais bien que si tôt le matin, vous ne passiez pas pour me lire la bible.

Alors bien sûr, quand ton taureau frappe du sabot, Églantine sursaute.

Oh le vilain tableau !

Elle pourrait quitter le chemin et rouler dans la forêt pentue.

Un taureau, ça mange de l’herbe, comme les vaches !

Heureusement parce qu’ a force de taper sur du feu toute la nuit, sa « muleta » est devenue mouchoir.

A ce mot, prononcé avec accent, le boucher fronça un sourcil

Et son estoque une épingle a chapeau !

Et son beau chapeau en osier ? On dirait qu’il s’est réduit a peau de chagrin, en commençant par les bords.

Le brave homme tendit son chapeau toutroué au boucher comme on tend un sceau d’eau a une maison en feu.

C’est pour Fanfan ! Églantine a demandé que tu ne regarde pas a l’intérieur !

Ses désirs sont des ordres ! Fais passer !

Attention c’est fragile !

Ah ! Un chat ! Mon dieu qu’il est laid !

C’est « Cœur blanc » !

Et noir en plus ! Ce n’est pas la suie !

Il a une petite tache blanche en forme de cœur sur la poitrine.

Ça ne me sert a rien : je préfère les noyer ! Mais tu ne m’en fera jamais manger un !

Tu sais que depuis que j’ai commencé a t’approcher a quatre pattes pour finir par ramper dans l’herbe fraîche, je comprend mieux les bêtes  ?

Il ne reste que ta queue de pie pour ne pas être verte !

Mon costume est foutu ! Tu peux garder le chapeau haut de forme.

Mais qu’est ce que tu veux que j’en fasse ?

L’offrir a quelqu’un ! Pour le carnaval !

Offre-le au taureau ! Tu cours tes yeux dans le dos, ta main qui traîne derrière et le taureau vient se coiffer tout seul !

Toc toc Toc

Tiens ! C’est peut-être lui !

Vas-ouvrir Fanfan ! Ben où il est passé ?

Il y a un mot sur la table : « Je suis a la plage ! »

Tu n’as pas mal a force de sautiller comme ça sur la pointe des pieds ? J’aurais du creuser ma fenêtre plus haute.

Heu…  Joseph ? Je n’en ai jamais vu de si près mais… sur la table ?

Regarde sous la table que Fanfan ne sorte pas de la barbe de mon saint-bernard  pendant que j’ai le dos tourné !

Ce ne serait pas une capote anglaise qui sèche sur ta table ?

crouiiiiiiiiiiiiiic

Bonjour ! Tiens-moi ce chapeau ! Je reviens  dans une seconde !

C’est qui?

Devine ! Et devine aussi qui était a côté d’églantine dans la chaîne des sceaux d’eau parce que moi les sentinelles et la moitié du village m’ont entendu rentrer.

Comme le dit Pinpon : le premier sur les lieux du crime est souvent le coupable.

Pinpon c’est un con : c’est toujours lui le premier sur les feux !

Mais tu ne serais pas en train de jouer a me faire passer par toutes les couleurs !

Je te poserais bien mon fusil sur le nez mais je disais a Fanfan il y a deux secondes, Pivert c’est un type super ! Et maintenant on se fâcherait ?

Joseph , laisse-moi partir, c’est peut-être notre dernier jour sur terre !

Ne me dis pas ça : je risque de te tirer dans le dos pour voir ce que ça fait de tuer un homme.

C’est comme ça que tu remercie le bon samaritain qui est venu te prévenir parce que je suis sûr que d’autres sont passés sur le chemin et ont choisi de ne pas te prévenir ! Tes frères !

Ah je sens que ça vient ! Accouche ! Parfois on croit qu’on ne sait pas et on sait sans le savoir !

Et accoucher de quoi ?

Dans la montagne ? Où tous les chats étaient gris dans un nuage de suie, il lui parlait en quoi le picador a ta souris ?

En espagnol ! Comme toi !

Moi c’est en occitan, ingrat de citadin ! Gras grâce a moi !

Si tu me laisse partir, je te lis le mot que tu as dans la main,

Ne te tracasse pas : Fanfan me le lira si il en a envie.

C’est toi que ça tracasse.

