BANG !

Mais enfin Colonel ! Qu’est ce qui vous prend d’enfoncer ma porte ?

Désolé : je me suis trompé !

Les toilettes sont au fond de la cour !

J’ai entendu crier, j’ai cru qu’ un danger vous menaçait.  

Non mais je rêve ! C’est vous le danger ! Je vous signale que vous êtes dans une école !

Qui fait aussi mairie et puis nous sommes en pleine vacances  d’été !

Je vous préviens, il va falloir remettre la porte en place avant de partir !

Vous avez une boîte a outils ? Nous pourrions peut-être la remettre en place de suite et recommencer ?

Commencez donc par reculer, vous marchez sur ma porte ! Attila !

Mais non : je marche sur l’homme a qui j’ai demandé de l’enfoncer et qui s’est affalé dessus !

Mais enfin, n’essuyez pas vos bottes sur son dos, c’est humiliant !

Mais il dort, enfin non : il s’est assommé, enfin non : il est ivre mort.

Ah bravo, elle est belle l’armée allemande !

C’est mon goutteur : Il a bu pour deux, je sors a l’instant du pot d’arrivée de la nouvelle bonne.

Vous y étiez ?

Les cinq dernières minutes !

Le curé vous avait invité ?

Oui ! Mais peut-être pas annoncé.

J’étais en train de coudre quand vous m’avez interrompue !

Mais ce n’est pas votre métier ?

Mais enfin Colonel, toutes les femmes cousent, plus ou moins.

… Bien ?

Bien, cousent plus ou moins bien, en effet ! Pour leur mari par exemple.

La professionnelle c’est Marguerite !

Vous devez être un bon danseur de tango Colonel.

J’ai fait un peu d’escrime, les pas sont les mêmes. Mais là c’est vous qui menez.

C’est normal : c’est moi qui ai l’arme.

Vous voulez m’achever ? Certes j’ai raté mon entrée mais je ne suis pas blessé !

Je veux vous tenir a votre place, pas celle du jeune premier.

Ne me dites pas que seul le fil retient votre bras !

Je vous préviens : c’est du fil élastique ! A l’infini !

Et invisible ? Je ne le voie pas !

C’est la bonne distance : conservez là !

Si aiguille il y a, je ne la voie pas non plus.

Chting !

Hein ? Comment vous avez fait cette étincelle ?

J’ai arrêté de reculer ! Et déviée votre épée avec mon bouclier.

Mais enfin, dévier une aiguille a coudre avec une chevalière, c’est plus ardu, non ?

C’est pareil, vous me visiez les yeux, non ?

Ce n’est pas permis ? Quand la personne recule ?

C’est pour mes yeux que vous tremblez ou vous trembliez déjà ?

Voulez vous me lâcher la main s’il vous plaît et retirer la votre d’autour de ma taille.

Dommage que la musique se soit arrêtée, je vous aurais invitée a danser.

Les bals sont interdits, alors évidement, si vous vous y montrez, ça s’arrête !

Je me disais bien aussi que quelque chose m’échappait. Et même plutôt quelqu’un !

La bonne peut-être ?

Non : vous !

Mais j’y étais aussi : les cinq premières minutes.

Je vous ai manqué au début, vous m’avez manqué a la fin, nous nous serions donc beaucoup manqué ?

C’est votre bouche que je devais coudre !

Parce que j’ essaie difficilement de faire un bon mot ?

Au cas où vous essaieriez difficilement de me faire la cour !

Disons pas manqué l’un a l’autre mais manqué l’un l’autre ! Comme la bonne et le curé !

Vous avez toujours un train de retard : ils se sont télescopés en pleine gare.

Ah bon ! L’un l’autre ?

Oui, j’aurais dit « l’un à l’autre » si ils s’étaient accrochés comme des wagons. 

Heureusement qu’ils n’en sont pas : des wagons qui se télescopent, ce n’est pas beau a voir.

Il était en retard, comme toujours.

Et encore, il est venu, moi je n’ai pas eu cette chance a notre dernier rendez-vous !

Je parlai du train. Le curé, lui, est toujours en avance.

Alors pourquoi il court ?

Je vous l’ai dit : pour être en avance.

Moi je suis quand même arrivé a temps : le loup ne vous a pas entièrement dévoré !

Vous êtes le chasseur sauveur ? Parce que si oui, ça fait de moi la mère- grand !

Et c’est peut-être une queue de loup que vous cachez dans votre dos ?

Mais quand est ce que vous allez arrêter, tous, avec ce loup ?

Mais je l’ai entendu hurler : « Houuuuuu ! Houuuuuu ! »

Non, ça c’est un cri de fantôme !

C’est qu’il y avait dans ce cri comme une plainte !

Il a eu un peu de mal a disparaître, les murs sont si épais.

On dit qu’ils ont parfois des oreilles.

Vous réglerez les vôtres : c’est moi qui ai crié !

On dit aussi que l’école étant adossée a la montagne, elle sonne creux.

Toc toc… toc toc… toc toc…

Comment vous savez ça vous ?

J’écoute aux portes.

Toc toc… toc toc… toc toc…

A la porte du curé ?

A la votre.

