Rrrrron…zzzzzzzzz

Clac Clac Clac

Mon père ! Réveillez vous !

Ah c’est vous Colonel.

Vous avez l’air déçu.

Où sommes nous ?

Mais vous le voyez bien : dans mon bureau. 

Justement non ! Il fait tout noir.

Vous vous êtes évanoui : j’appelle une infirmière.

Non laissez : je vais bien ! Je me suis juste endormi en vous attendant.

Vous m’avez fait une de ces peurs : vous avez le sommeil profond !

Colonel ! Je suis venu vous apporter une bonne nouvelle !

Oui oui : restez assis ! Reprenez vos esprits !

Colonel, c’est horrible : vous êtes rouge comme une écrevisse !

Je reviens du pont aux ânes. On y cuit  !

Du haut de mon clocher, on ne voit plus la fumée mais un cercle de châtaigniers jaunis et de pins noircis.

Pour sûr, il n’est plus a l’ombre mais il s’est rapproché de la fraîcheur de la rivière.

Ne me dites pas qu’il s’est esclaffé  !

Pas comme une figue molle certes, mais vu qu’il s’est fendu comme une figue sèche, je dois vous dire que ça ne va pas tarder !

Dire qu’encore ce matin, les femmes y lavaient leur linge.

Pourquoi elles s’y mettent dessous ? Même lorsqu’il ne pleut pas ? Il amplifie leurs rires, c’est insupportable !

Il protège leur arrière.

Leur arrière ? Des attaques ?

Des regards !

Non seulement ce pont est loin d’être stratégique mais en plus on se demande quel véhicule pourrait l’emprunter ? Même pas une moto !

Un âne !

Quel mystère ! Une bombe incendiaire, artisanale, une bombe… d’apprenti chimiste.

Je ne vais pas supposer qu’elle aurait pu tomber du ciel, ça va vous énerver !

Vous ne m’aideriez pas ? Par charité chrétienne !

La délation ? Ah non : pas question !

La spéculation ! Comme la pratique la bande de la belote sous le châtaignier.

Si vous concluez a un incident et le classez sans suite, je suis partant.

Un incident qui a quand même fait une victime !

Hein ? Qui ? Parlez !

« Parlez ! ». « parlez ! ». Est ce que les gens me parlent a moi ?

Ils attendent que vous enleviez cet uniforme ! Et ça viendra un jour !

L’homme invisible.

Quoi l’homme invisible ?

Celui qui monte l’âne quand je demande a la bande de la belote « A qui est cet âne ? »

Ce n’est pas drôle mon colonel !

Content d’enfin l’entendre dire !

Colonel ! S’il vous plaît : qui ?

Ben l’ âne pardi, l’âne qui transportait la bombe !

Ah oui ! L’âne de qui ?

C’est déjà dur d’interroger un âne mais en plus quand il est en petits morceaux …

Pas forcement ! Vous avez pu récupérer sa tête ?

Non ! Comment arrivez vous a dormir dans de pareilles circonstances ?

Je mâche de la mélisse !

Et ça vous donne l’haleine citronnée !

Vous pouvez vous éloigner un petit peu s’il vous plaît !

Bien sûr ! pardon ! Je vous laisse respirer !

J’ai parlé ? Il parait que je parle quand je dors !… seul… bien sûr.

J’ai de quoi écrire un livre ! Et qui ne déplairait pas au Marquis !

…………………………………………………………………………………………………

Colonel, j’ai un gros problème avec vous : je ne sais jamais quand vous plaisantez ou pas !

Mais enfin, je vous ai cru mort : les morts ne parlent pas !

Ah ! Ah ! C’est drôle !

Mon père : Pour la centième fois : ça s’entend quand vous vous forcez !

Oui mais non : je ne me force pas, je souri très fort et je dis « ah !ah ! », j’ai le droit !

Vous souriez tout le temps. Et en plus avec cette corde autour du cou… c’est carrément morbide.

En bandoulière ! Cette corde en bandoulière.

Vous n’alliez pas vous pendre au moins ?

Vos soldats me l’ont donné avant de me faire entrer dans votre bureau sans aucune sorte d’explication .

Ces imbéciles doivent vouloir que je vous attache ! Mais vous ne comptiez pas partir n’est ce pas ?

Pas avant de vous avoir dit la bonne nouvelle !

Dans ce cas gardez là !

La corde ou la bonne nouvelle ?

La corde ! A moins que vous veniez escalader les remparts de mon donjon.

Bon : je la pose sur votre bureau ! Colonel je suis venu…

Vous n’avez pas une princesse a délivrer ? Un méchant a attacher ?

Si… enfin : non ! Je ne sais pas ! Peut être !

Et votre chien, là ? Un chien pas attaché, ça fait plein de bêtises.

Hou la ! lui ? Il est libre comme l’air : c’est un chien errant !

C’est une chance qu’il erre avec vous : j’ai donné l’ordre de les abattre.

D’abattre les susceptibles d’attaquer le bétail, mais pas les fourmis.

Non, tous : on trouve toujours une proie a sa taille, dans son cas, un poussin ferait l’affaire.

Le coq  en ferait vite de la charpie.

Je suis sûr qu’il a choisi un prêtre parce qu’il a quelque chose a se faire pardonner.

Une toute petite chose alors.

Je l’imagine bien faire le guet avec son air innocent tandis que sa meute égorge le bétail.

Moi je l’imagine bien déloger tellement bien les lapins de leurs terriers que sa meute le nomme Colonel.

…………………………………………………………………………………………………

Vous ne savez absolument rien de lui ?

Si : que dans tous les cas il n’a jamais pris de coup de sabot ou de cornes.

Moi c’est une insolation que j’ai prise, je vois des lucioles danser autour de nous.

Vous ne voulez pas ouvrir les volets ? On se croirait au cimetière.

Non, je vais me coucher : vous voudrez bien rendre la corde a ma meute de fourmis en partant ? Et leur dire que ceci n’est pas un interrogatoire.

Vous ne voulez pas savoir la bonne nouvelle ?

C’est terriblement gênant vu que moi même, j’en ai une très mauvaise pour vous !

Je vous écoutes !

KONG

Hé ! Attention ! Mon bureau en merisier !

Une !

Sur le buvard ! Posez vos bouteilles gouttelées sur le buvard !

kong

Et deux ! Voilà : une bouteille pour chacun ! Vous avez des verres avant que les gouttelettes ne dégoulinent ?

Qu’est ce que c’est ?

Vous voyez bien : une bouteille de champagne. Pour fêter ma bonne nouvelle !

De celles de la cave sous l’église ? Qu’on entend exploser pendant la messe  ?

………………………………………………………………………………………………………..

Oui ! Vous avez des verres ?

Oui. « Crouic ! »

Trois s’il vous plaît !

Pourquoi trois ? On attend quelqu’un ?

Parce que je vais vous en poser un rempli et retourné sur la tête.

Vous voulez me déguiser en fou pour le carnaval de ce soir ?

Colonel, on est pas fou parce qu’ on ne peux pas s’empêcher d’ imiter un tiroir qui grince ?

Alors pourquoi vous voulez me retourner un verre sur la tête ?

Parce que ça guérit des insolations !

Vous savez personne n’aime les grincements, la plupart des gens les supportent, voilà tout.

Félicitation, ce doit être plus difficile de huiler un tiroir qu’une fenêtre ou une porte. « Pop »  

Pourquoi vous avez dit « pop » ?

Parce que c’est le bruit qu’aurait du faire le bouchon que j’ai retenu pour ne pas abîmer votre plafond !

Vous avez vu mon plafond ?

Non… Hou la qu’est qui lui est arrivé ?

J’appelle ça mes points finals . Ils sont en plomb !

Au moins ça ne rebondit pas comme le liège !

Glouglouglouglou

Vous m’avez déjà baptisé il y a peu mais pas au champagne.

Ah c’est sûr que si vous bougez ça va dégouliner. Attention je renverse « Et hop ! »

pop

Vous allez me tuer : c’est glacé !

C’est vous qui êtes bouillant. 

Par la grappe de Dionysos, qu’est qui m’arrive ?

Colonel ! Ne jurez pas s’il vous plaît ? Surtout quand je vous baptise.

Mais ça fait tellement de bien !

Ne criez pas non plus, qu’est ce que vos hommes vont croire ?

Que vous me massez les épaules comme la dernière fois.

Je ne recommencerais plus : trouvez vous quelqu’un d’autre !

Mes fourmis regardent vos miracles par le trou de la serrure. Elles se battent pour ça !

pschhhhhhhhhhhi

Oh merde ça mousse, j’aurais du faire ça avec de l’eau.

Vous jurez mon père ?

Merde de mouche, ça va gicler. Je peux appuyer plus fort ?

Pourquoi j’ai toujours l’impression que tout Merlan Cloche cherche a me tuer ?

Heureusement que j’avais mis une bonne épaisseur de mouchoir.

Il ne risque pas d’exploser au moins ?

On va s’en sortir ! La pression redescend.

Ça tache le vin blanc ?

Moins que le rouge !

Ça pue autant ?

Vous, vous n’aimez pas le vin et n’osez pas me l’avouer !

Ne dites pas ça : c’est le le sang du Christ  tout de même !

Symboliquement  seulement ! Colonel, vous avez le droit de ne pas aimer le jus de raisin fermenté.

Snif snif, a ce propos, vous ne trouvez pas que ça sent l’ail ?

Ah oui ! Si vous voulez bien tenir le verre appuyé. Regardez ce beau saucisson !

Beau ?

Cadeau de Madame Bébert.

La couturière ? Je préfère quand vous l’appelez Marguerite : « Madame Bébert », c’est horrible !

Vous avez quelque chose pour que je le coupe en rondelles ?

J’ai un sabre !

Hou la, je n’ai jamais touché de sabre de ma vie et je n’y tiens pas tellement.

C’est drôle ce que vous dites, alors que j’ai trouvé a vos pieds un manuel sur l’art du sabre.

Il m’a glissé des mains. C’est une longue histoire et je ne suis pas venu pour ça, je suis venu pour…

Ce livre, c’est votre doudou, il vous endort.

Bravo Colonel : vous lisez en moi !

C’est facile, vu comme vous lui souriez.

De la bibliothèque hérité de mon père, c’est le seul annoté et également le seul qui ne parle pas d’ornithologie.

Intéressant !

Ah ? Vous trouvez ?

Les français ont inventé la première machine a sabrer.

Je vous le prêterai bien mais c’est du chinois.

L’ expression « C’est du chinois » ? Celle qui veut dire que c’est incompréhensible ?

Non : c’est vraiment écrit en chinois.

En japonais ! Du moins la couverture !

Vu comme vous le dévorez des yeux, on pourrait croire que vous essayez de le lire sans l’ouvrir.

Sans votre permission ? Ce serait de l’impolitesse !

Allez : je vous le prête !

Je pourrais partir soudainement en oubliant de vous le rendre !

Dans ce cas je vous poursuivrais jusqu’au bout du monde.

Et si je pars sans laisser d’adresse ?

J’en ai une centaine d’autres. Et j’ai lu celui-ci des dizaines de fois.

Je peux y jeter un œil ?

Et même y plonger le nez.

Je n’ai pas de nez.

Allons : n’exagérez pas.

Je voulais dire d’odorat. Vous, par contre, votre nez…

Colonel, laissons nos nez tranquilles. Je vous disais donc que je suis venu vous voir…

Il paraît que les enfants qui ont grandi seuls abandonnés dans la nature ont autant d’odorat qu’un chien.

On s’est moqué de vous ! Où ça ?

Snif snif. Hein ?

Je vous demandais dans quel pays peut on grandir abandonné dans la nature !

En Inde !

C’est votre cas ?

Snif snif. Non. Votre livre a une bonne odeur.

L ‘odeur de la madeleine …

La boulangère ?

… sortie du four.

Vous la mettez au four ?

Non : la Madeleine sortie de sous mon lit.

Ah c’est nouveau. Et qu’est ce qu’elle y fait ?

Rien : je tentais de placer une blague.

Je ne l’ai pas vu passer ! Excusez moi, j’ai de la cendre plein les yeux.

Elle n’est pas de moi, si Madeleine était passée dans mon lit, je pense que je l’aurai vue.

Vous êtes bien le seul !

Le seul a quoi ?

Le seul a ne pas la voir passer dans votre lit !

Évidemment ! Suis je bête !

Pas le seul chez qui elle ne passe pas dans le lit ! Ça n’aurait pas été très gentil ! Ni vrai !

Colonel ! Ce n’est pas ce que vous croyez !

Je ne vois pas de quoi vous parlez !

De quand vous nous avez surpris sur le parvis de l’église ! Avant la messe de Noël.

Oublions ça s’il vous plaît, c’est très gênant !

Je veux que vous sachiez que je respecte Madeleine.

Les femmes rendent les hommes fou. Personne n’échappe a cette loi.

Je n’aime pas Madeleine. Pas comme certains l’imaginent.

Méfiez vous, ce n’était pas mon entrée qui a vidé l’église mais votre sortie.

J’ai dû la fouiller. Expressément !

Moi j’interdis a mes hommes de la fouiller, c’est mon chauffeur qui s’en chargeait !

J’ai manqué de douceur mais elle s’en est extrêmement bien remise !

Il flairait, les explosifs ont une odeur !

Discrètement, je suppose !

Sinon ça n’aurait pas été très joli a voir !

Vous ne me demandez pas ce que je cherchais ?

Zut, j’ai oublié de faire enlever les mines sur la plage de la procession de la vierge !

Ce n’est pas grave, on passera a travers.

Quelle foi ! Elle est au courant quand même ?

Qui ça ?

Marie, enfin je veux dire cette pauvre Madeleine, enfin sauf miracle… qu’il y aura… sûrement !

Non : cette année nous la transporterons a dos d’hommes. Et ce sera celle en plâtre.

Ah oui ! Elle aussi c’est sa fête en ce moment, enfin, façon de parler.

Comme vous dites.

Et les transporteurs ?

J’ouvrirai le chemin avec mon détecteur de métaux.

Mais non, et vous savez pourquoi ?

Parce que les mines n’explosent pas ?

Parce que vous n’avez pas le droit d’ avoir un détecteur de métaux.

Ah bon, alors je n’en ai pas !

Votre bouteille là : c’est une de celles que vous fabriquez ? De celles qui explosent ?

Oui, mais si ça arrivait, je vous assure que nous y survivrions !

Parce que si ça arrivait, mon chauffeur ne viendrait pas a notre secours. Il était très fort vous savez.

Non ! Dans quel domaine ?

Ce matin encore il a plaqué deux de mes fourmis qui mettaient en joue ce pauvre Monsieur Le vieux. Mes fourmis sont a cran.