C’est mon laisser-passer pour les agapes et bacchanales mille neuf cent quarante quatre. Je veux le faire encadrer.

L’ anniversaire, les anniversaires ce n’est pas interdit.

Ce n’est pas la peine d’apprendre a écrire pour ensuite devenir illisible.

C’est l’écriture d’églantine !

Elle écrit comme un pied !

« La princesse est dans le carrosse  »  ?

Mais vas-y ne te gène pas !

Églantine ne me cache rien.

Mon fils non plus ! Ta fille ne lui plaît pas !

Tu veux que je te dise qu’ils étaient ensemble dans la montagne ?

L’écureuil et l’églantine ? Non mais tu rêves ! Ce n’est pas le même genre.

A se faire passer des sceaux, ils se font bien passer des mots !

Ne te flagelle pas ! Cocher ! C’est juste la boule de papier avec laquelle jouait le chat dans le chapeau.

C’ est un code ? Ça veut dire le chat est dans le chapeau ?

Pas « Fanfan est rentré en montgolfière » j’espère ! 

Tu n’aurais pas du me mettre ce mot sous le nez !

Je suis allergique aux chats !

Moi j’ai un peu de mal a couper le cordon mais Églantine n’a pas de Maman !

Fanfan aussi n’a pas de maman, je leur aurais coupé moi-même le cordon.

Dieu dit dans son livre que l’homme doit un peu prendre les rênes.

Ah c’est le père Noël, je n’en suis qu’au « a » comme « o début il n’y avait rien » !

On fêtait le solstice d’hiver bien avant la naissance de Jésus !

Ne me raconte pas tout !

Tu peux regarder si le chaton est une fille ?

Je vais te couper le bout du zizi et te livrer a la Gestapo ?

Je ne sais rien !

Pas encore ! Mais tu as un avis ?

Qui pèserait das ta balance !

La balance de la boucherie s’en souviendra !

Pourquoi ? Je n’ai rien dit.

Pas encore ! Moi j’ai parié que c’est un chat avec un gros collier.

Les paris c’est mal vu par Dieu !

Tu ne joues pas avec lui, tu joues avec un ami.

Des chats a collier même en ville je n’en ai jamais vu !

Un ours a collier ! Dans un cirque !

Le cirque il a bon dos ! Tu veux leur attirer des ennuis ?

La fraternité je m’en fous, j’ai déjà l’église sur le dos !

Alors tu ne pardonneras pas celui qui a fait ça a ton taureau ? Tu vas lui lacérer le dos avec un fouet ?

Non, pas œil pour œil, j’ai dressé un petit démon, je peux comprendre.

Daccord : je vais te parler comme si tu étais mon frère ! Mieux : je vais te parler comme je me parlerais a moi-même : les plaies sur ton taureau ne sont pas tombées du ciel !

Tu ne peux pas imaginer tout ce que l’on fait tomber du ciel depuis une bonne demi-heure avec Fanfan !

Tu ne peux pas savoir que de notre chambre avec Églantine on n’en a pas vu que monter au ciel du plomb rouge , on en a vu ricocher.

Sur le champ au taureau… J’espère que c’ est le curé qui lâchait ses pigeons.

Moi aussi, il marche sous l’eau il peut bien aussi danser sous le plomb !

Passe-moi une bouteille de champagne caché dans le rosier rouge. Je vais lui écrire !

Tu écris avec des bouteilles de champagne ?

Non : je baptise et largue les amarres de zeppelins ! Attention ! C’ est le marquis qui me les as offertes, ça vaut la peau des fesses !

Je suis déjà tout griffé !

Moi aussi ! De l’œil ! Fallait ramper mieux pour espionner ! Regarde les animaux : aucun ne rampe en vrille !

Avec un chat dans les mains, j’ai fait comme j’ai pu !

Dépêche- toi !

C’est que c’est lourd comme un obus !

Les préférés des allemands ! En verre bien frais et bien épais. Merci !

De rien !

Ce n’est pas fini ! Tu vas apporter un message au curé ! Regarde bien !

Le boucher dessina avec ses mains deux montagnes au dessus de sa poitrine !

Des obus ?

S’appliqua cette fois et obtint :

Des ballons ?