Toc toc… toc toc… toc toc…

Je vais devoir faire comme le curé, la supprimer ?

On la lui a volé !

Toc toc… toc toc… toc toc… oc… oc.

Ces murs en ont tellement entendu depuis le temps qu’ ils doivent savoir parfaitement lire et écrire maintenant.

Et même savoir compter. Là, vous entendez ? L’ écho !

Toc toc… toc toc… toc toc… oc… oc.

Ah oui ! Ça ne viendrait pas plutôt du placard ?

Possible ! Si il est vide. 

Jetez y un œil que je vous y pousse a l’intérieur !

Si quelqu’un m’y trouvait, ça ferait un grand bruit dans un petit village !

Il pourrait même avoir pas mal d’écho vu qu’un chat-bombardier et un chien coupe-route vous y attendent !

Une union fraternelle entre chien et chat rien que pour moi ? Quelle haute destinée ! Je prends !

Et notez le : mystérieusement dans le calme et le silence d’avant la tempête !

Pourquoi n’avez vous pas répondu quand nous avons tambouriné a la porte !

J’ai cru que c’était l’orage !

Ah ah ! Heureusement que vous n’étiez pas derrière, vous auriez aussi vu les éclairs !

Où est Anguel ? Il frappait a la porte avec son petit doigt.

Aucune idée !

Tiens donc ! Moi, on m’avait dit qu’il chassait le chat !

Oh oh ! Qu’ils sont drôles ! Avec une aiguille ?

Et du fil !

A moins qu’il ne chasse les chats d’aiguille ?

Après la secte des assachiens, voici la secte des assachats !

Non : si vous fermez les fenêtres et bouchez les chatières.

En plein mois d’août ? Un chat ça ne s’attache pas comme un chauffeur a son volant !

Il avait découché.

Ah carrément ! Avec qui ?

Je ne sais pas ! D’habitude c’est lui qui flaire les pistes, moi a ce stade je n’en ai aucune.

On dirait que vous parlez d’un chien.

C’est vous qui avez commencé : quand un chien fugue, c’est après une chienne !

C’est gentil comme observation, heureusement qu’il ne vous entend pas.

Il n’est pas là ? Je veux dire : il n’est pas dans le village ?

Vous vous doutez bien qu’ il comptait être a la caserne ce matin sans que personne s’en aperçoive.

Oui : seulement il y a eu notre drôle de feu d’artifice.

J’ai ouïe dire qu’ Anguel n’est pas le premier a faire le mur ?

Non : j’en ai cinq cents dans le même esprit que lui.

Ils n’ont pas tous l’air d’être heureux d’être là en effet !

Certains arrivent jusqu’à la ville, ils boivent, ils fument, ils refont le monde l’espace d’une nuit.

Ah ! Elle est bien bonne, et ils rêvent de leur petite fiancée restée au pays ?

Le plus embêtant, c’est quand ils ne reviennent pas.

Sans vouloir le trahir, il a peut-être une bonne raison de rester ici.

Alors j’imagine que je vais rentrer et le retrouver tout penaud en train de balayer la cour.

Ce n’est pas le genre a vous abandonner !

Le plus dur ça va être de le punir au même tarif que ses camarades !

On a tous nos préférés, je connais le dilemme.

Ils y sont tous dans la même… euh… boue, et jusqu’au cou, certains l’ont choisi, d’autres pas.

Dommage que la guerre ne se fasse pas avec des fusils a patates.

Je ne pourrai pas les sauver tous, fuir est tout aussi dangereux, pour l’instant.

Attention ! Vous pensez a voix haute colonel !

Et « Olboku  », votre pie qui parle, celle qui répète tout, elle n’est pas là au moins ?

Comment vous appelez ma pie ?

« Olboku », ce sont mes hommes qui l’ont baptisé ainsi ! Elle les siffle quand ils passent.

Il ne faut pas qu’ils lui lancent des gros mots, elle les répète.

Même en allemand ?

Ce sont ses préférés !

Mais vous et votre mari, vous dites bien des gros mots, des petits ?

Devant elle, nous prenons soin de parler en Verlan, vous connaissez ?

Malheureusement pas ! Donc ce n’était pas votre pie… ce petit cri avec cet accent belge !

Il faut vous le dire en quelle langue ? En cilbéim.

Non plus !

Pour la seconde fois, c’est moi qui ai crié ! Moi !

Le premier « Hou » ou le second « hou » ?

les deux capitaine.

Colonel.

De mes deux.

De vos deux quoi ? Villages ?

C’est du Verlan !

Le verlan que Pinpon et Fanfan pratiquent ? Apprenez moi : j’ai un don pour les langues.

D’accord ! Voyons ça ! Qu’avons nous ?

Deux !

Mais deux que multiplie deux.

Quatre !

Oui : bravo, nous allons les noter au tableau noir !

D’accord !

2

……

m

……

et

……

……

C’est du langage codé !

A vous ! Prenez la craie et transformons tout ça !

En quatre lettres ?

Un nom oui !

Un non peut être oui ?

Un nom propre !

Vous me ferez penser a effacer : le corbeau s’amuse a imiter les écritures.

Dans l’alphabet, les deux lettres après le m, sont… sont… ?