Et moi qui suis venu en courant aux portes de la caserne !

Elles vous ont secoué ?

Non, heureusement pour les bouteilles.

Fouillé ?

Mais enfin ils ne m’ont jamais fouillé ? Pourquoi me fouilleraient ils ?

Mal accueilli ? Vous êtes couvert d’hématomes !

Ça n’a rien a voir : je suis tombé dans les escaliers du clocher.

Je sais : sur votre enfant de chœur ! Ça a fait énormément de bruit. Il faut que j’en fusille un !

Un enfant de chœur ?

Non ! Un soldat ! J’avais donné des ordres !

Et vu tous les billets que j’ai vu changer de mains, les paris étaient montés hauts !

L’insaisissable  » Pincette  » !

Cueilli comme une fleur.

Ce ne serait pas plutôt le père de votre enfant de chœur qui serait venu vous pousser dans les escaliers ?

Il n’a pas de père ! Colonel je suis venu…

Oh c’est triste. Excusez moi : j’ai voulu faire de l’humour.

Je comprends : ça m’arrive tout le temps : j’apprends. Colonel je suis venu…

Avec le fossoyeur, je sais.

Non : je ne suis pas venu avec le fossoyeur.

Ça je le sais, mais vous disiez précédemment que vous appreniez l’humour.

Avec le cantonnier : c’est exact, Colonel je suis venu vous voir…

Mais le cantonnier est fossoyeur, le cantonnier et le fossoyeur sont la même personne.

Oui ! Colonel je suis venu vous voir…

Il n’a pas de jumeau ?

Pas que je sache !

Comment va votre pauvre mère ?

Mon ancienne bonne ? Très bien merci ! Colonel je suis venu…

Oh ! Pardonnez moi, on m’aura mal renseigné.

C’est a moi de m’excuser ! Elle est mourante en effet : l’habitude de mentir.

Quel étrange propos dans la bouche d’un prêtre !

Je me donne parfois le droit de mentir, mais là c’était machinal.

Machinal ? Vous êtes une machine ! Mais quel aveu ! Moi qui comptais ne vous en soutirer aucun ! Voilà pourquoi vous êtes si froid.

Je vous ai froissé ?

Oui ! Vous me fuyez ! Et vous n’êtes pas le seul : je disperserais un cimetière.

Je suis venu vous voir…

Encore ! Non : mes soldats vous ont capturé !

Oui, capturé courant vers vous, malgré l’interdiction. Je suis venu vous voir…

Vous pouvez courir avec vos chaussures en caoutchouc ?

Je ne le conseillerais pas le premier jour mais oui.

Si elles étaient silencieuses, je vous en commanderais une paire.

Je suis dessus !

Vous êtes venu en vélo ?

Mais non ! Quel vélo ?

Celui de Bébert !

Mais non : je lui ai rendu !

A cheval alors ?

Mais vous rêvez ! Quel cheval ?

La licorne !

Bon, apparemment vous n’avez pas l’air pressé d’apprendre ma bonne nouvelle.

Mon informateur me racontera tout ça plus tard.

Pardon ?

Je disais mon informateur me racontera tout ça plus tard.

Votre informateur ?

Mon informateur oui.

Vous avez un informateur ?

Ça a l’air de vous déranger.

Vous ne voulez pas avoir ma version des faits ?

Vos versions tarabiscotées qui excusent tout le monde ? Non !

Bon ! Puisque vous ne voulez pas de ma bonne nouvelle, donnez moi la mauvaise !

Il n’y aura pas d’essais de grenades aujourd’hui.

« D’essais de grenades » ? Je ne comprend pas !

Les explosions, des heures durant, dans la cour de la caserne ! A l’heure de la sieste !

Elles vont cesser ? Oh ! Les villageois vont être fous de joie !

Nous recevons des wagons entiers de grenades défectueuses que nous devons tester !

C’était donc ça, tous les jours, ces même bruits réguliers.

Réguliers ? Les bons jours seulement !

C’étaient les  » essais de grenades « .

Bon, si nous vidions cette bouteille : j’ai un gros chagrin a noyer.

Oui, et je préfère vous savoir assis pour recevoir la bonne nouvelle !

Mon père, dites moi : d’après vous, les hommes sont ils égaux ?

Oui, ce serait orgueilleux de penser le contraire.

Alors asseyez vous, j’ai horreur qu’on me domine : l’orgueil sûrement.

C’est que je repars dès que possible.

Une urgence ? Le sort s’acharne.

Je voulais m’excuser pour hier : je n’étais pas a notre rendez-vous.

Ah ! Et c’est ça qui vous emmène ?

Non, enfin pas seulement, je suis venu vous voir…

Levez vous s’il vous plaît !

……….

Merci ! Rasseyez vous maintenant !

……….

Vous n’entendez pas comme un grincement ?

Non !

Moi non plus !

Colonel ?

Oui ?

Vous me torturez ?

Excusez moi ! Ce n’est pas très chrétien mais ça me fait du bien.

Si vous rentrez dans les églises juste pour les vider je ne vous y inviterai plus.

Vous ne vous demandez pas a quel sujet je désirais vous voir ?

Mais si ! Et je vous le demande a vous : a quel sujet désiriez vous me voir ?

Je voulais vous inviter ce soir sur mon navire qui croise au large, vous et votre enfant de chœur.

Avec plaisir, même si je ne peux pas parler au nom de Fanfan.

ça vous donne une raison de plus pour vite y remettre la main dessus. Si vous me permettez l’expression.

Si vous remettez la main sur votre chauffeur nous essaierons de les réconcilier.

Le fils du boucher mangerait du poisson ?

Du genre ?

Cochon des mers !

Il fera un effort. Par politesse.

Nous lui dirons que nous l’avons trouvé mort !

Mort de maladie ? De vieillesse ? Nous ne sommes pas des charognards !

Le forcer ne ferait il pas qu’empirer les choses !

Bon sang mais vous avez raison : il vomit très facilement

Nous lui dirons que c’est une algue, une éponge, quelque chose comme ça !

N’appelons pas un chat un chat,

Oui, ce sera un challenge pour mon mon cuisinier.

Au sujet d’Anguel je suis venu vous voir.

Son nom ne prononcez pas s’il vous plaît.

je suis venu vous voir au sujet de votre troisième ligne aile.

C’est bien ça « troisième ligne aile » ?

Pour un plaqueur oui !

Oh vous me faites penser, tant que je tiens l’insaisissable… « crouic » pincette.

Oh le beau ballon de rugby : vous me l’aviez caché !

L’insaisissable pincette pourrait il me le signer ?

Ça me permettra de le tâter un peu. Faites voir ! Oh : le cuir est patiné ! Il a servi ?

Oui : nous nous faisions quelques passes avec mon troisième ligne aile.

Waouh ! Il a une chambre a air.

Votre chien a du sentir le cuir : il remue la queue.

Ah ! Un joueur !

Ne lui faite pas de passe. Le ballon lui casserait les dents.

Un ballon de rugby peut être un coussin de plume comme un bouclier de plomb.

Très belle citation ! Si vous cherchez votre stylo plume, il est derrière votre oreille.

Ah merci : j’ai perdu son capuchon et maintenant il pique.

Son manche est bien plus patiné que ne l’est mon ballon.

C’est du châtaignier mâché.

scrichscrichscrichscrichscrich…

Vous avez eu beaucoup de blessés dimanche dernier !

Ce n’est pas grave : on jouera a 13.

…………………………………………………………………………………………………………

Ne me dites pas que vous avez un encrier dans votre poche kangourou ! Servez vous du mien.

Non merci, l’encre est déjà a l’intérieur !

On a l’impression que vous gravez plus que vous n’écrivez.

PFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF

Hou la ! Le cuir était fin ! Toutes mes excuses. Je vais vous le réparer ! Vous m’aideriez ?

Ce n’est pas grave : laissez !

Il ne faut rien me confier je suis très maladroit.

On vous confie bien les petits chats blessés.

Ah mais pas du tout !

Ah ah ah ! On peut le refaire ?

Refaire quoi ?

Votre nez qui s’ allonge tellement qu’on a voit vos gencives.

Un petit chat blessé, ça meurt seul caché dans la nature.

Ça y est, je sais a quoi vous me faite penser : a une souris qui hume un chat.

Puis vos hommes visent bien.

Tueur c’est un métier ! Qu’est ce que vous cherchez dans votre poche kangourou ?

Dites plutôt qu’est ce que j’ai déjà trouvé : une rustine, de la colle, du fil, une aiguille, un…

Le petit chat est mort ?

La nature a été cruelle avec lui mais il se bat.

Vous pensez qu’il survivra comme ça, sans maison, sans maître, sans parents ?

Il y a toujours une bonne âme pour leur apporter quelques restes.

Des peaux de saucisson ? Une poignée de miettes de table ? C’est suffisant ?

La chasse leur est innée, et puis d’ici cet hiver, nous verrons bien, de l’eau aura coulé sous les ponts.

Ils pêchent ?

Heu… pas ceux que je connais.

Ils devraient, ceux que vous connaissez, vous leur mettez des clochettes au cou.

Comme ça vos hommes ne peuvent pas dire qu’ils les ont pris pour des lapins.

Je ne peux pas fusiller tous les cons qui jettent des pots de fleurs sur mes soldats ?

C’est toujours tombé a côté, voire même très loin.

C’est monsieur le maire qui a préféré interdire les chats plutôt que les pots de fleurs. Moi j’avais dit « les fleurs ».

Tant que personne n’a dit « les fenêtres ouvertes ».

Vous vous souvenez quand mon chauffeur a voulu vous attraper au lasso ?

Très bien vu que c’était hier.

Ça n’a pas l’air d’être une très bonne méthode pour faire descendre quelqu’un d’un arbre.

C’est que je ne voulais pas atterrir dans les bras de Bébert !

Bébert, c’est le chat qu’il voulait. Vous avez raté là une belle occasion de vous réconcilier avec lui.

En lui envoyant un chat lui déchiqueter le visage ?

En partageant un acte héroïque avec lui.

Je ne fais pas de passe a Bébert quand il s’est saoulé avec la bande de la belote.

Vous, vous lui auriez glissé des mains mais certainement pas un chat !

Il s’entraîne a marquer des transformations avec des chats !

Ah ah ! Je crois que je viens de démasquer le corbeau.

Disons qu’il essaie quand il est très saoul, c’est a dire quand il en est heureusement incapable. Je l’ai vu faire.

Moi je n’ai pas vu mon chauffeur vous capturer : je vous attendais dans la cuisine du presbytère. Il s’est excusé au moins ?

Heureusement : on n’attrape pas quelqu’un comme ça au lasso sans lui demander la permission.

Il m’a dit qu’ il visait le chat sur votre poitrine et qu’il a voulu faire vite.

Je n’avais pas besoin de son aide : je montais aux arbres bien avant lui !

Oh oh ! Il vous a volé la vedette !

Il a certes eu droit a quelques applaudissements mais il y a eu aussi des cris de singe.

Je sais : j’ai les noms. Vous voulez la liste ?

Pas question ! Je me dis quand même que nous avons fait rire les villageois et les soldats côte a côte, et ça c’est une bonne chose.

Votre enfant de chœur qui menace publiquement mon chauffeur, ce n’est pas vraiment une bonne chose.

Quelqu’un avait cassé les branches du bas pour que je ne puisse pas redescendre.

J’ai aussi le nom de qui a cassé les branches mais je parie que vous n’allez pas me le demander !

Si je devais vous en demander un ce serait celui de l’individu qui a attaché la patte du chat a sa branche.

Ah ! Parce que en plus c’était un coup monté !

La branche était trop fine pour le poids de Bébert et en plus il ne sait pas faire les nœuds papillons.

A son âge ? Et qui lui noue ses lacets de chaussures ?

Pendant des années sa pauvre mère et aujourd’hui son épouse. Marguerite !

Bien connaître son ennemi : c’est essentiel. Je vous trouve très bavard aujourd’hui.

Si il raconte des bêtises sur moi, je veux qu’il sache que je peux en faire autant a son sujet.

Moi j’en ai une de très grosse a raconter sur vous !

Je vous écoute.

J’hésite !

Et pourquoi donc ?

Elle est énorme : vous allez me trouver fou.

Je pense qu’entre amis, on peut tout se dire.

Lorsque j’ai accouru, lorsque mon chauffeur vous ramenait sur le plancher des vaches…

Oui, saucissonné de force sur son dos.

… je jurerai qu’a ce moment là vous avez attrapé le don des langues !

Certains m’ont entendu aboyer, d’autres feuler, moi je ne me rappelle plus très bien.

Moi je jurerais vous avoir entendu le gronder en Hindi.

Je lui ai confisqué son fil.

Enfin, pas exactement le sien ! Pas exactement confisqué non plus.

Plutôt récupéré oui. Et la moitié seulement : il manque 200 mètres.

Vous l’avez mesuré ?

Oui : ce fil est dangereux parce qu’il est incassable.

Votre fil qu’il vous avait…comment dit-on exactement quand on prend sans prévenir ?

Volé ?

Votre fil, c’était ce même fil que le chat avait a la patte ?

Moi quand j’ai accouru, Bébert canardait ce pauvre chat avec des mottes de terres sèches pour soi disant le faire tomber dans ses bras.

Bête ou méchant, telle est la question !

Qui en emmène beaucoup d’autres comme « Qui ? »

Et « Combien de qui ? ».

Sans oublier « Pourquoi ? ».

Le corbeau serait d’une grande intelligence.

Je ne sais pas : je n’ouvre pas ses lettres.

Je vous envie : moi le corbeau ne m’a jamais écrit.

Ne soyez pas jaloux : il sait faire mal.

J’aimerai bien savoir si il arriverait a m’égratigner.

Il ne blesse que les faibles !

Oh un compliment ! Je vous en devrai un !

Et un conseil, ça irait ?

Demandez toujours.

Est ce que je devrais lire les lettres que le corbeau m’adresse ?

Toute information est bonne a prendre, car même fausse, elle rapproche de la vérité.

Puis je finis toujours par apprendre ses médisances par d’autres voies. Tenez !

C’est quoi ?

Une lettre du corbeau ! Pour vous !

Oh ! Comme c’est gentil ! Merci ! Je vais l’encadrer !

Non ! Sérieusement ?

L’enveloppe. Je peux rajouter un autre conseil ?

Je vous en prie.

Battez vous avec ce Bébert une bonne fois pour toute : après il vous respectera.

Et s’il me tue ? Par accident ! Il pourrait me regretter.

……………………………………………………………………………………………………….