Et qu’ils ne finissent pas cocotes en papier ? Tu ne change pas un petit doigt !

Joseph ! Tu sais ce que tu fais ?

Pivert ! Qu’est ce que tu sais ? Tu veux encore me parler comme si tu étais moi ?

Il n’y a pas de meilleur endroit que le champ au taureau pour lancer des cocotes en papier !

Fanfan parle toute les langues, il parle même araméen avec le curé ! Comme ça ! Pour jouer ! Donc ça peut très bien être lui qui parlait espagnol dans la chaîne. 

C’était lui ? Qu’est ce qu’il faut dire ?

Tu dis ce que tu veux ! Il était au château avec moi !

Alors je dis que je suis content que ce ne soit pas Fanfan !

Pas moi parce que un argentin ça parle espagnol !

Tais-toi que tu me fait sauter le cœur !

Si c’est l’argentin, maintenant le colonel a une bonne raison pour le fusiller !

On a tous fait des conneries ! Et eu droit a une seconde chance.

Celui-là en aligne déjà pas mal ! Je suis en affaire avec sa mère.

Cest ça ta dernière connerie qui faisait hurler Fanfan ?

Je crois que c’est parce que je n’ai jamais dit a Fanfan qu’il était pupille de l’église et que sa Tatie et moi étions payé pour le garder !

Tu crois ou tu crains ?

J’ espérai qu’il savait sans avoir a lui dire. Comme quand on te dit « Je l’ai toujours su ! »

Et a force de remettre quelqu’un lui aura dit !

Il est insupportable ! Tu crois qu’il le savait ?

Mais Joseph ! Je n’en sais rien ! Pourquoi tu me demandes ça ?

Parce qu’il veut partir Pivert ! Et loin ! Trop loin !

Ça va lui passer. C’est arrivé a Églantine aussi ! Les rênes Joseph ! Les rênes !

Il m’a échappé ! Je le sens ! Pivert ! Je crois que je vais pleurer !

J’y vais Joseph ! Églantine m’attend ! Je pense au curé !

Le boucher vit pointer en haut a droite de son œil sa seconde chance !

Fanfan ! Qu’est ce que tu fous dans l’arbre ? Tu reviens déjà ? La queue entre les jambes !

Mais tu n’as pas entendu le toucan blanc ? Il dort avec Églantine !

Tu ramènes de suite le pointu dans le champ, les gendarmes en ont besoin pour piéger la bête !

On ne voit pas a deux pas !

Comment tu fais pour garder ton aube et tes ailes blanches  ?

Je me tiens loin de mes doigts et mes orteils !

Tu te prend pour Pinpon pour me ramoner la cheminée ?

Ramoner c’est combattre le feu aussi !

Il fait des contre-feux !

Non : du contre-espionnage !

Et sa sœur ? Elle masse le beurre ?

Papa ! Personne n’aime plus la poésie de nos jour, même vulgaire.

Avec le temps qu’il fait, je pourrais tuer le frère et embrasser la sœur sans être inquiété.

C’est quoi le message pour le curé ?

« L’écureuil est dans la poêle ! »

Zing bing bang bing

Raté ! Assassin ! Boucher de bête a corne ! Le diable ne va pas t’aimer !

Au moins j’aurai coupé la branche qui touchait le toit.

Et tué Moustapha ! En deux bandes ! Du tranchant !

Je visais a plat : que tu ne puisses plus t’asseoir pendant un bon moment !

Feu Moustapha saura avant nous pour Tatie et le curé ! Et quelle tête a dieu !

Il va juste marcher en canard le boiteux ! Il espionnait ? Je l’entend fuir !

Là tête coupée ! Tu vas devoir gonfler le mouton tout seul, moi je ne suis plus là !

Fanfanron Larose, si tu fugues, je t’envoie les gendarmes.

Tu leur rappelleras qu’ à minuit je suis majeur !

C’est un cerf !

Qui ça ? Dieu ?

Dans ma chambre !

Mais oui bien sur ! Dans le champ au taureau ! Coupures et morsures ! C’est un cerf ! Ça colle enfin ! Papa tu es un génie et mon dieu c’est toi !

Le cerf est innocent : il a passé la nuit saucissonné dans ma chambre !