Le n et le o ?

Donc qu’est ce que l’on pose en premier ? Le… Le… ?

Le n ?

Oui bravo ! Posez le !

……

Voilà !

Jusqu’ici, c’est clair ?

Comme de l’eau !

Le n est en haut, il flotte !

Ça s’écrit de bas en haut !

Oui : bravo. Donc… donc… ?

Le « o  » est dessous !

Oui : il coule tout en bas !

Et pourquoi ?

C’est comme ça, c’est la loi !

La loi de l’attraction ! Logique !

Et … ?

Et …

Et … ?

Noé !

Non : pas encore! ? Qu’avons nous au milieu ?

Mais…

Il y a pas de mais !

Un « m » ?

Bravo : vous êtes doué, posez le !

Où ?

N’importe où !

D’accord : il tombe et coiffe le o.

Attention : c’est un « M  » majuscule ! En forme de bonnet d’âne !

……

Et … ?

Et …

Et … ?

Il en manque une !

C’est là qu’est la subtilité !

Là je nage.

Elle est là sous nos yeux !

On dirait une bataille navale ou les bateaux jouent a saute mouton.

C’est en trois dimension. Prenez du recul ! Sans tomber de l’estrade !

Des nombres, des lettres, et…

Et ?

Le « o » est un zéro !

Non !

Oh oh !

Quelque chose est en double mais pas le o

Le « n »  est majuscule !

Non ! Ne l’alourdissez pas !

Des nombres, des lettres, et…des mots !

La lettre manquante est là, cachée mais en évidence ! Relisez !

Le mot « et » n’est pas un mot mais une lettre !

Voilà ! Posez le !

crrrrrrrrrrrrrrrrriiiiiiiiiiiiiiiiiii

Aie ! Il était aigu celui-là ! Pardonnez moi !

Je suis immunisé !

Et voici un « é » aigu.

Ce qui donne ? Référence a votre… a votre… a votre « N », là, sur sur votre bague.

Napoléon ?

Non, pas un empereur : un capitaine ! Némo !

Ah c’était fini ! C’est d’une simplicité !

Ah : le verlan c’est comme ça !

A moi ! Devinette : le premier cri est animal.

Encore !

Masculin. 

Je n’en ai pas honte ! j’aurai aimé être une homme !

Le second est plus étouffé.

Une charade sur un papier de bonbon !

Non : mon premier pique.

Vous n’avez pas regardé a travers la serrure au moins !

Mon second est orné de petits point rouge !

Ça y est Colonel : vous me fatiguez !

Mon tout est le cri d’un drôle d’oiseau qui adore le noir.

« Houx…houx… ! ». L’ululement !

Vous voulez dire le hululement ?

Les deux existent.

Vous étiez deux, deux cris, un masculin, un féminin.

J’ai le cri grave !

Reclus dans ma caserne, je vous entends souvent crier après votre mari… et c’est dans les aigus.

Ce n’est pas la même chose, dans ces cas là je ne crie pas, j’élève simplement un peu la voix !

Pourquoi avoir étouffé votre second cri ?

Par réflexe !

Et pourquoi pas le premier ?

Je comprends mieux pourquoi certains de vos soldats vous quittent !

Vous me feriez voir où vous vous êtes piquée s’il vous plaît !

Pourquoi ? Vous voulez m’ y repiquer !

Jamais deux sans trois !

Ça ne va pas être possible car voyez vous, enfin « voyez vous ? », c’est une façon de parler, je me suis piqué les fesses !

Ce ne sont pas plutôt les infirmières de la croix rouge qui piquent les fesses ?

Madeleine ? Jamais de la vie ! Je préférerais me piquer moi-même.

Ce matin, elle avait un foulard sur la tête qu’on aurait dit une coccinelle.

Ce n’est pas très français ça !

Critiquer son voisin ? Mais c’est universel !

Je parlais de la grammaire de votre phrase !

Moi c’est Pinpon que je n’aime pas avec sa plume de paon planté sur son chapeau !

Vous comptez demander un décret qui interdit de planter sa plume où on veut ?

Je vois bien ce que vous cachez dans votre dos !

Ah oui ? Et c’est quoi ?

Un pantalon d’homme !

Et moi ? Vous pensez que je ne vois pas ce que vous cachez dans votre dos ?

C’est une corde et je ne la cache pas, elle est pour votre mari.

Et qu’est ce que vous voulez qu’il fasse d’une corde ?

Ça, il ne me l’a pas dit, peut-être attacher son pantalon le temps que vous lui recousiez son bouton.

Mais vous voyez bien qu’il n’est pas dans son pantalon !

Du coup il ne doit pas être bien loin.

Il n’est pas visible !

Est ce que je pourrai au moins lui parler s’il vous plaît ? C’est important.

Ça tombe mal parce qu’il a une extinction de voix ! Repassez demain.

Dites lui bien que j’ai besoin de lui.

Mais vous voulez bien laisser mon mari tranquille oui ?

Que j’ai besoin de quelque chose qu’il a.

Ce n’est pas de corde j’espère ? Parce qu’ il ne lui en faut pas !

Son exploit au bout de celle du clocher a provoqué l’admiration.