Il vous hait vraiment ! Que lui avez vous fait a celui là ?

Je glisse entre ses grosses pattes !

Voilà ! Une fausse information qui illustre ce que je viens de vous dire !

Oui , il arrive parfois a m’ attraper.

Et ça ne lui suffit pas : il jure, il crache, il engueule ses camarades, tout ça parce qu’il ne vous a rien cassé.

J’ai bien peur qu’il ne s’approche trop de la vérité !

Ce n’est pas vos jambes qu’il aimerait saisir… Non … C’est votre…

Mon cou ! Il comprend que… que…

Que ?

… j’aime sa femme .

Votre voix ! J’ai failli dégainer en pensant qu’il y avait quelqu’un d’autre dans la pièce !

Je ne l’avais jamais dit a personne alors je ne savais pas que ça allait sortir comme ça !

J’ai un don pour arracher les secrets ! Ça bouillait dites donc !

Pas au sens propre ! Platoniquement !

Pour ce qui est de l’amour animal elle a manifestement un sacré spécimen a la maison !

Avec la pincette de dimanche dernier, j’ai fini par me mettre a son niveau.

Il vous a piétiné pendant tout le match !

Ah : vous avez bien vu ?

Oui ! Habituellement, c’est plutôt a l’arbitre de voir ça.

Je vois votre tête dépasser de derrière le mur du stade ! Tous les dimanches !

Je suis sur les épaules d’Anguel.

Alors comment ça se fait que je vois Anguel caché sous les gradins ?

Vous faisiez des pincettes a l’ancien colonel ?

Il était dans l’équipe de Cloche, mon équipe : « Ils vous sonnent les cloches… a Cloche…les cloches… »

« Ils n’ ont qu’une seule cloche… a Cloche…les Cloches… »

Pourquoi vous me chantez le chant de Merlan ?

Excusez moi ! Par réflexe : c’est toujours ce qui est répondu par la tribune d’en face.

Je sais ! Vous avez des nouvelles de l’ancien colonel ?

Malheureusement aucune nouvelle.

Toujours le front russe donc.

L’air est frais là bas, il va nous revenir frais comme un gardon.

Des rumeurs disent qu’au contraire, ça chauffe.

Mais non : il gagnera de plus grosses médailles, voilà tout. Vous faites les médailles ?

Pardon ? je ne vous suis pas !

Vous avez encore rallumé la forge de votre frère sans permission, ça pue le pétrole dans tout le village.

Le caoutchouc, comment voulez vous fabriquer une arme en caoutchouc ?

Le caoutchouc est a la canne ce que le chocolat est a la médaille.

Le caoutchouc, c’est un peu du bois, du bois liquide.

La canne de Monsieur le Vieux est signé d’une colombe.

Vous lui avez confisquée ? Et comment il tient debout ?

Il tient, il tient. Notre poteau d’exécution n’est pas en caoutchouc.

Quoi ?

Je plaisante. Regardez plutôt ce casque sur mon bureau.

Hou la : il est fendu en deux !

Et pas par un pot de fleur.

Non : par une lame aiguisée comme un rasoir. Et d’un métal très dur.

Si vous voulez bien prendre la canne et tirer sur le pommeau.

ssssssssssling

Oh la méchante lame !

Vous entendez comme elle chante ?

C’est effrayant !

Faites la glisser dans la fente du casque.

Comme ça ?

Oui, et que constatez vous ?

Heu… que comment dire… que la lame a pénétré d’une bonne largeur de main.

Autrement dit  que le soldat qui était sous ce casque devrait être mort.

Je peux m’asseoir ? J’ai besoin de m’asseoir !

Non : ne vous asseyez pas a ma place. Vous c ‘est en face : sur la chaise du prisonnier. L’électrifiée.

Le bâton !

Vous êtes tout pâle, on dirait une de mes fourmis lorsqu’elle apprend que je l’ai nommée aux tests de grenade !

Le bâton !

Quel bâton ?

Le bâton en bambou !

Il y a un souci avec un bâton en bambou ?

………………………………………………………………………………………………….

J’étais venu prendre la place du condamné mais là je dois passer mon tour !

Vous me faites le coup a chaque fois.

POP !

glouglouglouglouglouglouglouglouglouglou

Ah, ça par contre, c’est nouveau.

glouglouglouglouglouglouglouglouglouglou

Vous avez tout bu d’un trait ? Et moi ?

Pardon ! C’est une coutume locale, je goutte avant de partager !

Tout ?

Et si le poison est au fond ?

BUUUUUURP.

Et ça c’est quoi ? Esquimau ? Parce que ça jette un froid !

Pardon, je ne m’y attendais pas, c’est la première fois que je bois du champagne.

Vous fabriquez du champagne et vous ne le gouttez pas ?

Les vaches ne boivent pas de lait !

Kikillingkingki

Et maintenant vous jetez votre cadavre de bouteille par dessus votre épaule, c’est quoi ces manières ? Je n’ai pas de bonne moi !

Pardon l’habitude : c’est grec !

Vous êtes autant allé en Grèce que moi en Allemagne !

Vous ne pouvez pas savoir ça ! vous lisez en moi ! C’est impossible !

Bien sûr c’est impossible, sinon je ne vous demanderais pas qu’est qui se tend sous votre aube.

Ah ça, c’est un croisement de trompette et de fusil !

C’est magnifique !

Signe de bonne volonté de la famille de Monsieur le vieux. Il n’ y en a plus : ils l’ont juré !

Ils disent ça a chaque fois !

Clic !

« Pouf ! »

Qu’est ce que vous dites ?

Je dis « pouf », c’est le bruit qu’aurait fait la poudre si elle avait pris feu.

Mais non, cette relique a un siècle. J’espère qu’il n’y en a plus : les ancêtres les enterraient de plus en plus profondément.

Non : c’est le temps qui rajoute des couches de terre.Vous aviez retiré les billes de plomb dans le cornet ?

Euh… vous savez a part un peu le sabre, je n’y connais rien en arme.

Avec les armes a feu il ne faut pas toucher a la gâchette. Et vérifier que le chien n’est pas levé.

Le chien ? Vous n’êtes pas une poule d’eau !

Non : pas le chien qui rapporte.  

Ah oui : la pièce mécanique qui s’est déclenchée toute seule.

Quand vous l’avez pointée vers moi. Un peu comme si elle avait flairé sa proie. Vous m’écoutez mon père ?

Clic !

Excusez moi ! Vous disiez ?

Je me demandais si ce ne serait pas le pistolet d’Anguel que vous êtes en train de manipuler dans le fin fond de votre poche kangourou.

Mais enfin qui vous a permis de regarder dans ma poche kangourou ?

Parce que si c’est le cas, il appartient a l’armée allemande et il va falloir le rendre.

zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzip

Qu’est ce que c’est ?

Ça s’appelle un zip ! Je trouve que vous avez beaucoup changé mon colonel !

C’est a force de déceptions !

Vous devriez lire ma note sur votre ballon.

Ah oui pardon ! … Quoi ? Mon Dieu ! Vous l’avez lu ?

Mais enfin Colonel : c’est moi qui vient de l’écrire !

Snif ! Merci !

Non, mon colonel, vous n’allez pas pleurer pour un ballon crevé !

Vous croyez que ça se contrôle, je ne suis pas un robot.

Il est plus léger comme ça !

Oui : quoi que c’est un peu lourd comme nouvelle ! Vous êtes sûr ?

Enfin tout de même je sais ce que j’écris ! Vous me faites une passe ?

Je suis un peu vidé là ! Comme le ballon.

Pouf

Hé ! A moi la passe ! Pas au chien !

Laissez ! Qu’importe le support pourvu qu’on ait le message.

Rapportes la balle le chien ! Rapportes ! Hé ! Reviens ! Voleur ! Colonel ! Je ne vous prendrais jamais dans mon équipe.

Excusez moi mais avec cette cendre dans les yeux !

C’est vrai que vous pleurez noir ! Je peux jeter un œil dans votre œil ?

Si vous ne me faites pas encore du mal.

Je vais devoir peut être souffler.

Si ce n’est pas une braise.

Allons Colonel, une braise dans un œil mouillé : c’est surréaliste.

Je suis très sensible de yeux. C’est pour ça qu’ils sont tout plissés.

Arrêtez de trembler et écarquillez les yeux s’il vous plaît.

C’est fait ! Je suis déjà au maximum !

FFFFFFFFFFFFFFFF

Merci mon dieu, enfin je veux dire merci mon père !

Asseyez vous Colonel : vous êtes tout pâle !

Ouille ! Il n’y avait pas écrit dans votre livre qu’un sabre ne se pose pas n’importe où ?

Mais je l’ai rangé dans sa canne !

Et dire que mes fourmis croient que c’est moi qui vous torture !

Vous devriez m’ élever une statue : qui était ce dieu grec messager avec ses petites ailes aux pieds ?

Nike.

Non ! Pas la fille.

Ce ne serait pas plutôt a vous de me donner un nom ?

Tenez mon mouchoir ! Oh merde !

Non : ce n’ est pas de la merde, c’est du sang !

Colonel ! Vous êtes vulgaire !

Vulgaire ! Et vous, vous êtes quoi ? Vous me tendez le mouchoir ensanglanté d’Anguel !

Snif snif

Ah oui ! Vous avez raison ! Une goutte ! Mais ce n’est pas son sang !

Que Neptune m’enfourche, alors j’ai léché le sang de qui ?

Pardon ? Je n’ai pas bien compris ce que vous venez de dire !

Je disais que Anguel n’a pas dormi avec ses camarades cette nuit.

Ah ! Et je suppose que c’est obligatoire.

Vous saviez que la fête a déjà commencée chez le marquis !

Ils font ça tous les ans. Anguel n’était pas au château si c’est ça qui vous préoccupe.

Vous y étiez ?

Peut-être.

Déguisé en quoi ? Je ne vous ai pas reconnu !

Vous y étiez aussi ?

Non, c’est pour vous démontrer que vous ne pouvez pas savoir si Anguel y était ou pas.

En effet, c’est le principe d’un bal masqué.

Je n’ai pas besoin de chauffeur la nuit.

Ah !

Je dors ici dans ma baignoire.

Oh ! Une baignoire dans un bureau, ce n’est pas commun.

Et deux encore moins.

Ah oui : il y en a une seconde, je ne l’avais pas vu !

Elles vous intriguent n’est-ce pas ? Vous vous demandez pourquoi deux baignoires.

Ah non : je ne me demande rien.

Réfléchissez ! Et dites moi.

Non ! Je ne suis vraiment pas de nature curieuse.

Vous m’étonnez ! J’ai l’impression que vous savez et que vous ne voulez pas dire.

Au cas ou Anguel aurait voulu dormir a côté de vous ?

Mais enfin ne faites pas l’autruche !

Ah ah ! c’est la première fois que je me fais traiter d’autruche.

Vous savez ce qu’on en fait ?

On en fait des boas ?

Mais non : ce que l’armée allemande fait des homosexuels ?

Non ! Dites moi !

Rien ! Il n’y en a pas ! Donc je prends mes bains tout seul et dans ma salle de bain !

J’ai compris : vous coiffez la seconde baignoire sur la première et ça vous fait un beau caisson d’isolation !

Mes nuits sont divines ! Sauf la dernière quand mes fourmis sont venues y toquer.

Et c’est là que vous avez appris qu’Anguel manquait a l’appel.

Ce ne serait même pas une première. Vous vous rendez compte que je devrais le fusiller pour désertion ?

Oui je sais : si vous ne fusillez pas assez, c’est vous qu’on va fusiller !

L’armée allemande n’aime pas les faibles !

Dieu non plus !

Ah le voilà lui, j’étais étonné qu’il n’ai pas été invité plus tôt !

Heureusement qu’il n’a pas changé de suite son casque contre un chapeau de cow-boy !

Enfin vous voulez dire de cow-boy de western hollywoodien.

Nous avons bien des cow-boy ici en France mais ils sont armés de piques.

Comme le diable.

Votre caisson a l’air si frais, si j’y glissais dedans, j’y dormirais des jours entiers.

Essayez le !

Je ne suis pas un poisson et je dois garder un œil sur vous, l’église n’a jamais eu autant besoin de son curé de campagne qu’en ce moment !

L’église est neutre ! Un œil seulement !

Oui ! Et spécialement sur vous !

Vous êtes ma conscience ? Le Jimini cricket de Pinocchio.

Et vous la brebis égarée !

Pour le moment c’est une fourmi que j’ai égaré et ma préférée.

Vos hommes parient qu’ Anguel va revenir a 100 contre un.

100 contre un ?

Ça veut clairement dire qu’ils vous cachent des choses. C’est mathématique.

Si vous voulez bien ouvrir la porte : j’en dégoupille une !

Faites : elles sont là pour ça !

Je parle d’une grenade, ma bouteille je la sabrerai !

Oh putain !

Dépêchez vous : je n’ai pas compté !

« crouic ». Coucoucou…. Roucoucou… Courez !

Ils comprennent votre charabia ! Vous êtes un magicien. Qu’est ce que vous faites sous mon bureau la bouche grande ouverte ?

J’attends l’explosion !

Mais c’est une grenade défectueuse !

Comment le savez vous ?

Parce que si elle avait du exploser, ce serait déjà fait.

Ah ! Donc je suis ridicule !

Allez vous asseoir.

Si vous le permettez je vais m’attacher a ma chaise.

Mais pourquoi vous vous attacheriez a la chaise ?

Parce qu’un de vos hommes va venir vous rapporter la grenade.

Mais vous venez de vous lever pour leur sauver la vie ! Vous êtes un saint !

Colonel ! C’est moi qui ai assommé Anguel !

scrichscrichscrichscrichscrich…

Cette lame chante peut être mais elle ne coupe même pas mon courrier.

Vous essayez de couper du mauvais côté. Vous avez entendu ce que je viens de vous dire ?

Du mauvais côté de l’enveloppe ?

Du mauvais côté de la lame !

Je vois bien qu’elle a un seul tranchant, seulement je veux trancher vers le bas !

Mais pas vers vous : vous allez vous tailler !

Je croyais que vous n’y connaissiez rien en maniement de sabre.

Sur le papier si ! Prenez le coupe papier… là !

Vous n’avez pas a me donner d’ordre, vous n’êtes pas mon père.

Mais vous n’écoutez pas ce qu’on vous dit !

C’est sûr que vous ne risquez pas de vous couper quand vous les décollez avec la factrice !

Mais enfin qui vous a dit ça ?

Tout le monde depuis que vous laissez la porte du presbytère ouverte !

Mais personne ne vous adresse la parole !

Si vous saviez !

Qu’est ce que votre informateur vous a dit au sujet du pont ?