Saucissonné ?

Tu as bien entendu : Boucher ! Corde ! Chambre !

Comme aurait dit Dumas : « A ses mots Fanfan crût s’évanouir ».

Mes sels ? J’ai oublié mes sels !

Mais comme l’aurait dit Hugo : « Son âme resta sur la branche ».

Ton pot de colle ? Je te le passerait bien mais il s’est collé a la table, et moi la table j’en ai besoin impérativement pour ce soir minuit !

Tu mens pour me faire descendre !

Je t’ai mis une fiole d’eau qui pique les piqûres dans ton sac de scout, respire-là ! Ça va te redresser !

La mixture de contrebande qui fait danser les mouches ? Je préfère m’évanouir !

Je t’envoie du champagne ? Mais tu le recevras en mousse !

Tu m’as mis ton cerf dans la tête ! Tu le sors de mon carnet ?

« Ta muse est une biche qu’aucun fil ne retient », moi c’est un cerf que je libère a quatre heures aux quatre chemins !

La déesse de la foret a du sortir ses cornes comme un poulpe-chat sort ses tentacules-griffes !

C’est bête parce que sans ses cornes mon filet de gladiateur aurait glissé sur son dos !

L’esprit de la biche a traversé les mailles de ton filet ! Tu n’as qu’un tas de viande !

Descend boire une bouteille, le cerf en a bu deux !

Il va joindre la grasse matinée et la sieste.

Et sauter son midi pour gambader léger vers son goûter.

Je vais voir si le curé est chez lui !

Il est mêlé a ça, il va bientôt arriver t’expliquera comment saboter une…

Pop Pshhhhhhhhhhhhhhhhhhh

Tu peux répéter, s’il te plaît ? Les trois derniers mots.

Le marquis organise une…

pschhhhhhhhhhhhhhhhhhhhiii

Ne retient pas le bouchon, ça ne sert a rien !

Je l’ai a peine touchée !

C’est la bouteille pour le curé ?

Plus pour longtemps ! Où elle est ta fourmilière ? Que quelqu’un en profite !

Dis-moi qu’il y a une autre bouteille dans les rosiers avant que je me rompe le cou !

Descend réveiller le curé ! Dis lui : « Contre la gueule de bois, on reboit ! » C’est le dicton du jour !

Menteur !

Pas pour la…

pschhhhhhhhhhhhhhhhhhhhiii

Pardon ?

Ploup (langue s’introduisant dans un goulot )

Ah ! Te voilà !

Chasse a coure ?

Ne mord pas le goulot ! Si il casse ?

glink (dents d’écureuil sur goulot de verre )

Je ne suis pas un bébé et ce n’est pas un biberon, c’est un magnum !

Comment tu fais ?

Pour parler ma langue immobile dans le goulot comme les ventriloques ? Facile !

Pour arriver toujours a tes fins !

Le petit cochon pendu des genoux a une branche ? Facile !

Et du coup étranglé par son père ! Moi aussi j’arrive a mes fins !

Laisse-moi remettre le bouchon tant qu’il est encore mou.

Détourner une chasse a coure ! Pourquoi t’ai-je parlé de ça ? Si il t’arrive quelque chose ?

Le petit boucher sème mais de fin, il n’y en a qu’une !

Et quand c’est dangereux c’est le curé le cascadeur, tu me l’a promis !

Ne t’en fait pas : la déesse m’a dit en rêve qu’elle guiderait mes coups !

Si je m’en fais: il n’y a pas besoin de coups pour tromper une meute de chien !

Qu’importe la fée, pourvu qu’elle se soit penchée au dessus de ton berceau !

Moi je veux bien croire aux fées mais il faut d’abord manger !

Acculée la déesse se transforme en biche pour ne pas exister !

A une déesse ça s’accule ? Grecque ou romaine ?

Mais si je te dis son nom, le monde explose.

Même avec un cou de girafe ou un plateau a lèvres, ta muse s’est Gaxuxa.

Ma déesse des forêts elle fait glisser le roi de la montagne sur une merde de blaireau et se briser le crâne rien qu’en y pensant !

Elle ne sortirais pas d’Amérique du sud ta déesse !

Ou marcher sur un serpent, elle ne les fait pas tomber du ciel !