C’est lui la cloche ! Si il voulait faire de l’exercice, pourquoi il n’ a pas pris les escaliers ?

Ce n’est pas moi qui lui ai donné la permission, j’interdis de monter dans le clocher !

Alors pourquoi vous ne l’avez pas mis au fer, au pain sec et a l’eau ? Et sans tabac : ça lui ferait du bien.

Dites lui que j’ai besoin de sa chaîne, il comprendra.

Et pas moi ?

Vous avez compris ?

Il ne sort plus : Monsieur le maire a deux ans de travail de retard !

Et mon décret anti chiens errants ?

Voyez ça avec les gendarmes !

Pour qu’il les abattent ?

Ah : c’est eux les barbares ? Et vous le gentil pirate.

Sans épée.

Bon, maintenant si vous pouviez aller jouer a cache-cache avec mon mari ailleurs, ça me ferait des vacances.

Mais vous n’êtes pas déjà grandes vacances ?

Je donne a Fanfan son cour de latin quotidien.

Il vous a apporté des fleurs, comme c’est gentil !

Ce sont celles d’hier.

Des chardons ? Et le langage des fleurs ?

Les roses piquent aussi !

Le curé le cherche.

Et Fanfan le fuit.

On dirait qu’il teste son autorité !

Et même son amour. Je ne comprend pas : avec moi c’est un ange !

Quel âge il a ?

Dix huit ans ! Moins un jour, pour ne pas rentrer dans l’armée.

L’âge de rentrer au séminaire ?

C’est un enfant trouvé : on ne connaît pas son âge ! Ce matin il était apprenti facteur !

Comme moi.

Vous ? facteur ? 

Et je vous transmet un message de Monsieur le curé !

Moi je vous transmet un conseil : ne prenez pas notre gentillesse pour de l’ idiotie !

Il vous demande de retenir Fanfan en classe par tous les moyens.

Il a écrit ça ? « Par tous les moyens » ?

Nous appliquons des méthodes de communication plus adaptées a la situation que le papier !

Qu’est ce qui se passe ? Pourquoi vous ne me l’avez pas dit plus tôt ?

Parce que le message était pour votre mari !

Mais enfin, lui ou moi : c’est la même chose ! Qu’est ce qu’il vous a dit d’autre ?

De lui faire faire de la philosophie.

Grecque ou romaine ?

Ça il ne me l’a pas dit, mais il m’a dit d’autres choses qui ne sont que pour Monsieur le maire.

C’est moi le maire !

Et moi l’apprenti facteur de l’après midi. Je suis sous serment.

Ah c’est comme ça ?

Je le regrette !

Et moi Je vous fais le serment de vous envoyer notre apprenti maire dés qu’il aura récupéré son pantalon ! Au revoir !

Au revoir Madame !

Vous transmettrez Le bonjour aux américains si vous en voyez ! Je ne vous l’écris pas ?

A tout de suite Baptiste ! Je vous attends dehors.

Vous appelez mon mari par son prénom ?

Oui ! Comme on le fait avec un ami !

Ah ça y est, j’ai compris pourquoi vous vouliez voir mon mari.

J’espère bien que non : c’est un secret !

Vous avez besoin de ma fouine pour retrouver votre chien.

Une fouine ? Votre mari ne fouine pas, c’est la discrétion incarnée.

Non, en effet, ce n’est pas lui, c’est son pendule qui le mène.

J’avoue : j’ai besoin de son pendule. La chaîne était une chaînette.

C’était ça ? Vous cherchiez le sourcier pour trouver votre source ?

Vous, vous ne croyez pas a la radiesthésie ?

Et vous pensez que pour que le pendule oscille, il faut que mon mari soit au bout ?

Oui, et qu’a l’autre bout, il y ait la source.

Nous n’avons besoin ni de mon mari ni du pendule, prêtez moi votre montre !

Elle est cassée !

Alors pourquoi vous n’arrêtez pas de la regarder ?

Prêtez moi votre mari.

Il est blessé !

Gravement ?

C’était un accident !

Un accident ! Sachez que quoi qu’il soit arrivé, je vous couvre.

Et vous vous dévoilez en me couvrant !

C’est ce qu’il aurait voulu.

C’est tout ce que ça vous fait ? Heureusement qu’il ne vous entend pas !

Mais on ne sait jamais !

Quand on ne sait pas, on ne dit pas.

Vous l’avez piqué ?

Dans l’œil ! Cet imbécile s’est rapproché comme une fouine pour me voir coudre, alors bien sûr, avec du fil élastique…

Il y a de quoi crier, en effet.

A travers la paupière.

De telles horreurs ne s’inventent pas !

Alors vous me croyez ?

Dans l’œil ! Tout de même !

Oui, pas dans les fesses, l’apprenti infirmière : c’est Madeleine.

Et ce n’est pas parce qu’on travaille a la croix rouge qu’on est infirmière.

Non : Madeleine, elle leur porte des petits pains.

Vous savez pourquoi je sais que votre mari n’est pas dans l’armoire ?

Vous sentez une odeur du tabac ?

Mais non !

Il n’a pas intérêt a fumer dans sa mairie ce cochon sinon je vais lui remonter les bretelles !