Il m’a dit que c’était votre votre bras droit, et que du coup vous aviez dû vous en séparer.

Bref quand ne il sait pas il invente.

Vous me faites un drôle de robot si vos bras sont autonomes. 

Colonel, vous ne pouvez pas faire correctement deux choses en même temps, il vous faut l’accepter.

C’est soit lire en vous soit lire cette lettre.

Vous ne me demandez pas pourquoi j’ ai assommé  Anguel ?

Si c’est pour le fouiller, il vaut mieux l’assommer avant. Bon : ce sera tout aussi bien avec les doigts !

ssssssssssscratch

Vous avez entendu ce que je viens de vous dire ?

Je suis hémophile !

Non pas ce que le corbeau vous dit, ce que moi je vous dit !

Je me suis taillé avec le papier ! Et mon sang ne coagule pas, je vais mourir vidé de mon sang !

Donnez moi votre doigt s’il vous plaît !

Non !

Et pourquoi non ? Je veux vous soigner.

Au goutte a goutte, ça va prendre des jours. Vous reviendrez me donner l’absolution !

Bon, ça suffit !

Mais enfin lâchez mon doigt, je ne vous permet pas ! Arrêtez ça fait mal !

Ça fait garrot !

Cette rapidité : ce n’est pas humain ! je vous préviens : je vous interdit de le sucer.

Voilà c’est fini !

Du papier a cigarette ?

Oui, n’y touchez pas !

On se demande comment quelque chose d’aussi fin peut stopper des flots pareils.

Tenez : je vous laisse quelques feuilles.

Vous auriez du tabac s’il vous plaît ?

Mais vous ne fumez pas !

Vous non plus ! Et du du feu aussi ?

J’ai des allumettes !

Est ce que vous avez… un cendrier ?

Oui. Pourquoi ?

Je peux le voir ?

Voilà ! Colonel ! Vous avez entendu ce que je viens de vous dire au sujet du pont ?

Mais c’est une coquille de noix !

Oui : vous m’avez demandé un cendrier !

Vous avez un bateau ?

Un prototype… gonflable.

Je peux le voir ou c’est top secret ?

Colonel ça suffit, il est là sur votre bureau et les allumettes ce sont les rames.

Vous m’avez dit gonflable, on ne gonfle pas un bateau en bois !

Si, en le faisant tremper dans l’eau ! Vous avez entendu ce que je viens de vous dire ?

Oui : que c’est votre frère qui a assommé Anguel ! Et le corbeau confirme a l’instant mes soupçons.

Hein ? Et puis quoi encore ?

Et puis il a aussi fait sauter le pont aux ânes, comme ça il aura une médaille de la résistance. Enfin quand il reviendra.

Mais il est revenu !

Comment ça il est revenu ?

Ah oui : si le corbeau dit qu’il est revenu c’est qu’il il est revenu.

Mais le corbeau ne colporte que des mensonges !

Entre nous ?

Entre nous !

Statistiquement : jamais !

Donc, ce n’est pas la peine que je le fasse rechercher vu que le corbeau affirme qu’il est reparti !

Reparti ? En Allemagne ? Faites moi voir !

Mais non : c’est personnel ! Si vous voulez voir mon courrier, faites moi voir le votre.

J’essaie d’aider Colonel !

C’est a dire qu’il y a cette moustache, vous ne l’aviez pas hier.

J’espère ne plus l’avoir ce soir pendant le carnaval. Les gens vont croire que j’y participe.

Vous n’êtes pas votre frère au moins ?

Non : je suis le curé ! Et moi vivant vous ne tuerez personne. Et surtout pas mon frère.

Bon d’accord, vous m’empêchez d’avancer : je n’ai pas d’autre choix que de vous exécuter, une dernière volonté ?

Heu… comme ça au débotté, m’enlever cette moustache. C’est insupportable !

Mon père !

Oui !

Je plaisantais ! Ayant passé ma vie en mer je sais reconnaître un bras de poulpe quand j’en vois un.

Vous ne seriez pas combien de temps il va rester ventousé comme ça ?

Le temps que son corps repousse.

Ne dites pas d’horreur, c’est déjà assez stressant comme ça ! J’ai l’impression qu’il vit encore.

Il y en avait partout collés aux arbres et a la pierre du pont aux ânes : ils s’enlevaient facilement.

Sur la peau de curé, je peux vous dire que c’est une autre histoire.

Fermez les yeux : je pointe ma lampe de bureau sur vous !

Holà attention ! Qu’est ce que vous comptez faire ?

Trancher.

 

Attendez ! J’ai le poulpe dans ma poche. Ressoudons le a son bras !

Avec quoi ? De la colle a rustine ?

Du papier a cigarette ?

Pourquoi pas une prière ?

Du fil ?

Vous me prenez pour Frankenstein ou quoi ?

Ça peut marcher.

Ma méthode a beaucoup plus fait ses preuves, nous ne sommes pas dans un roman.

C’est ce qu’ils disent dans les romans.

Oui, alors taisez vous : vous allez dire des bêtises !

Aie !

Voilà ! Là c’en est une : je ne vous ai pas encore touché.

C’est pour vous prévenir que si vous me touchez, je crie.

Je ne peux même pas vous retrousser un peu le nez ? Il me gène.

Ne vous amusez pas a me le raccourcir.

Non mais je sais ce que je fais ! Vous n’aviez qu’a pas encore le fourrer où il ne fallait pas !

Vous saviez que c’était une fille ?

Rodrigue ?

Crouic

Oh non : pas lui !

Oh non : pas ma chaise ! Vous êtes arrivé a faire grincer ma chaise.

Pas ce diable ! Dites moi que j’ai mal entendu !

Vous avez mal entendu : je n’ai jamais dit Rodrigue, je ne connais pas de Rodrigue.

Crouic

Si : j’avais bien entendu ! Et vous venez de le redire.

Je l’ai lu, là, gravé dans le plissement de souci sur votre front. Il vous obsède. Qui est ce Rodrigue ?

Je parlais de l’auteur de Frankenstein : je vous demandais si vous saviez que l’auteur de Frankenstein était une fille.

…………………………………………………………………………………………………………

Non : je n’avais pas cette information. Vous m’avez fait peur !

Je vous faisais la conversation, comme chez le barbier.

Il va falloir continuer notre conversation comme chez le dentiste : par télépathie parce que cette opération se joue au millimètre.

Mais enfin mon colonel, la télépathie, ça n’existe pas !

Vous vous demandez comment vous allez faire pour sauver ce diable si c’est lui que j’exécute ! N’est ce pas ?

Ce diable ? N’exagérons pas.

C’est vous qui l’avez dit !

Ah bon, j’ai dit ça moi ?

Ah oui je vous assure ou alors pensé très fort ! Il a une épée votre Rodrigue ?

Une petite, de salon.

Pour graver des rides de soucis aussi profonde sur votre front, il faut une sacrée épée !

Pas de quoi piquer un taureau ni trancher un casque.

Ah je vois ! Et une cape ? Il n’a pas une cape votre Rodrigue ?

Rouge ! Pour faire le beau ! Pas pour s’y cacher dessous !

Rouge pour les taches de sang, c’est pas l’apprenti boucher ? L’Espagnol ?

Laissez moi parler a son père avant de faire quoi que ce soit. C’est a lui de le punir !

Vous avez son nom et son adresse ?

Un certain Don Diègue ! De chez les …Vega.

Don Diegue est le père du Cid dans la pièce de Corneille et vega une étoile, il s’est moqué de vous, son vrai nom est Jésus !

Alors là « Boum » !

Vous dites ?

les bras m’en tombent ! Jésus ? Vous êtes sûr ?

Ses parents n’allaient pas l’appeler Satan tout de même.

Qu’est ce qu’il fait chaud ! Vous n’avez pas chaud vous ?

Ce n’est pas le moment de transpirer : les ventouses adorent l’humidité.

Ça me donne une idée : et si nous l’électrocutions ?

Rodrigue ? Non : il faudrait l’empaler : quand on les exécute, ils bombent le torse, ça m’énerve.

Je parlai du poulpe  pas des trafiquants d’eau de vie !

Ah ! L’électricité le traverserait et n’atteindrait que vous.

On ne peut pas faire que l’électricité me traverse moi et n’atteigne que lui !

De toute façon il est déjà grillé, flambé a l’eau de vie locale. Le poulpe, pas Rodrigue.

Je me demande si le poulpe infusait dans l’eau de vie ou si il y avait un baril d’eau de vie et un baril de poulpes ?

Ce qui est sûr c’est que tout ça a explosé.

Ce matin, j’ai vu au bar du « Rendez vous » une bouteille d’eau de vie dans laquelle infusait un poulpe !

Méfiez vous de celles où infuse de l’herbe du diable ! N’en buvez jamais ! Même pour goûter !

J’espère que vous ne faites pas personnellement travailler le marché noir français Colonel : ça ferait rire.

Ça a commençé quand j’ ai confisqué toutes ces bouteilles a mes fourmis.

Et toutes vos fourmis qui n’ont pas retrouvé le chemin de la fourmilière en consommaient, je vous le rappelle.

Les minuscules… comment appelle t on ça déjà ? Ah oui : les mignonnettes.

Bon ça suffit ! Combien ?

Combien de quoi ?

Combien de gorgées, de verres, de tonneaux par jour ?

Moi j’aime bien les huîtres ! Vous avez déjà mangé une huître ?

Une fois : pour goûter.

Une fois combien ?

Je n’ai pas compté. Une petite douzaine peut être.

Et des escargots ? Vous avez déjà mangé des escargots ?

Une fois : pour goûter.

Une fois combien ?

Je ne sais pas moi.

Une petite douzaine ?

Peut être oui.

Des cuisses de grenouilles ?

Une paire ou deux, une fois : pour goûter.

Un écureuil ?

Non ! Monsieur Le vieux a mangé du rat dans les tranchées pendant la guerre !

Qu’il dit ! Les soldats étaient bien nourris, plus du vin et des femmes.

Vous y étiez ?

En face ? Non ! Mais j’ai déjà mangé de l’homme. Et ça, c’est vrai.

Vous me donnez envie de vomir !

Ce n’est pas poli de refuser, même chez les anthropophages !

Je vais vomir !

Et comme d’habitude je ne savais pas si le morceau choisi, c’était pour rire a mon insu ou réellement la coutume locale.

Les toilettes s’il vous plaît ?

Au fond de la cour derrière le poteau d’exécution.  Je n’ai pas eu droit a une nuit avec la fille du chef : il n’en avait pas.

Vous préférez que je vomisse dans votre baignoire ou sur le sol ?

Scratch !

Voilà, ça n’a pris qu’une seconde.

Aïe ! Mais ça fait atrocement mal !

Ne criez pas si fort : vous allez donner des cauchemars a mes fourmis !

Je n’avais pas besoin de vous pour m’arracher la peau : j’aurai pu le faire tout seul !

Nous en reparlerons !

Vous ne deviez pas couper ?

Mon père, si vous commencez a croire tout ce qu’on vous dit !

Slurp

Mhhhh : ces bras de poulpes sont délicieux !

Poussez vous !

Beeeuuuurrrrrkkkkkk

Tenez : vomissez dans la baignoire ! Petite nature.

Oh ! Dans la baignoire ! C’est ma moustache !

Maintenant je serai de qui Fanfan tient. Vous êtes sûr que vous n’êtes pas son père biologique ?

J’avais cru…Vous êtes cruel Colonel.

Ne vous plaigniez pas : si je n’étais pas en train de jouer avec vous je serais en train de mettre le village a feu et a sang !

Cloche ou Merlan ?

Les deux, la région, le sud, la France, l’Europe, le monde.

Vous pouvez lâcher mon nez s’il vous plaît ?

Ah oui pardon !

Et aussi lâcher le coupe papier ?

C’est un katana.

Si petit ?

Un héritage.

Vous lui souriez ?

Non : je grimace. Je retiens mes pleurs. Il est petit mais a une grande histoire.

La grandeur ce n’est pas important, c’est comme les nez !

Mon père s’est fait hara-kiri avec !

Si vous voulez en parler.

Vous êtes gentil mon père ! Vous pouvez relâcher votre poulpe dans la baignoire : c’est de l’eau salée !

Pourquoi salée ?

Pour faire parler les bavards !

Ce n’est pas pour torturer les gens au moins ?

Rassurez vous, pas les sirènes.

OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO

SSSllling

Poussez vous : c’est la première fois que je sabre une bouteille.

Votre main ! Vous allez vous trancher la main !

C’est une prophétie ?

Pas vers vous le tranchant vers le goulot !

Je l’ai vu faire, ça n’a pas l’air si dur !

Oh ! Là ! Derrière vous ! Une luciole !

Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzip

Qu’est ce que vous faites ? Encore une coutume locale ?

Houla oui : plutôt gorge sèche que bouteilles pas fraîches.

C’est comme ça que vous avez eu Anguel, vous lui avez dit « Attention : il y a Fanfan derrière vous ! » ?

Impossible d’assommer Anguel par derrière : il a comme des yeux derrière la tête !

Et par devant je ne vous le conseille pas non plus ! Même si vous avez des bras comme extensibles. Et pas trop rouillés. J’y suis arrivé !

Vous croyez aux sirènes ?

Non !

Vous savez que chaque fois que vous dites ça une sirène meurt.

Euh…alors oui, il y a longtemps peut être. Pourquoi pas.

Moi je ne crois pas aux robots aux bras télescopiques ! Ou dans longtemps peut être !

Ce n’était pas une fée plutôt ?

Clochette ?

Oui c’est ça ! La fée Clochette !

Non : c’était une luciole !

Il y a dans mon livre doudou tout un chapitre sur le nunchaku. Je peux vous le réciter, je le connais par cœur !

Qu’est ce qu’il faut faire pour qu’on arrête de me prendre pour un con : devenir méchant ?

Mais vous l’êtes, je le sais : je suis votre confident.

Taisez vous : je suis beaucoup plus efficace quand je n’en ai pas l’air.

Vous êtes militaire, vous obéissez aux ordres, ce sont les ordres qui sont méchants !

Les ordres disent on ne tue pas nos hôtes : les gentils civils !

Quand j’ai assommé Anguel, ce n’est pas le soldat allemand que j’ai assommé.

Il était nu ?

Quel drôle d’idée ! Il portait son uniforme… Du moins le bas.

Parce que moi lorsque je l’ai trouvé il était nu.

Ce n’est pas le représentant de l’église mais l’homme qui a frappé Anguel !

Vous étiez nu ?

Paf

Vous m’avez frappé Emmanuel ! Et très fort !

Oui : parce que vous divaguez !