Ou alors sorti de chez Gaxuxa ?

Et toi tu ne sortirais pas de dans les pommes ?

Je me demandais pourquoi Mustafa me donnait des baffes !

Parce que c’est toi que la casserole a assommé !

Et pourquoi il me mord ?

Et pourquoi tu l’étrangles !

Moins qu’un piège a loup !

Traite-le comme tu aimerais que l’on me traite quand tu m’auras envoyé dans son pays !

Mais il m’a soufflé dedans !

Non, ça c’était moi !

Comme ça nous sommes quittes !

Du venin de crapaud !

Tu ne vas pas partir pour les Amériques sans descendre embrasser ton père !

Shazam !

Moustafa Tu as vu Fanfan ?

Quand ?

Mais tu es con ? Maintenant bien sûr ! A moins que tu saches ou il sera dans une heure !

Et même il y a une heure !

Il est allé rejoindre pinpon dans la montagne ! Toujours collés comme deux siamois ces deux-là !

Où ils iront après ? Chez le curé !

Et il y a une heure grand fakir ?

Sur la plage avec les deux espagnols et l’amimarie marine !

Je comprend pourquoi Fanfan pue la fée champignon !

C’était pour allumer un feu. Je passais par hasard ! J’ai vu la lumière !

Le feu de camp de la résistance ? Et le couvre feu ?

Je leur ai conseillé de l’enterrer plus profond !

Les allemands aussi ont vu de la lumière dans mon champ au taureau ! Ils ont bien soufflé dessus !

Et vous je croyais que vous aviez rejoins la Tatie au ciel ! J’allais vous enterrer !

Moustafa c’est l’enfer !

Pas pour rien : j’ai reçu une caisse sur la tête !

Une caisse des américains pour la résistance ?

Je n’en sais rien ! Moi j’ai juste reçu la caisse !

Attention : moi j’ai reçu la Gestapo !

Je commencerai par la vérité : mon cousin l’a prise pour lui sans vraiment être résistant.

Ton cousin qui n’en finit pas de ne pas arriver de Marseille ?

Pour y retourner cinq minutes après avec un cadeau du ciel.il ne va pas regretter le voyage.

Excuse-moi de me mêler de ce dont je me fous mais tu es résistant ?

Une caisse me met k.o au premier coup du premier round !

Enlèves ton turban !

Voilà !

En effet, ce n’était pas une poêle !

Et j’espère pas remplie d’œufs !

Remplie de billets pour faire sauter les banques ! Où tu l’as enterré ?

Derrière une pyramide ! Moi j’aurai bien jeté quelques grenades par dessus le mur de la caserne !

Cétaient des œufs ou des poussins ? Qu’est ce que tu as dans la main ?

Ça ? Ça je ne leur jette pas !

Mon petit génie a trouvé un citron ?

J’ai pensé que ça pourrait servir.

Tu penses bien ! Sur la cervelle d’agneau !

Je pensais a la gourde de Fanfan.

La gourde elle s’est envolée !

Vous ne pouviez pas l’enfermer dedans comme un génie dans une lampe !

Si c’était un lilliputien et toi le sphinx je te dirai oui ! Tu as d’autres questions comme ça ?

Autant que d’étoiles ! Qu’est ce qu’il y a dans sa gourde ?

La drogue qui fait passer a un cerf la plus belle nuit de sa vie ! La fée qui clignote !

Même si la gourde est petite, il en a pour toute sa vie !

Depuis qu’il y a goutté, c’est un peu comme les saint-bernards, ce n’est que pour les autres, pas pour lui.

Les moines obligent a boire les saint-bernards ? Je l’ignorais.

Non ! Enfin je ne sais pas ! Il faudrait faire des recherches.

Pas sous la neige au fond d’une crevasse, mais entre les pages de leurs grimoires.

Tu es trop con le génie ! On y va ?

Je suis au courant pour Fanfan et les scouts !

Leurs parents aussi, qu’ avec moi, si leurs cons de gosses recommencent, ce n’est pas sur la nuque qu’ils vont recevoir la pompe a vélo ! 

C’est vrai que tu as vous avez volé un cerf a la forêt ? A main nu ? ou c’est juste dans le carnet ?