Il a vraiment des bretelles ou c’est juste l’expression ?

Comment savez vous que mon mari a peur du noir ?

Parce qu’il me l’a confié !

Le menteur : c’est un animal de la nuit comme le loup, le fantôme et le hibou.

D’accord : c’est aussi un bon sourcier, ça me suffit !

C’est moi qui lui ai appris. retirez la photo du gousset et posez la sur ce bureau d’écolier. 

Si vous fermez les yeux !

Je vous préviens que moi, je n’ai pas le temps de me promener a travers la campagne.

Vous devriez vous servir de l’aiguille et de son fil ?

Vous êtes sourcier ?

Excusez moi !

Belle pendule, dis moi où est passée la belle source qui est sur cette photo.

La belle source où Narcisse se mire.

Taisez vous ! Et toi, parle !

Mais il ne peux que répondre par oui ou par non !

Vous permettez ? J’ai vu mon père exercer tout au long de sa vie !

Parce que vous êtes drôlement habile avec une aiguille !

Taisez vous ou je vais chercher la baguette!

La baguette de la boulangère ?

Non : ma baguette pour montrer les mots au tableau !

Ah oui : la baguette de la sourcière !

.

On attend le sens du oui ! Silence !

C’est ce que je me demandais !« Qu’est ce qu’on attend ? » Vous aussi vous lisez les pensées ?

Je lis les pendules, le temps s’était inversé et j’ai donné la réponse avant la question.

Mais je n’aurai jamais confié ma question si vous n’y aviez pas répondu !

Bon, j’ai deviné : ça vous va comme ça ?

Tac…tic…tac…

Mais je rêve où elle fait tic- tac ?

Non elle fait tac-tic !

Mais elle ne marchait plus !

Ce n’est pas moi : je ne répare pas les montres !

D’accord : le oui est à droite !

Mais vous bougez vos doigts ! Non ! Recommencez !

Posez votre question !

Il est parti avec une fille ou un garçon ?

Il est parti avec une fille ou un garçon ?

.

La question l’arrête ! C’est peut-être pas la bonne !

.

Ça peut être long !

.

J’ai tout mon temps !

Et répétitif !

Ah ?

.

Il vous fait mentir ? Il bouge ?

.

Pas encore !

.

.

Mais si : ça bouge un peu.

……………

Elle va vers le placard !

Elle ne va nulle part et nous non plus !

C’est oui ! Je m’en doutais !

Pendule dis moi : Est ce que le prénom de cette fille est… Euh… vous avez une idée ?

Une fille ? Non ! Je ne vois pas !

Madeleine ?

Oui : est ce que c’est Madeleine ?

Est ce que c’est Madeleine ?

.

Oui ! Ça a bougé ! Allez ! Popeye ! Debout ! Nous aussi on bouge !

Popeye ?

Oui : nous avons tous un surnom, moi même…

Oui, oui, je le connais, est ce que vous pourriez arrêter de donner des coup de pieds à… Popeye ?

C’est un marin, je l’ai toujours réveillé comme ça !

Ah : un pirate !

Un mercenaire pour être exact ! Vous le verriez a jeun !

Donc un marin ça se réveille a coup de pieds ! On en apprend tous les jours !

Lorsqu’ il a passé la nuit devant la porte d’un tripot et que son navire l’attend , oui !

Vous nous quittez ?

C’est une image !

Il n’y a pas de tripot a Merlan Cloche.

Mais il y a des bals clandestins !

De toutes sortes ! Tenez ! Essayez donc de le réveiller avec ça !

C’est quoi ?

Du poison !

Vous y avez trempé votre aiguille ?

Ce sont des sels.

Des sels ? Ce sera bien la première fois qu’un pirate va humer des sels !

Ouvrez !

pop

Mais c’est que ça sent très bon, et ça fait tourner la tête !

Votre kamikaze va me remettre ma porte en deux temps trois mouvements !

Vous avez dit « kamikaze » ? Comme la langue japonaise est belle dans votre bouche !

C’est quoi ce grand sourire ?

Ce sont les sels ! Il y a quoi là dedans ?

Ça, il faudrait le demander au curé, des fleurs ?

Ça saoule : je ne sais plus où je suis.

Vous êtes sur le départ !

Je ne pars pas sans mon garde du corps. On en veut a ma vie.

Cette folie des grandeurs ne vous a toujours pas quittée ?

Vous croyez toujours que la cavalerie va me jouer du clairon avant de m’attaquer ?

Ah oui c’est vrai : les grands stratèges coupent d’abord la tête.

Oui : pourquoi tout abîmer ?

Personne ne va venir vous exécuter comme dans un roman mais si c’était le cas, sacrifiez-vous !

Si vous étiez dans la résistance, vous m’embrocheriez ?

Je serai tenté oui ! Vous savez où on peut postuler ?

Lâchez vous ! Piquez Popeye !

Je le savais : vous êtes malade !

Son dos a été insensibilisé par les coups de fouets.

Mais qu’est ce que vous racontez ?

Sur les fesses !

Mais mais mais lui ça lui va mal lui faire ! Lui faire ça faire mais mais mais ça mais c’est mal !