Et me mettre moitié k.o, c’est censé m’aider ?

Pardonnez moi ! Vous êtes fâché ?

Je réfléchis.

Ah !…Vous réfléchissez seul ?

Il vaut mieux oui.

A quoi ?

Je me demande si la folie est contagieuse.

Je peux vous donner mon avis ?

Faites ! On va voir si ça m’aide.

Non : sinon les asiles seraient gardés par des fous.

Vous ne trouverez pas, ni a Cloche ni a Merlan, quelqu’un pour dire que vous n’êtes pas fou.

Alors je dois l’être.

Lorsque vous m’avez frappé, j’ai eu une vision.

Vous avez vu l’apôtre Paul sur le chemin de Damas tombé de cheval, perdu, aveugle, converti.

Mais enfin comment avez vous pu deviner ? Je donnerai cher pour le connaître ce tour là !

La liberté au condamné ?

Je ne sais même pas qui je vais condamner.

Vous rendriez sa liberté a Anguel ?

Il l’a déjà prise n’est ce pas ? Malheureusement dans l’armée on n’appelle pas ça une fugue mais une désertion.

Et bien voilà : je voulais vous frapper avec mon livre et je me suis dit ça risque d’être lourd…

Je ne demande qu’a le pardonner mais tout de même on prévient quand on disparaît.

… vous savez, comme quand on se sert d’ une chaussure pour frapper un chien…

Je ne vais pas lui courir après.

… alors j’ai pris son marque page : une image pieuse.

Je vais même vous dire : vu qu’il n’y avait pas de corps, je m’étais imaginé qu’ils l’avaient emporté pour le dévorer plus loin.

Paul sur le chemin de Damas pourchassant les chrétiens.

Votre enfant de chœur a tellement tout d’un ange qu’on hésiterait a le punir, même coupable.

Ce ne serait pas lui rendre service, ni a lui ni a la justice.

Bien sûr, si je l’interroge, il va s’accuser a votre place.

L’apprenti commence par copier le maître.

Il vous dépasse déjà : un messager nous est tombé du ciel, et il raconte qu’il a vu Fanfan assommer Anguel !

Il serait pas plutôt tombé du chemin des chèvres ? Sur la tête.

Dans l’herbe épaisse, du diable. Un ancienne fourmi portée disparue passée dans la résistance.

Il n’y a pas de résistants, ni a Cloche ni a Merlan : je le saurais.

Vous violez le secret de la confession ?

Les résistants ne se confessent pas !

Mais leurs épouses si ! Qu’est ce que j’aimerai pouvoir lire en vous.

Contentez vous de m’écouter, vous saurez tout ce que vous voulez savoir en temps voulu.

Lorsque ça ne m’intéressera plus ? Je vous demande juste de vous taire et de me fixer dans les yeux quelques instants.

Encore ? Mais vous voyez bien que ça ne marche pas !

S’il vous plaît mon père, mon père ne jouait jamais avec moi !

D’accord mais pas des heures !

Bzzzzzzzzzz

A une mouche ! Vous pensez a une mouche !

……………………………………………………………………………………………………………………………………….

Pas du tout 

Une douche, non non non : une baignoire !

Presque : a un lit.

Recouvert d’ une moustiquaire ?

Oui ! Bravo ! Pour les mouches  ! On arrête ?

Un bâillon ! Vous pensez a un bâillon !

Pour bâillonner qui ?

Non ! Non ! Une baïonnette ! Vous pensez a une baïonnette !

A un bâillement, je pense a un bâillement mais vous me tenez les mains.

Une main tranchée par une baïonnette.

Par un sabre, les baïonnettes piquent, les sabres tranchent.

Vous confirmez ?

Non ! Vous me rendriez mes mains ? Waaaaaaaaaaaaa

Vous baillez comme un chat !

Bzzzzzzzzzz

Tup tup ! La mouche, j’ai avalé la mouche. Tup tup !

La mouche ! Je l’avais prédit ! J’ai un don de prophétie.

Ah oui ? Alors pourquoi vous ne m’avez pas lâché les mains !

Là c’est vous qui me tenez les mains !

Chut ! S’il vous plaît !

Colonel c’est horrible ! Tout ce sang !

Où ?

Dans votre tête ! Pourquoi ?

C’est que j’entends un tic tac. Ce n’est pas une bombe au moins ?

Mais non, c’est dans mon estomac : j’ai avalé ma montre en courant après la bonne.

Votre mère ? Elle court ?

Non : la nouvelle !

Ah oui : celle qui vole !

Qui vole quoi ?

Ah oui en France, voler des ailes a un oiseau et voler avec des ailes d’oiseau, c’est le même mot.

Ma nouvelle bonne vole ?

Oui : comme un kamikaze.

Un kamikaze ? Un kamikaze ne vole pas longtemps !

Lorsqu’elle accroche ses longues bottes autour de son cou…

Ce sont des sabots.

Pour découvrir ses fines chevilles ailées qui soulèveront ses jupes. Distribuant a l’entour l’odeur de son…

Mais c’est du Fanfan ! Stop !

J’ai trouvé son carnet de note. Sur le pont aux ânes. Je vous le rend. « crouic ».

PONK

Ça aussi c’est du lourd !

Merci, personne ne l’a lu a part vous ?

Mes chiens l’ont senti.

Ce ne sont que des poèmes ! Son imagination !

…………………………………………………………………………………………………………

Vous l’inspirez ! Et pas que lui ! Ça jase sur les gradins !

Anguel pourrait payer sa place : il ne disperse pas lui.

Il fera un bon espion. J’ai bien envie de mettre l’ancien aux essais grenades.

Mais il a les yeux tout roses : il ne tiendra pas cinq minutes.

Vous avez raison : il faudra que je lui fasse signer son rapport avant !

Son rapport ?

Oui : son rapport de mission, Berlin veut un rapport !

Ils n’ont pas d’autres chats a fouetter ?

Ça le délasse !

Qu’est ce qui délasse qui ?

Les histoires du curé ninja qui assomme ses meilleurs espions avec une guirlande de saucisson ! Hiiiiiiihaaaaaaa !

CLAC

Colonel, un peu de respect, on ne joue pas avec la nourriture !

Par les cuisses de Jupiter ! Votre saucisson ! Il s’est planté sur mon le bureau !

Ah oui ! Nous avons eu avec Anguel un différent d’homme a homme ! Quelque chose qui concerne la vie privée !

Une lame dans un saucisson ? C’est ahurissant !

Et sachez qu’ Anguel m’a pardonné. En être civilisé !

Non : c’est une scie a métaux ! Une scie a métaux pour le prisonnier !

J’ai assommé l’homme, pas l’uniforme, l’homme qui m’a pardonné !

Vous saviez pour la scie ?

C’est Marguerite qui a du penser que vous alliez m’enfermer…

Vous dénoncez Marguerite ? Vous connaissez la sanction pour complicité d’évasion d’un prisonnier ?

J’imagine. Excusez moi mais je cherche le pain aux olives que Madeleine m’a donné.

Avec ou sans noyaux ?

Justement je voudrais vérifier ! Où l’ai je fourré ?

Vous allez le chercher loin !

Oui, ce n’est pas très élégant, je m’excuse !

Prenez votre temps : vous n’êtes pas en train de fouiller Madeleine !

Anguel voulait demander au père de Madeleine la permission de l’inviter a danser ce soir a la fête du village.

Au gendarme Deutch ? Mais c’est irresponsable !

Oui : il faut que ça tombe sur le seul capable d’accepter. 

Vous n’avez pas d’enfant mon père ? Je veux dire d’enfant caché ?

Non ! Et vous ?

Un dans chaque port. N’ayez pas peur, il n’acceptera pas, tout gentil qu’il est.

Il a tort car ils danseront quand même. 

Oui mais loin des yeux.

Et toutes les danses qui leur plairont !

Si il y a exécution, ça va un peu plomber la fête.

Il faut pas minorer la propension de certains a faire la fête quoiqu’il arrive.

Oui : du moment que c’est aux autres que ça arrive.

Il faudra du coup penser a l’annuler officiellement.

L’église vous demande beaucoup en vous interdisant d’aimer les femmes.

Moi aussi j’ai des ordres, je dois aimer tout les êtres sans exclusivité et encore mieux mes ennemis !

Heureusement pour moi, Jésus ne s’est pas occupé de chasser l’envahisseur romain.

Sa mission était autre, en effet.

Ça aurait été son grand point de désaccord avec Judas ! La non-violence !

Jésus s’est quand même un peu fâché après les marchands du temple.

Et Judas ! Il n’a quand même pas livré son maître que pour de l’argent ! 

Jésus angoissait tellement dans le jardin aux oliviers qu’il en suait du sang !

Il l’aurait donc livré parce que celui ci n’avait pas le courage de le faire lui même ?

Je n’y étais pas Colonel. Mais son destin devait s’accomplir.

Vous l’auriez sauvé ?

Je n’aurais pas supporté son supplice.

Je parlais de Judas !

J’entendais bien !

Même si il l’a cherché cent fois, ce qui vous fait un point commun, je ne peux pas exécuter ce con de Jésus.

Rodrigue, il se fait appeler Rodrigue.

C’est son nom de code. Je l’avais engagé comme apprenti espion. 

Et aussi comme poissonnier. Ça fait un peu plus de bruit a Merlan.

Oui : depuis que nous en avons changé, les poissons se sont multipliés comme des petits pains.

Mais c’est miraculeux ! Il vous a informé de sa méthode ?

C’est moins difficile que de l’engager comme apprenti soldat allemand !

Il veut être apprenti tout !

Il a beaucoup d’ambition, il veut être führer.

Pour l’instant il n’y en a qu’un ! Il compte tuer l’autre ?

Il dit que si ce… « crouic »… maricon d’ Hitler y est arrivé alors pourquoi pas lui ? Quelle foi !

J’ai quand même peur qu’il ne veuille intégrer votre équipe de fourmis par simple opportunité.

Ce Rodrigue est un véritable génie, ses lanternes volantes nous ont bluffés ! Et cet imbécile est allé s’en vanter !

Qu’a t il encore inventé ?

C’est sur ses mini montgolfières que nos canons tiraient cette nuit.

Elles ressemblaient a quoi ces mini montgolfières ?

A un feu d’artifice, c’est du moins comme ça qu’il l’a vendu au marquis.

Ce diable est plus diable que le diable lui même !

Seulement voilà : les tirs de nos batteries aériennes révèlent leur emplacement !

Donc vous devriez fusiller le marquis avec tous ses invités.

C’est qu’il y avait du beau monde. Il y avait même Hitler !

Normal pour une soirée déguisée .

Je vais déguiser Rodrigue en fourmi, lui faire démonter et remonter plus loin les batteries anti aériennes un bandeau sur les yeux.

Pourquoi tant de clémence ?

Mes fourmis l’adorent.

Ces montgolfières, elles ressemblaient plutôt a des vessies, ou plutôt a des lanternes ?

Aux méduses phosphorescentes dans les fosses marines.

Glissants sur les courants ? Comme immobiles ?

Beaucoup plus agiles.

Comme des foofighters ?

Vous avez déjà vu des foofighters ?

Ça pourrait être des préservatifs remplis de gaz inflammable volés dans mon laboratoire.

Vous pouvez me répéter ça s’il vous plaît, j’ai peur d’avoir mal entendu.

Oh zut : je n’ai pas le droit de fabriquer du gaz inflammable, c’est ça ? 

Et même pas de gaz du tout.

Vous allez encore me dire que vous devriez me fusiller.

Oui, si vous aviez le don de ressusciter, je pourrais m’y amuser plusieurs fois par jour.

Ça m’ apprendra a laisser ma fenêtre ouverte.

Vous voulez dire la porte !

Ce n’était pas Intentionnel mais par distraction.

Vous mentez monsieur le curé.

Ah ! Mon nez s’allonge ?

Vous n’avez pas oublié de la fermer puisque vous n’avez pas eu a l’ouvrir.

Je peux vous confier un secret mon colonel ?

Ce serait pour moi un honneur que vous m’en révéliez un.

J’ai menti par ignorance : je ne me souviens plus être rentré chez moi.

Il paraît que vous avez cherché la serrure un bon moment.

C’est un classique même quand la porte est là.

Je vous rassure : mon informateur n’informe que moi.

Il ne m’informerait pas de qui avait volé ma porte ?

Ah oui, en français on dit pêcher pour la poissonnière et pêcher avec la poissonnière.

Vous êtes au courant ?

Vous croyez que je bluffe quand je vous dit que j’ai un informateur ?

Il me suit ?

Tous ces gens qui bravent le couvre feu : une nuit ça va mal finir !

J’emprunte la rivière souterraine qui passe sous l’église.

Jusqu’à la mer ?

Heureusement, je trouve du poisson bien avant.

J’ai quand même une question a vous poser ?

Allez y : je n’ai rien a cacher !

J’espère bien !

Non !

Comment ça « Non » ?

Si par hasard j’y avais croisé vos déserteurs Je ne vous dirais pas puisque vous les exécuteriez.

J’y pensais en effet, je viendrais vérifier !

Je vous ouvrirai la grille !

Brr…

Qu’avez vous ?

Un frisson : mon allergie aux grincements !

Même en pensée ?

Même en pensée ! Ça me rappelle quand mon sous marin plongeait pour éviter les mines.

La pression !

Je resterai bien ici pour toujours, vous m’y enterreriez, vainqueur ou vaincu.

Mais vous vouliez me poser une question.

Ma question était comment savez vous que ses poissons sans yeux, ses écrevisses transparentes sont comestibles.

Les chats ! Les chats sont mes goûteurs !

Vous allez faire augmenter la population des chats sauvages.

Revenus a l’état sauvage ! Elle était régulé lorsqu’ils avaient un foyer.

Lorsqu’ils avaient un foyer ils n’étaient pas fluorescents.

Crouic

Quoi ? C’est lui ? C’est votre informateur ?

Qui ?

Le seul capable d’imaginer des histoires pareilles !

Je ne vois pas de qui vous parlez !

De quelqu’un qui n’a pas encore de poil au menton.

C’est un blaireau.

Qui ?

Votre chien là : noir et blanc avec une queue comme ça et un museau comme ça : c’est un blaireau.

Et depuis quand les blaireaux suivent les hommes ?

Je ne partagerai pas ma découverte avec Berlin.

Une découverte ! Et qu’avez vous découvert mon colonel ?

Premièrement que les disparitions étaient des désertions.

Ah bon ? Grâce a votre espion ou grâce a votre informateur ?

Deuxièmement la cause des désertions : c’est la beauté intérieure de certains de leurs habitants qui les influence.