Ça va le réveiller !

Vous essayez de m’hypnotiser, vous êtes un serpent !

Il le mérite ! Vous savez pourquoi il sourit ?

Parce qu’il est gentil ? Il a l’air gentil !

Il se pose des questions ?

Il n’a pas l’air état de se poser des questions. Il observe le papillon qui vient de rentrer.

Et il se demande peut-être pourquoi le papillon qui s’est posé sur le chardon ne se pique pas les pattes ?

Pour moi, il ne demande rien, ni a lui ni a personne : il sourit.

Parce qu’il se demande ce que vous cachez dans votre placard : un homme une femme, un enfant, un animal.

Ben expliquez lui : que nous aimons bien plaisanter ! Si il le répète ?

Il est sourd muet !

Alors je vais ouvrir le placard !

Il y a un cadenas ! Popeye a enfoncé assez de porte pour aujourd’hui !

J’ai la clé.

Je l’ai vu briller la clé a travers vos cheveux.

Vous regardez mes seins ?

Mon goûteur goûtait mes verres, il ne les finissait pas ! Et les villageois ont insisté pour m’empoisonner.

Vous n’avez pas eu l’impression qu’il y a comme de l’électricité dans l’air ?

Ça expliquerait les boules de feu dans le ciel sur lesquelles mes hommes ont tiré cette nuit !

Quelles boules de feu ?

Des éclairs en forme de boules, un phénomène météorologique très rare.

Pourquoi ils auraient tiré sur des boules de feu ?

C’est exactement ce que je leur ai demandé : « Pourquoi vous avez tiré sur des boules de feu ? »

Moi, de sur mon balcon, la seule chose que j’ai vu ce sont des traits de feu.

Ah ? Vous pensez qu’ils auraient tiré sur des étoiles filantes ? Parce que c’est la saison.

Peut être trouventils qu’ils ne font pas assez de bruit le jour.

Sachez que celui qui a commencé a tirer et entraîné les autres sera sévèrement puni.

Sachez que priver quelqu’un de sommeil provoque des hallucinations.

J’en tiendrais compte, il va passer en cour martiale !

Ils s’y sont mis en chœur, faites une punition collective.

Je ne peux pas fusiller trop d’hommes, j’en ai besoin.

Et le fouet ?

Non, ce ne sont pas des marins, encore moins des pirates !

Pour votre information, de sur mon balcon, j’ai clairement entendu le bourdonnement d’un avion.

Avant les tirs ? Ce n’est pas leur version.

Oui avant : je suis insomniaque.

Vous venez peut être de sauver la vie d’un homme !

Ce n’est pas Anguel au moins ?

Dans le placard ? je ne sais pas : c’est a vous de me dire.

Mais non : dans votre cour martiale !

Vous l’entendez comme moi, ce n’est pas une hallucination ? Dans votre placard…

Le placard de la mairie !

J’entends quelqu’un ronfler !

Et vous vous demandez si ce n’est pas Anguel ? Parce qu’Anguel ronfle ?

Mais qu’est ce que j’en sais ? Je ne dors pas avec lui !

Vous devriez le dire plus souvent !

Pourquoi ? A qui ? Tout le monde me fuit !

Le corbeau rectifierait !

C’est un chat qui ronronne ?

Où une bête sauvage qui vous grogne !

C’est beaucoup plus aigu comme un ruisseau qui gronde.

J’y suis : c’est Radio Londres ! Le général ! Garde a vous !

Je préférerais que ce soit ça plutôt que ce que le corbeau raconte !

Vous savez que parfois l’intéressé ne sait pas ce que les autres savent !

Ah ! Vous ne l’avez pas lu ?

Et là il faut que quelqu’un de courageux éclaire l’intéressé.

Ah non ! Il n’en est pas question !

Pour son bien ! Un ami !

Vous m’offrez votre amitié ?

Je vous offre ce que vous voulez ! Rapportez

Mais vous ne pouvez pas tout offrir a un homme !

Essayez !

Offrez moi une toute petite chance de vous revoir !

Cette nuit, minuit dans la grotte qui donne sur la mer !

Hein ? Promettez !

Je promets ! Et d’un !

Il dit que vous enfermez vos écoliers dans l’armoire pour les punir !

Et pourquoi pas que je les déculotte pour les fesser ?

Il le dit aussi.

Alors ce n’est pas un de mes anciens élèves ! Moi, un bonnet d’âne me suffit !

Il dit aussi…

Stop : j’ai assez entendu d’insanités !

Vous avez l’air déçue de notre marché.

J’aurais préféré qu’il dise que je suis dans la résistance.

J’aurais été obligé de vous interroger !

Et c’est pour ça que je vais venir me faire conter fleurette après la fête ?

Vous savez, avec cette boutade qui circule : « Si le corbeau le dit… alors… »

Les crapaud baveux de la table de la belote ? Je les emmerde ces cons !

Il y a parmi eux le père de Fanfan !

Il est payé par l’église pour l’être, ce Ténardier des plages !

Allons, blanche colombe !

Mince : je me met a baver aussi.

Chling

C’est la boîte a don de Madeleine ?