C’est gentil. Et parfois même l’extérieure, il faut le reconnaître !

Un extérieur qui donne envie de rentrer a l’intérieur.

Houla : drôle de formule !

Ça s’applique a gaxuxa, la tante de Rodrigue ! L’intérieur c’est le « rendez vous ».

L’extérieur c’est quand elle se met a sa fenêtre ou sur le seuil. Mes bigotes ne parlent que de ça !

Avouez que …

Au fait la bonne dormira chez moi, je ne veux plus qu’elle loge au «  rendez vous », ce Rodrigue ne me plaît pas du tout.

Que vont dire vos bigotes ? Ce n’est pas un peu trop… moderne ?

C’est temporaire. Le temps que mon ancienne bonne libère sa maison.

Il ne faudrait pas que Jésus, le vrai, vous fasse une scène.

Entre nous : elles ont toujours un certain âge et un certain physique. Il y a comme des règles implicites.

Vous ne trouvez pas l’église un peu possessive ?

L’armée l’était un peu aussi avec Anguel.

C’est la règle, il doit dormir a la caserne avec ses collègues. pas dans le grenier du presbytère !

Comment savez vous que mon lit est au grenier ?

Hein ? Heu… Excusez moi, on m’appelle ! « crouic ».

Vous avez un téléphone dans votre bureau !

Ah ah : vous n’avez pas ça dans votre poche kangourou ! Jaloux ?

J’ai un détecteur de mensonge.

Il sonne ?

On n’ entend pas la sonnerie de votre téléphone.

Il est très spécial : il est directement branché au bureau d’Hitler a Berlin.

Et il n’a pas de fil non plus ?

Le fil c’est dépassé !

Pas dans la magie !

En parlant de magie, vous savez qu’en un clin d’œil, d’ un claquement de doigt :

Clac

Je vous le refait ?

Si vous voulez oui.

Clac

Je pourrais faire rentrer votre frère d’Allemagne. On le met dans un avion, on le parachute et ce soir il est a la fête. Mais je vous préviens, il garde sa moustache, je vérifierai.

Le forgeron ?

Pourquoi il y en a un troisième ?

Ne vous embêtez pas, il peut attendre un peu.

Ça ferait plaisir a votre mère.

Pas besoin : de son lit, elle croit voir et entendre les deux alors qu’il n’y en a qu’un.

Vous savez : Hitler est très en colère en ce moment, il pourrait faire du mal aux prisonniers.

Il est travailleur volontaire mais abattez vos cartes. Que voulez vous en échange ?

Oh mais rien, vous avez fait tout ce qu’il fallait : un grand coup de pied dans la fourmilière.

Nous y avons beaucoup perdu tout les deux.

Anguel était très « forêt », moi je préfère la mer.

Il a peut-être pris l’initiative de suivre ce… Christophe Colomb.

De la famille a vous ?

Le découvreur de l ‘Amérique.

Mes ancêtres ont découvert l’Amérique bien avant lui !

Le viking Erik le rouge. De la famille a vous ?

Vous voyez que vous avez le sens de l’humour, vous le bridez c’est tout. Et c’est bien dommage.

Si il était de ma famille, je ne l’aurais pas laissé dormir tout seul a l’auberge du « Rendez vous ».

C’est sous ce nom d’emprunt qu’il y a passé la nuit et signé le registre.

Il est venu pour moi, enfin pour mes chaussures, ça a pu influencer son choix pour ce faux nom.

En effet, Christophe Colomb n’est pas son vrai nom.

Je me demande si tout en volant mon nom, il savait que j’avais un problème d’arbre généalogique.

Ça a marché ? Vous avez cru un instant qu’il pourrait être votre père ?

Bien sûr, comme j’ai aussi pensé que ça pourrait être la bonne idée d’un escroc.

Vous voulez que j’interroge  la colombe ?

Et pourquoi pas lire dans ses entrailles comme les prêtres grecs ?

Ça y est ? Vous avez tenté de faire de l’humour ?

Ah oui ! Mais c’est vrai que je ne suis pas drôle. C’est une blague de malade mental.

Anguel lui a substitué ses papiers pendant qu’il se baignait dans la rivière.

Il a un don pour le vol.

Oui. Les pièces sont vides sans lui.

Je parlais du vol de branche en branche .

Voler de branche en branche, voler les branches du bas d’un arbre, voler toujours voler.

Oh mais il ne vole pas tout, il laisse certaines choses. Étrangement les choses de valeurs pour leur préférer des broutilles.

Comme les deux âmes en peine que nous sommes.

Et si nous laissions entrer un petit peu de soleil.

Non : je ne supporterai pas le soleil.

Fusillez moi si vous voulez mais nous avons besoin de soleil.

Je suis un vampire !

Ah ! D’accord ! C’est dommage parce que Anguel aurait bien pu arriver par les toits.

Comme un petit singe ?

Nous emmener le soleil. Comme un petit dieu.

Il frappera.

Il ne frappe pas toujours.

J’ai une tête de vampire ?

Mais je n’ai jamais dit ça ! Donc votre accent vient de Roumanie.

J’ai léché le sang dans le casque d’Anguel ! Après y avoir mêlé mes larmes !

Je suis de tout les enterrements, croyez moi : la douleur fait toujours faire des choses bizarres.

Qui était sous ce casque ?

Il y avait caché un bébé chat !

Monsieur Le Vieux sabre les tortues ?

Il était sur sa tête, mal caché puisque ça surélevait son casque d’au moins une hauteur de main.

Ce qui fait qu’Anguel serait toujours parmi nous mais vous le voyez vous ?

Non, mais il fait si sombre.

D’habitude quand il est là, on le voit.

Ça dépend de ce qu’il cherche a faire.

Il cherche peut-être a m’aider dans mon enquête sur les disparitions.

En suivant la piste des disparus, il est normal qu’il disparaisse aussi.

Il ne va pas se mettre a aboyer et rameuter le contre espionnage.

Le contre espionnage ? Colonel, j’en ai assez entendu !

C’est que j’ai besoin de me confesser.

Ce n’est vraiment pas le lieu et l’heure !

Pardonnez moi mon père parce que je vais fusiller un homme.

Je ne peux vous absoudre d’un pêché que vous n’ avez pas encore commis. Et qui voulez vous fusiller ?

Oh ! Il y en a tellement !

Très bien ! Relevez vous et prions ensemble pour eux.

Si on buvait plutôt a leur santé.

Oui : le temps passe et je suis pressé.

A la mémoire d’Anguel et de son assassin : Monsieur Le vieux !

Ne me dites pas que Monsieur Le Vieux est mort ! Pas aujourd’hui !

Je ne sais pas ; il y a pas mal d’oiseaux qui se sont remis a chanter.

C’est vrai qu’ils sentent ces choses là ! Je peux le voir ?

Attendez ! Fausse alerte : je ne vois pas de vautour tourner au dessus de la caserne.

Vous n’êtes pas drôle Colonel !

Sérieusement vous me laisseriez l’exécuter s’il était déjà mort ? Pour l’exemple !

Vous n’entendez pas votre conscience chanter ? Comme un grillon ?

Grincer plutôt ! Comment va votre coq ? On ne l’entend pas aujourd’hui !

Toujours visé : jamais touché ! Vous croyez en la protection divine ?

Oui ! Trinquons a la santé de votre coq !

Ce matin la renarde lui a ôté quelques plumes mais tant qu’elle n’a pas trouvé de renard tout va bien !

Je savais bien que vous n’observiez pas que les oiseaux avec vos jumelles.

Avec les jumelles « Cancan », voyez doublement plus grand.

Ce sont des jumelles de théâtre ?

D’opéra italien, encore un héritage de mon père.

Bizarre que vous n’ayez pas hérité de vrai jumelles de la part d’un passionné d’ornithologie ?

Peut-être qu’il ne les aimait que dans les livres.

Et peut-être n’avait il pas le choix.

Peut être a t il été enterré avec.

Peut être avait il d’autres héritiers.

Moi avec les « cancan », je vois plus grandement mais un peu double.

Vous n’avez jamais cherché a savoir ?

Je sais qu’il ne veux pas qu’on sache qui il est, ça me suffit !

Vous pourriez savoir sans qu’il sache que vous savez !

Colonel !

Je vous offre mes jumelles.

Non ? Oh merci beaucoup !

Mais il ne faut pas regarder avec dans la cour de la caserne du haut de votre clocher.

Et moi qui ne vous offre jamais rien.

Vous m’offrez votre compagnie.

On peut dire que vous ne m’offrez pas de la verroterie sans valeur.

Comme si j’étais en train d’acheter le sorcier de la tribu.

Elles ne vont pas vous manquer ?

On en reçoit par wagons entiers, on en retourne la moitié.

Si la renarde trouve un renard, je devrais me remettre a la fronde. J’y ai droit ?

Vous oui. Alors comme ça la renarde envoie le renard cueillir le coq ?

Du moins la renarde que j’observe.

Vous n’auriez pas vu passer la bête sauvage dans vos jumelles ?

Non mais elle est passé dans l’appareil photo de Michel le photographe.

Mais c’est formidable ! Alors c’est quoi ? Une panthère ?

Malheureusement elle est passée trop vite !

Oh quel dommage ! Vous avez vu les traces sur le dos du taureau ?

En effet ce sont bien des morsures et des griffures mais écoutez ma théorie…

Oh non ? je vous vois venir : vous allez m’expliquer que c’est vous !

Nous n’avons pas de panthère, nous n’avons pas de cirque non plus. Mais nous avons un apprenti torero.

Si : vous avez un cirque. Vous n’avez pas vu les affiches ? Regardez j’en ai une ! « crouic ».

Oh non !

…………………………………………………………………………………………………………

Boum !

Voilà une nouvelle qui vous fait littéralement tomber de votre chaise.

J’ai voulu l’avancer mais elle est scellée au sol !

Vous croyez qu’ un humain est capable de faire autant de dégâts ?

Oui ! Et que celui ci aura oublié de s’en vanter.

Pourtant il le pourrait : Il faut avoir de sacrés bons ongles et de sacrées bonnes dents.

Non : une grande envie de vivre.

De toute façon les gendarmes ne vont pas tirer sur un humain !

La nuit ? Ce ne serai pas la première fois.

Il vont être déçus : ils étaient fiers de notre collaboration. Mais si vous êtes inquiet…

Mais ce n’est pas pour lui que je m’inquiète, il n’y reviendra pas.

Je n’ ai donné qu’une balle aux gendarmes.

C’est un bon calcul mais ça n’empêche pas tout le village de venir admirer le beau fusil a lunette.

Ah je vois, et de rêver de s’en servir.

Dans le dos de son voisin.

A plusieurs kilomètres. Incognito. L’arme parfaite.

Pour des gens qui croient que vous allez bientôt partir et qu’ils vont pouvoir enfin régler leur comptes.

Et pourquoi nous partirions ? Si les américains arrivent par la méditerranée, on aura l’air malin.

Partir appelés en renfort sur un autre front.

Moi je serais toujours là, je ne suis pas un pion qu’on déplace !

Qu’est ce que vous comptez faire au sujet du fusil a lunette ?

Ils sont défectueux !

Pardonnez moi , vous dites ?

Je dis que ‘y serais bien allé moi même le récupérer mais sans chauffeur…

Je m’en suis occupé. Le bricolage :  c’est mon dada ! Tout est arrangé.

Mais il y a rien a arranger notre mécanicien affirme  que ma voiture n’a aucun défaut freins n’ont aucun défaut ! Ce n’est pas cette histoire de freins encore ?

Le fusil ! J’ai bricolé le fusil.

Aïe : ça continue !  Personne ne touche de fusil, c’est la loi il y a pas de dérogation pour celle là ! Combien de lois avez vous violé cette fois ci ?

J’ai appliqué  la première loi divine : tu ne tueras point !

 

 Il faut manger les bêtes si vous ne voulez pas qu’elles vous mangent !

Le boucher en fera toujours quelque chose, sauf si c’est un humain bien sûr.

…………………………………………………………………………………………………………

J’ai bricolé la balle et maintenant c’est une seringue d’ anesthésiant.

Mais vous vous entendez ? Il y a deux secondes vous m’affirmiez ne rien y connaître en arme.

Moins qu’ en anesthésiant mais bon c’est simple : un cylindre, un projectile, un explosif .

Ne me parlez pas d’explosion, vous avez de la concurrence en ce moment.  Enfin

bon : Je m’attendais a pire !

Michel le photographe m’a fourni sa dernière seringue.

Une seringue d’anesthésiant ? Ce n’est pas plutôt pour les vétérinaires ça ?

C’était au cas ou il croiserait l’ours durant ses safari photos !

Ah : ce n’était pas fini ! Un ours maintenant ! Vous auriez pu me prévenir, j’aurais fourni un bazooka !

Moi même je trouve que quand vous nagez on pourrait vous confondre avec une poule d’eau !

Merci, si c’est a Monsieur Le vieux que vous voulez en venir, il dort, attaché au peloton d’exécution dans la cour.

En plein soleil ? Mais vous allez le tuer !

Oui : dès son réveil, j’avais prévenu. 

Parce que ce fouineur sait peut-être où est mon enfant de chœur ?

Il a du flair pour trouver les truffes a la rigueur, pas les enfants, mais si vous voulez, je l’interroge.

Mais laissez le donc tranquille. Vous n’arrêtez pas aujourd’hui !

Mais enfin vous réalisez ce qui s’est passé ? Je dois monter la pression d’un cran.

Pas au point de vouloir faire du mal a un innocent ?

Avant d’être colonel, j’étais capitaine d’un sous marin japonais.

Oh quel beau métier !

Nous venions de couler un bateau mais une avarie nous a obligé a remonter, en plein champ de bataille.

Les horreurs de la guerre !

J’ai du sortir harponner des soldats d’à peine 18 ans qui s’accrochaient par grappes a notre coque !

« Taisez vous ! »

C’est ce que je leur criais. Certains priaient… D’autres appelaient leur mère !

Vous saviez que Fanfan avait fugué ? Personne ne sait où il est.

Je peux le faire revenir : je fais arrêter son père et j’organise une fausse exécution.

Son oncle ! Attention au boucher pendant la sieste : il a déterré son fusil de chasse.

Et des pièges a loups ! Il faut aussi que j’interdise les pelles maintenant ?

Tous ces pièges a loup, ce n’est pas une bonne idée.

Il est tombé sur un filon ? Il en a posé une bonne cinquantaine.

Il y a des faux panneaux. Sans Piège a loup au pied !

Mais les loups ne lisent pas.

Et ce soir après la fête, pas mal de gens vont voir double.

De là a se tromper de chemin et s’approcher du champ au taureau.

Oh mais c’est un bon raccourci.

Mais pourquoi le boucher ne rentre pas son taureau dans l’étable, avec ses vaches ?

Parce qu’il leur chanterait la sérénade toute la nuit.

Vous n’avez pas de coupable a lui livrer ? Votre chien par exemple !

Mais il va en faire de la chair a saucisse !

……………………………………………………………………………………………………….

Il tuerait votre chien ?

Oui, d’autant plus qu’il sait que ce n’est pas mon chien !

Vous lui dites que vous l’avez adopté, qu’il avoue, le boucher lui pardonne et range ses pièges.

Un chien qui avoue ?

Oui ! Et aussi qui regrette !

Et si il y a une autre attaque ?

Il a dressé ses oreilles. Quand vous avez dit « attaque » : c’est un chien dressé pour l’attaque ! Attaques! Attaques!

Arrêtez ! Si c’est vrai !

Il ne sait pas qui attaquer !

Il ne sait surtout pas pourquoi on le regarde !

Pendant une seconde, il s’est pris pour un berger allemand.

Mais je me demande si son père n’en était pas un.

Un des nôtres ? Vous rêvez : c’est impossible !

Pourquoi  pas ?

Mais enfin ne m’obligez pas a vous expliquer pourquoi pas.

Il suffit d’une fois !

Oui merci je sais, mais nous on sait les tenir.

Vous croyez qu’il pourrait retrouver Fanfan ?

Si vous lui demandez gentiment et sans miauler, ce ne serait pas votre premier miracle.

Et j’ai le meilleur saucisson de la région.

Mes chiens ont perdu sa trace a la rivière.

Fanfan ne sait pas nager.

Il ne l’a donc ni traversée ni empruntée. J’espère que vous ne serez jamais interrogé par la résistance.

Je ne veux pas le faire fusiller, je veux le ramener chez lui.

Manger du chien ? Il ne reviendra pas : il est beaucoup moins bête qu’il ne vous le fait croire.

L’Atlantide, ça va être dur a trouver.

Le fils d’une sirène qui ne sait pas nager, c’est un comble.

Il risque de trouver l’Amérique.

Oui, c’est plus loin mais une fois qu’on y est, c’est plus grand.

Mais il va se faire manger tout cru, c’est plein d’anthropophages !

Qu’est ce que c’est que ces a prioris ? Certains sont forts sympathiques !

Votre presse papier ne ferait pas boule de cristal ?

Il veut toujours devenir prêtre ?

Il a beaucoup de chemin a faire mais oui.

Compostelle : le chemin initiatique du pèlerin !

Vous croyez ?

Une intuition.

Ça me revient : je l’ai vu lire là dessus ! Vous êtes très fort !

Ce n’est pas moi, c’est ma boule de cristal.

…………………………………………………………………………………………………………

Cependant quelque chose ne colle pas.

Je sais !

Non ? Alors là vous m’épateriez !

On parie ? Regardez c’est très simple : je l’écris sur un bout de papier.

Scrichscrichscrichscrichscrich…

D’accord, et nous comparerons, vous avez un bout de papier pour moi ?

Pas la peine, dites le, je vous écoute, alors mon père, qu’est ce qui ne colle pas ?

Ce qui ne colle pas c’est Pin… !

Scrichscrichscrichscrichscrich…

Hé, mais « stop ! ». Vous continuez a écrire.

C’est que c’est long ! Tenez : lisez donc !

« Pinpon est là, et quand Pinpon est là, Fanfan n’est pas loin. Et inversement quand Fanfan est là, Pinpon n’est pas loin.»

…………………………………………………………………………………………………….

……………………………………………

Pinpon n’aurait jamais laissé Fanfan partir aussi loin.

Non ! Ou alors pas sans lui.

C’est parfois horrible de perdre quelqu’un et de ne pas savoir où il est.

Ce n’est pas souvent le cas !

Sinon c’est là que vous intervenez : les gentils sont au paradis, les méchants en enfer.

Pinpon sait où est Fanfan sinon il serait en train de le chercher.

Savez vous pourquoi je n’ai toujours pas ouverts les volets de mon bureau ?

Parce que vous n’aimez pas le soleil ?

Pour ne pas voir la tête d’enterrement qu’il fait.

Je l’ai croisé a l’entrée qui remplissait sa citerne d’eau, je n’ai pas pris le temps de lui parler.

Vous auriez du, c’est le seul qui est triste.

« Inquiet » je dirais.

Et pourtant ce n’est pas pour Fanfan qu’il s’inquiète car c’est vers l’infirmerie qu’il regarde.

On dirait que Pinpon ignore qu’Anguel ne fait plus partie de l’armée allemande !

Assisterions nous a une belle amitié naissante ?

Entre le lanceur d’eau et le lanceur de feu !

Vous avez remarqué comme mes fourmis, elles, s’amusent toujours, comme si de rien n’était ?

Ils s’amusent de tout : comme par exemple de tirer sur Pinpon lorsqu’il court malgré sa dérogation de soldat du feu.

Au dessus ! Sur sa plume de paon : c’est lui même qui les a mis au défi d’y arriver.

………………………………………………………………………………………………………..

Il y a beaucoup d’eau de vie qui circule, plus que de raison. Un accident ça se provoque !

Non mais vous avez fini de balancer tout le monde !

Pinpon aussi, il n’arrive même pas a raccorder les tuyaux ! Pourquoi reste-il dehors ?

Parce que personne ne veux le fouiller ! Il est trop chatouilleux ! Pire que sa sœur !

Je vais aller l’aider, je reviens : ça ne prendra que quelques secondes !

Vous le ferez monter s’il vous plaît : je voudrais le torturer !

Et qui va le fouiller ?

Euh… vous ? S’il vous plaît ?

Pour l’instant c’est vous même que vous torturez : qu’est ce que vous regardez par le trou du volet ?

L’heure au clocher de l’église.

Mais depuis le temps, c’est la course de ce rayon de soleil qui devrait vous donner l’heure : vos volets sont tout le temps fermés !

Vous m’espionnez ? De votre clocher !

Et vous ? Vous regardez a l’entrée de la cour si je n’ai pas le don d’ubiquité.

Vous ne feriez pas plutôt les résurrections !

Supposons que l’on m’ait confié Anguel pour le soigner.

Qui ? La résistance ?

Si vous voulez !

Moi ce que je veux c’est récupérer mon chauffeur.

Et que je le rendre réparé non pas a la résistance mais a vous. Vous ne le fusillerez pas pour désertion ?

Supposons que je l’ai envoyé intégrer la résistance et ça ai mal tourné.

Piocher ! Dégoupiller ! Jeter ! Compter !

Compter ses pas de course.

Puis plonger, au bon moment, Anguel a comme un don, un sixième sens animal.

…………………………………………………………………………………………………………

Toute personne montant dans le clocher sera considéré comme un espion et abattue !

Même avec cette consigne simple, mais malheureusement abrutissante, vous avez eu beaucoup d’accidents.

Puis il s’était porté volontaire et depuis tout allait bien !

Sauf que maintenant Anguel ne veut plus mourir, il est amoureux !

Abattue sans somation. Il n’y a plus de dérogation pour vous et votre enfant de chœur.

Apparemment il n’y a pas eu de somation pour la vierge non plus.

Touchée où ?

En plein cœur !

Heureusement qu’elle n’avait pas le petit jésus sur sa poitrine.

Pour votre défense, les somations ça ne marche pas tellement sur les gens en plâtre.

J’ai envoyé quelqu’un mais vous ne répondiez pas.

La porte était plus que grandement ouverte.

Les allemands ne rentrent pas chez les gens sans y avoir été invité.

Un muet ? Ne venez pas un jour me dire un jour qu’il y en a eu des somations pour la licorne et qu’elle n’a pas entendu.

Comment voulez vous qu’ils l’interceptent ? Au lasso ? Ce ne sont pas des garçons vachers.

Ce sont des loups affamés : ils tuent tout ce qui se mange.

Vos soi-disant sauveurs les américains, feront pareil, vous verrez.

Ils ont emmené leur boites de corned beef.

Les cow-boys, Ils vont vous traire comme des vaches a lait.

Le loup vaincu présentera sa gorge au vainqueur et celui ci l’épargnera ! C’est comme ça que font les loups !

L’aigle américain qui fond sur l’aigle allemand, qui avait fondu sur le coq français, ça va en faire des plumes !

On a tiré sur mon coq en ferraille.

La girouette du clocher ? Touchée où ?

La queue ! Elle est complètement détraquée !

Un bon tireur : je mènerai mon enquête.

Pas la peine, mon informateur m’a tout raconté.

… Méfiez vous, on est jamais a l’abri qu’un informateur fabule un peu !

Méfiez vous, nous avons peut-être le même.

OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO

Miaou !

Dans votre poche kangourou, ça a bougé.

Allellouïa ! Le petit chat revit !

Il était mort ?

Tranché en deux !

……………………………………………………………………………………………………

Faites moi voir.

Il n’est pas beau a voir emmitouflé dans son cocon sparadrap.

J’ai quand même bu son sang.

Bon d’accord ! Faites vite !

zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzip

Atchoum ! Pardon.

A vos souhaits !

Merci, je suis allergique aux chats.

Croa

Qui a fait « croa » ?

zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzip

Vous pourriez fermer la porte avec vos bras extensibles avant de me montrer votre chat.

Ça vient de derrière les volets !

C’est un corbeau d’Anguel, regardez le passer son bec a travers le trou.

Ouvrez lui, il a peut-être des nouvelles d’Anguel a la patte.

Personne n’approche les corbeaux d’Anguel a part Anguel.

Qu’est ce que vous faites avec le fusil trompette ? Méfiez vous : il sent la poudre.

Je le fais déguerpir : vous allez voir si il ne fait pas la différence entre une trompette et un fusil.

Ne soufflez pas dedans ! j’ai un mauvais pressentiment.

Il a compris : on est pas prés de le revoir. Où en étions nous ? Ah oui : vous bricolez les chats aussi ?

Il est derrière vous !

Le chat ?

Non : le corbeau !

Mais enfin vous avez vu comme moi : il n’a pas pu entrer dans le cornet.

Ni passer a travers le trou.

Rappelez votre chien, je l’entends jouer dans la cour avec mes fourmis.

Mais il ne m’écoute pas !

Dommage , il nous aurait aidé.

A quoi ? A percer ce mystère ?

A les chasser : ils sont coriaces.

Ah : il y en aurait plusieurs. Le mystère n’a pas fait long feu.

Je n’en ai jamais vu un seul.

C’est le moment ! Tournez la tête et vous en verrez un.

Non !

Comment ça non ?

Parce que le temps que je tourne la tête il aura disparu.

Mais enfin il est sur l’armoire et votre chaise est rotative.

Hé bien voyez plutôt : « crouic ».

Oh : il a volé au dessus de nous pendant que vous vous retourniez !

Plutôt sauté : je n’ai rien entendu ! Et maintenant ?

J’aurai aimé vous dire qu’il est dans mon dos mais moi aussi quand je me suis retourné : plus personne.

pouf

Mais enfin qu’est ce que vous faites ?

Ben vous voyez bien : j’ai failli me tuer bêtement en regardant dans le fusil trompette.

Pas de plomb : pas de mal.

La poudre a fait long feu.

Le… chien … était… baissé.

Qu’est ce qui vous arrive ? On dirait un soldat spartiate qui se fait dévorer le ventre par un renard !

Vous… êtes… tout… noir !

Et vous tout rouge ! Mais riez donc, assumez votre humanité.

Colonel ! Je sais qu’on vous mène la vie dure mais ne me mettez pas en joue s’il vous plaît !

C’est quoi cette manie de toujours vous attacher ?

C’est parce que vos fourmis vont venir voir si on ne se tire pas dessus !

Mais ça n’a pas fait plus de bruit qu’un livre qui tombe au sol.

Ça a fait du bruit a réveiller un mort !

Votre livre n’était pas au sol, il était posé délicatement sur vos genoux !

J’en déduis donc que vous êtes un menteur !

Il ne dit pas comment se servir d’un sabre mais comment les fabriquer.

Attendez : il tente de défaire mes liens !

A trois : sautez de côté !

Colonel les balles dans les plafonds ça se plante dans les murs ça rebondit !

Un… 

Je jure de ne pas quitter cette chaise !

Deux…

Non. Attendez ! Il resserre mes liens !

Deux et demi.

Non ! Vous m’entendez ? Le corbeau m’a attaché a la chaise !

Trois…

PAN

Assassin ! Il ne reste que des plumes !

Ah non : il me faut un cadavre !

Hé ! Mais c’est une des bague de mes colombes. Oh le voleur !

Tel maître tel animal : Donnez la moi.

Non : elle ne nous est pas destinée.

Comment la faire passer a son destinataire si nous ne la lisons pas ?

Colonel, c’est une lettre d’amour.

Mais comment vous le savez ? Vous lisez a travers ? C’est le rapport de sa mission d’espionnage !

Glups !

J’espère qu’il n’y avait rien d’urgent.

Marguerite avait raison : vous êtes mon prisonnier. Vous n’allez pas aimer notre vrai infirmière.

Je ne comprends pas, j’avais attaché Anguel pour qu’il ne fouille pas partout.

Avec votre fil incassable ?

Non : avec l’étirable a l’infini.

Bon : finissons en !

Finissons en avec quoi ?

Avec l’attente subi par le condamné.

Au contraire chaque seconde est précieuse, finissons nos bouteilles.

Jules César a attendu des années avant d’ exécuter Vercingétorix.

Bon je vous le livre où et quand notre prisonnier ?

Je ne sais pas : j’ai un peu peur de vos conditions !

Il n’y en a pas, c’est un cadeau.

Je comprend pourquoi il vous aime.

Qui ça ?

Laissez tomber.

Oh ! J’ai là à ma boutonnière quelque chose pour vous. De la part d’Anguel.

Et c’est seulement maintenant que vous me le dites !

Anguel a accroché une fleur a ma boutonnière.

Comme le fait les bénévoles de la croix rouge ?

Oui, contre une pièce qu’on glisse dans sa boîte en fer.

Vous n’avez rien d’ accroché a votre boutonnière.

Je l’aurai perdu ?

Venez a la lumière : j’ouvre les volets !

Vous ne faites pas « crouic » ?

Je fais mal les grincements de volets.

On ouvre plus les tiroirs que les fenêtres de son bureau dans un sous-marin.

Ah ah ! C’est vrai qu’en français on dit bureau et pour la pièce et pour le meuble.

Berk ! Les gongs : ils dégoulinent de graisse.

Vous ne devinerez jamais a qui appartenu ce… meuble de bureau ?