Oui : un gros mot une pièce, pour vacciner dans le camp des espagnols. Vous la lui ramènerez. La boulangerie ouvre a deux heures.

C’est pas deux pièces pour deux gros mots ?

Dans une même phrase.

Moi j’aime bien quand vous êtes en colère!

Parce que je dis des gros mots ? Vous aimez les femmes vulgaires ?

Et quand vous êtes troublée et que vous commencez a bredouiller, alors là, c’est le summum!

Mais qu’allez vous inventer encore ! Pas du tout !

Mais si, et j’ai décidé de vous rendre folle car au fond vous aimez ça !

J’ai l’impression que vous en savez sur les autres plus qu’ils n’en savent sur vous !

Votre mari qui ne parle que de vous m’a confié qu’il vous arrive de bredouiller.

C’est touchant de sa part ! Mais je trouve que c’est personnel : je le gronderai.

Pas trop fort ! Et ne me dénoncez pas s’il vous plaît.

Laissez la porte, mon ami, le cantonnier le fera.

Je peux vous envoyer mes hommes. Il a l’air très occupé.

Et pas trop préoccupé, ça pourrait être sa devise.

J’ai entendu parler de cette rigole bouchée devant votre maison.

Si il fait un gros orage. L’eau va y renter.

Je cours jusqu’à la caserne et je vous envoie mes hommes. Les plus gentils ! On en a.

L’orage pouvant surgir a tout moment : je ne peux qu’accepter. 

Vous rentrerez votre pie.

Moussaka va être fou de jalousie en apprenant que l’armée a surgi plus vite que lui.

Son cousin est toujours coincé a Marseille il en met du temps a surgi lui aussi.

Vous l’avez encore attendu a la gare !

Bien sur : je dois l’interroger, voir si il n’est pas envoyé par la résistance.

Demanderez lui surtout comment il a fait pour perdre l’argent qu’on lui a envoyé pour le billet !

Il pourrait même être Ramouncho !

Ramouncho n’existe pas, c’est une chanson, les villageois se moquent de vous !

Hé bien pas moi, ni mes soldats que je sache !

Et puis si il est aussi efficace que son cousin, elle va être belle la résistance !

Si la boîte de la croix rouge servait aux méchancetés, vous devriez mettre une pièce.

Mon dieu, mais vous avez raison : je deviens mauvaise langue. Merci de me reprendre.

Chling

C’est le bruit d’une pièce ?

Non : c’est ma bouche, j’ai dit « Chling » avec ma bouche.

Vous vouliez me le faire croire ?

Non : je mettrais un billet dans la boîte de la Vierge Marie : critiquer un handicapé, c’est trop grave.

En parlant de billet, j’ai acheté le bureau qui est en vitrine chez l’antiquaire.

Vous comptez le mettre chez vous ?

Oui, et je voudrais offrir mon ancien bureau a votre mari.

Il n’y a pas d’aigle ou autres gravés dessus, Je ne voudrais pas qu’il se prenne pour Napoléon.

Non ! Le mien a des petits moutons !

Ça endormirait mon mari ! Il ne fait pas trône au moins ?

A peine mieux qu’un banc d’école !

Parce que mon mari est très humble.

Comme dit le boucher : « Qu’importe le banc, l’important c’est de poser son cul ?

Bravo ! Vous avez dit un gros mot : vous avez une pièce !

La gentille croix rouge vous dit merci Monsieur le méchant boucher !

Schling

C’est une pièce allemande ? On aurait dit de l’or ?

Oh zut ! Vous êtes sûre ?

De moins en moins ! Et même sûre que non !

j’ai dit a l’antiquaire qu’ il avait appartenu au pape.

Votre nouveau bureau ? Mais pourquoi ?

Parce que lorsque j’étais enfant je suis entré dans son bureau avec mon père qui était roi.

Oui : il s’est penché sur vous et vous a caressé la tête.

J’avais même une photo !

Je l’ai vu ! Sur votre ancien bureau, vous avez l’air apeuré.

Je l’ai sur moi ! Regardez a nouveau !

Ah oui ! Beau bureau ! Mais pourquoi lui avez vous dit ?

Pour le payer a prix d’or ! Si je peux les aider a vivre mieux ailleurs.

C’est gentil mais c’est ici qu’ils voulaient vivre !

Vous pensez qu’ils se cachent ?

Vous avez peur qu’ils tombent sur votre trésor ?

Madame ! Votre langue !

Je parle de votre ours des cavernes, qu’est qui vous prend ?

Vous les avez bien aidés, en bonne chrétienne.

Personne n’a rien a se reprocher dans le village.

J’espère qu’ils ont rejoint l’Amérique.

La mer est sûre ?

La mer est l’endroit le plus sûr de l’univers !

Ah, ça s’est bien vous ! Dessous peut -être !

Mais je vais vous la couper !

Ne racontez pas d’horreur, déjà qu’on se fait bombarder a cause de vous !

Cette guerre va bientôt finir.

Mais quand ?

Très bientôt !

Vous l’avez lu dans la boule de cristal de Gachoucha.

Quel imbécile j’ai été de la faire monter dans ma voiture le jour de mon arrivée.