Pas besoin…

Quelqu’un de… très très célèbre… divinement célèbre.

Au christ ?

Non : quelqu’un de vivant.

le christ est vivant : ressuscité et monté au ciel. 

Plus terrien.

Terrien et divin ? L’empereur du japon ?

Pas loin : au pape.

Ah Ah Ah !

Oh ! Un rire franc ! C’est le soleil qui vous transforme ainsi ?

C’est une belle journée !

Votre croix sur votre poitrine, elle m’éblouit.

Vous y arrivez avec cette fleur ?

Il n’y a jamais eu de fleur : c’est un mince fil d’araignée.

Ah ? Je n’avais pas de recul !

C’est votre fil ! Il vous a rendu votre fil.

C’est gentil. Vous avez fini ?

Je commence. Vous qui avez des bras extensibles vous me passeriez mes lunettes sur le bureau ?

Je ne les vois pas !

Le masque de plongée : c’est la même chose.

Je ne peux pas bouger.

Pourquoi vous regardez au ciel ?

Et où vous voulez que je regarde ?

Les hommes vous troublent ?

Les hommes ?

Là, dans ma cour, il y en a un demi millier. Torse nu.

Oh zut : ils vont croire que vous me donnez une médaille !

Vous avez sauvé Anguel des griffes de la résistance !

Je ne voudrais pas trop que ça s’ébruite !

Arrêtez de reculer, je ne vais pas vous mordre !

Pourquoi vous mordez votre langue ?

Pour faire comme beaucoup de gens quand ils s’appliquent : il y a toutes sortes de nœuds, toutes sortes de tours.

Bon attendez je vais enlever mon aube et vous la donner !

C’est ça : faites vous remarquer, déjà que vous leur avait refilé le chien.

Vous croyez qu’ils pourraient l’adopter ? Comme mascotte ? Oh la bonne idée ! Merci !

Vous n’avez pas intérêt a l’oublier en partant sinon je l’abat moi même.

Vous avez les yeux tout rouge Colonel, il va falloir dormir !

Pourquoi vous faites cette tête en me regardant ? On dirait votre chien.

Promettez moi de vous rendre si l’ennemi vous le propose.

Quand Monsieur le prophète ?

Quand reviendra la paix ! Comme un cadeau, une surprise.

Il vous a embrassé ?

Embrassé ? Mais qu’est ce que vous racontez encore ?

Ce n’est pas la coutume de donner un baiser avec la fleur ?

Qui vous a raconté ça ?

Personne ! Laissez : on a du se moquer de moi. Encore une fois.

Mais enfin vous vous rendez compte de ce que vous colportez !

Je l’ai vue faire !

Quelle image aurait une jeune fille si elle embrassait comme ça les hommes a chaque don ?

Est ce que vous pouvez retirer votre nez de sur mon nez ? Nous nous donnons en spectacle !

Vous ne penseriez pas a Madeleine ?

Ne me serrez pas comme ça ! Toute la garnison est dans la cour, d’ici a ce que certains vous mettent en joue, il n’y a qu’un pas !

J’en ai besoin pour lire vos pensées !

Vous pensez a prendre le presse papier sur la table et m’assommer avec !

Je ne suis pas violent Colonel, je ne l’ai jamais été !

C’est la vrai Madeleine que vous avez fouillée sur le parvis le soir de Noël, heureusement qu’ Anguel vous a plaqué !

Quoi ? Oh les cons !

Elle attendait Anguel pour lui donner sa fleur. Plus un baiser car ils n’avaient pas prévu que je me retournerai.

A cause du mouton qui s’échappait de l’église et qui vous est passé entre les jambes.

Suivi de la brochette : Vierge, curé, enfant de chœur et ainsi de suite tout le village !

Vous oubliez Pinpon.

Oublions le, il a donné sa cape bleue a sa sœur pour mieux s’enfuir dans la nuit.

Oh Putain !

Mon père : mes hommes comprennent les gros mots.

Vous n’avez pas quelque chose a leur faire faire ?

Si pardon: « préparez l’exécution ! »

Colonel, je comprend l’allemand.

Ce n’est pas ce que vous croyez, c’est une fausse exécution.

Et l’intéressé, il le sait ?

Non : c’est un bizutage entre fourmis.

C’est de la torture !

Sauf qu’il se réveille dans les bras d’une fausse infirmière.

Une quoi ?

C’est une amie, elle ne se fait pas payer.

Vous leur donnez leur bromure ?

Ils l’ont trouvée sur le port de Merlan.

Vous auriez dû commencer par ça !

Pour l’instant mes fourmis déplacent notre bac a eau ! Regardez !

Ça ferait une belle piscine !

Modeste ! Faite avec des bottes de paille et une grande bâche.

Mais de taille olympique !

Il ne faut pas la rater : elle estompe le bruit des grenades.

Si les villageois qui manquent d’eau voyaient ça !

Si ils voyaient ça, je devrais les fusiller : c’est un secret militaire.

Et moi ?

Ils préféreraient tester des grenades que vous exécuter !

Bonjour messieurs ! Bon courage !

Splasch ! Plffffffffffff

Qu’est ce que vous avez fait ?

Juste un geste de la main. Ils m’ont salué et la bâche leur a glissé des mains !

Vous vous prenez pour le pape et ma cour pour la place Saint Rome ?

J’imagine que ça va prendre un temps fou pour la remplir a nouveau !

Asseyez vous ! Et promettez moi de ne plus quitter votre chaise ou je vous attache.

Je le promets.

Et si je tirais sur le fil pour voir si Anguel est au bout !

Qu’est ce que vous faites ? La danse du robot ?

Je fais une bobine.

Ça y est, vos fourmis vous croient fou.

La contagion s’étend.

Boum

Hou la, je croyais que c’était fini les explosions !

Vous pensez que c’est moi qui ai fait ça ?

Ben ça s’est passé quand vous avez tiré dessus.

Je pensais qu’Anguel pourrait être au bout.

A moins qu’il y ai maintenant des grenades qui explosent très longtemps après avoir été dégoupillées.

Ce serait bien la première fois mais il y a toujours une première fois.

Une : passe encore, mais si c’est toute une caisse ?

Une dans une caisse et c’est le même résultat.

Et si c’est une caisse dans un wagon entier ?

J’ai tout renvoyé a Berlin !

Quelles sont les nouvelles de Berlin ?

Hitler racle dans son fond de stock de fourmis et ne trouve plus que des enfants.

Heureusement ici de telles horreurs nous sont épargnées.

Ramouncho se sert de Rodrigue !

Ramouncho ?

Son père… enfin présumé.

Présumé ?

Génétique et spirituel, bref son mentor .

Ah ben ça doit être joli a voir ! A quoi il ressemble notre bonhomme ?

A sa sœur Gaxuxa je supose. Pour le savoir il faudrait l’arrêter mais il court vite et en zig zag.

Le marché noir, c’est pas plutôt le boulot des gendarmes ?

C’est délicat : il a passé des armes, sur le sentier des chèvres.

Ah oui, ça change de l’eau de vie !

Des armes allemandes…

Allemandes ! En plus !

Des grenades…

Attendez ! Ce n’est pas ce que je crois au moins !

Défectueuses…

Je vais lui parler a ce Ramouncho. J’ai pas envie d’enterrer un gamin de quinze ans !

Il bouffe du curé : c’est un communiste.

Il travaille bien avec des …

Des … ?

Des grenades.

Si vous me dites qu’un des Contrebandiers avait les yeux bleus, je n’en prendrais pas note.

A travers les buissons et leur foulards tirés sur le nez ? Je n’ai pas bien vu !

Je suppose que vous n’avez pas vu non plus combien ils étaient ?

Il y avait tellement de fumée !

Et avec ce genre de fumée on a vite fait de voir tout de travers.

Je vous promets que si vous exécutez votre déserteur je vous plaque non pas au sol de votre bureau mais sur celui de la cour.

Sans ballon ! Quelle bravoure !

C’est facile quand on a pas peur de la mort. J’aurais plus de mérite si j’arrivais a vous convaincre que vous êtes sur la mauvaise voie.

En français, voix et voie se disent pareil. Celle qu’on prend comme celle qu’on entend. 

Vous voudriez que je prenne la voix de la vérité.

Celle qui m’a emmené a Merlan Cloche : les désertions, le taux le plus fort au monde et de tout les temps.

Il va falloir vous asseoir. Où que vous en soyez de votre enquête, vous allez tomber de très haut.

Ce bureau me dégoûte, je veux rentrer chez moi.

Déserter ?

Reprendre la mer avec mon secret.

Votre secret ?

Je veux dire le votre.

Mais pourquoi tenez vous tant a me l’arracher ?

Parce que a force de vous observer, j’ai de l’admiration pour vous. Comme vous en avez pour les oiseaux.

Et moi j’aurai de l’admiration pour vous si vous laissez Anguel derrière vous.

Si c’est pour son bien, pourquoi pas.

Tac …tac….tac…tac…tac…tac…tac

Quand on parle du loupon en voit la queue.

C’est un chat de gouttière, et ce sont ses pattes qu’on entend, vous l’avez bien nourri.

Moi je dirais que c’est un bipède et qu’il est pieds nus.

Un singe, notez qu’ils ont aussi une queue.

Ne restez pas devant la fenêtre !

Et pourquoi donc s’il vous plaît ?

Parce que c’est Anguel et qu’il va rentrer brusquement !

Je vous préviens si c’est lui, c’est vous qui le fouillez !

Méfiez vous ! il se jette dans le vide se retourne, s’accroche a la gouttière et se jette les deux pieds en avant.

C’est peut-être comme ça qu’il rentre chez vous mais pas dans mon bureau, il y a des portes pour ça !

Là vous êtes sur son chemin et quand il a commencé sa pirouette, il ne peux plus freiner !

Moi non plus je ne peux plus freiner et Anguel est dans la cour, face a ses camarades !

Laissez moi deviner : c’est lui que vous fusillez, pour désertion.

Et c’est votre faute ! «  En joue ! » (En allemand)

Attention! Si vos hommes croient que c’est la personne sur le toit qu’il faut mettre en joue.

Ils ont des balles a blanc !

Ça conviendra très bien pour l’ homme invisible.

Mais enfin levez vous, venez vérifier !

Nous ne sommes pas aux jeux du cirque !

Ce cri c’est lui ! Je déteste quand il crie comme ça  : on dirait un sauvage !

La première fois j’ai cru qu’il avait glissé !

« Ne tirez pas ! »  (En allemand ) Ces imbéciles ont le soleil dans les yeux !

Vous êtes la cible parfaite pour la pirouette.

Vous m’emmerdez avec votre pirouette !

PAF

Cacahuète.

Anguel ! C’est tout ce que tu trouves à dire ?

Ben ça rime non ? Vous n’auriez pas de cacahuètes pour le singe savant?

L’éléphant tu veux dire ! Si le mur ne l’avait pas stoppé, ton maître volerait encore !

Pas vu pas pris !

Toute la cour t’a vu.

Vous avez déjà vu un éléphant décortiquer une cacahuète ?

Mais enfin On s’en fout complètement ! Quel age tu as ?

Je ne sais pas : j’ai grandi dans la Jungle !

Ah oui, et c’est là que tu as appris le français ?

Oui : dans la drôle de jungle de Pondichéry avec de drôle de loups.

Colonel !

Clac Clac Clac

Il est mort ?

Avec le coup qu’il a pris sur le plexus solaire, c’est un miraculé.

Emmanuel ?

Quoi ?

Fuyez ! C’est le moment ou jamais !

T’abandonner ? Non ! Quand il va se réveiller, tu vas déguster !

Je vous signale que l’exécuté, ce n’était pas moi mais vous !

Quoi ? Les hommes auraient tiré je me serai présenté a la fenêtre ?

Non ! Dans la cour ! Ils viennent de vous exécuter dans la cour !

Oh le salaud !

Emmanuel ! Qu’est ce que vous faites ?

Je venge mon frère !

Quel frère ? L’exécuté c’est personne.

L’homme invisible ?

Je voulais dire que le colonel voulait faire croire au village que c’était vous.

Le coup de pied dans la fourmilière !

Vous auriez du choisir l’étouffement, la strangulation ça laisse des traces !

Tais toi ! J’ai eu un coup de sang mais j’allais m’arrêter.

De toute façon vous le tuerez tôt ou tard.

Mais enfin Anguel, un prêtre ça ne tue pas !

On parie ?

Non Anguel, un curé, ça ne parie pas non plus.

Dommage !

Qu’est ce que tu sais que je ne sais pas !

Emmanuel ! Vous alliez m’étrangler aussi ?

J’allais te saisir les épaules pour te secouer.

Ce n’est pas en me secouant que vous allez sortir quelque chose de moi !

Pourquoi tu es nu ?

Parce qu’il fait chaud et qu’a l’intérieur de la caserne on a le droit.

Mais enfin, regarde tes camarades, ils n’enlèvent que le haut, pas le bas.

C’est parce qu’ils ne veulent pas mais le colonel a décrété que c’était permis !

Puis efface cette croix gammée

C’est un tatouage.

Tu n’as pas honte ?

Ce n’est pas la croix nazie regardez les branches, elles tournent vers la gauche.

Zip

Tu ne serais pas en train d’essayer de voler quelque chose dans ma poche kangourou ?

Récupérer !

On demande !

Je peux récupérer mon arme ?

Non !

Celle du colonel ?

Non plus !

Vous n’avez pas besoin de deux pistolets !

J’ai deux mains !

Vous pourriez tuer pour protéger Fanfan ?

On verra bien !

Il tuerait aussi pour vous.

La seule façon de protéger Fanfan, c’est d’être a ses côtés.

Fanfan est avec Ernesto.

Ernesto ? C’est qui celui là ?

Le livreur !

Le livreur de quoi ?

De tout.

De la part du boucher ?

Desfois! Mais aussi de la part de la contrebande.

Du poisson ?

Plein !

Où est ce qu’il habite ?

Chez sa tante : au « Rendez vous ».

Je ne suis plus là !

Menteur !

C’est celui qui dit qui est !

Oui je sais, il faut qu’on parle ! Je ferme la fenêtre vous fermez la porte ?

Plus tard !

CLAC

Emmanuel ? Où êtes vous ? Quand il fait noir comme ça on ne vous voit plus !

Ah d’accord : même pas au revoir donc.

Parce que déjà courir c’est interdit mais en plus courir si vite c’est dangereux !

Quand on disparaît il vaut mieux prévenir quelqu’un d’où on va réapparaître !

Emmanuel, je me sens seul !

Colonel !

Clac Clac Clac

Rrrrron…zzzzzzzzz