Au moins vous savez qu’elle n’est pas dans la résistance.

Elle marchait sur bord de la route en lambeaux.

Elle s’est bien rhabillée maintenant !

Son bar marche bien.

Le bar du boucher !

Elle le lui loue, elle est chez elle !

Vous mentez drôlement bien !

Pourquoi je logerais ma maîtresse chez le boucher ?

Parce que vous ne pouvez pas la loger a la caserne.

Son mari va bientôt venir la rejoindre !

Je suis impatiente, vous irez l’attendre a la gare ?

J’ y ai eu le plaisir de rencontrer la bonne aujourd’hui.

Ah : elle n’a pas passé entre les mailles de votre filet anti-résistants !

Vous savez, on la croit toute petite parce qu’elle a les jambes arquées.

Oui : alors qu’elle est très grande quand elle s’étire.

Vous aussi, vous avez eu le plaisir de la voir s’étirer ?

Oui : pour bailler, même qu’elle met ses deux mains devant sa bouche !

Le dos de ses mains !

Tout ça perchée sur ses deux gros orteil. Elle vous plaît ?

Ce n’est pas mon genre !

Votre genre, c’est la princesse sur son balcon !

Je n’y peux rien si je suis de la lignée d’un roi.

On est de la lignée de qui on peut ! Qu’y faire ?

Oui : à moins de remonter le temps.

Si vous savez faire ça , en repassant le seuil, remettez bien ma porte.

J’en connais un qui n’est pas en avance, c’est Emmanuel avec votre élève.

Lui aussi vous l’appelez par son prénom maintenant ! Il vous a invité a danser ?

Il m’a fait le plus beau cadeau qu’on puisse faire a un homme.

Il vous a converti au christianisme ?

Non, au rugby.

Les hommes saouls sont incroyables ! Et dans quel camp ? Cloche ? Merlan ? Vous êtes allemand !

Vous oubliez le cas de l’ancien colonel !

Mais vos os vont craquer ! Ils plaquent vous savez ? Faites ça avec Bébert, il vous aime bien lui.

Moi j’aime bien son épouse, Marguerite !

C’est votre couturière ? Parce que celle-là, elle est a tout le monde !

Elle va me recoudre ma staviska : elle a été cousu a l’envers en usine.

Le devant derrière !

Du coup les branches de la staviska vont vers la gauche et non pas vers la droite.

Vous parlez aussi l’indien, Colonel ?

Un peu : un très long séjour chez un maharadja de mes amis.

Où il est l’ancien colonel ?

A la guerre, sur le front de l’Est, il s’ennuyait ici !

Alors pourquoi il a pleuré celui-là ?

On y meurt beaucoup. Il allait a l’église ?

Même les guerriers ont le droit d’adorer Dieu.

C’est ce qu’Emmanuel a dit ?

Non : moi, a l’instant !

Je vous jure que je ne voue aucun culte a Arès.

Je préfère que vous l’appeliez Mars.

Ni dieu ni planète.

Vous vous rendez compte que j’ai appris le latin a Emmanuel et qu’ils l’ ont envoyé en Grèce.

Chez les orthodoxes ?

Oui : un échange peut-être !

L’église romaine ?

Notre clergé pardi, lui et son frère étaient pupilles de l’église !

On dit que si on descend dans le puits de l’église on arrive en Australie.

On dit ça de beaucoup de puits puis quand on y descend…

Vous y êtes descendu ?

Tout le monde l’a vu mais par en dessous ! Moi ça ne m’a pas paru bien haut ! Pourtant j’étais petite.

Mais c’est fascinant ! J’aurais aimé grandir ici !

Nous avons notre puits ici a l’école ! Presque toutes les maisons de ce côté de la montagne en ont ! Vous voulez voir ?

Vous me feriez ce plaisir ?

Dans le placard !

Crouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii……

Quoi ! Mais il n’y a personne !

Ça, je vous l’avais dit mais vous ne vouliez pas me croire !

Une fissure ! Murée !

Je ne vous ai jamais vu aussi bouleversé, moi qui croyais vous faire plaisir !

Des boules de papier où les souris ont fait leurs nids !

La montagne a accouché d’une souris. Normal pour une souricière !

J’ai besoin de prendre l’air !

Sortez de votre abattement ! Venez sentir ce bon courant d’air glacé.

Non merci ! Je préfère rester là ! Abattu !

Vous voyez une pierre du mur manque ! Vous ne voulez pas faire « Houhou » dans le trou !

Non merci ! Pas de « Houhou » dans le trou !

Vous n’en reviendriez pas ! L’écho est une chorale !

J’en suis déjà revenu puisque je n’y vais pas !

Pour votre fantôme, reconnaissez que même nouveau-né ne pourrait pas passer par cette fente.

Éventuellement la bonne ! En s’étirant !

Ou la femme serpent du cirque !

Ah oui : je ne la connais pas !

Vous perdez quelque chose !

Vous aussi : tous les dossiers de la mairie s’envolent !

Ils étaient déjà perdus .

Qui est ce qui a construit ce mur ? le facteur cheval ?

Nos ancêtres les gaulois ! Pas le bauhauss !

Il donne la nausée rien qu’a le regarder !

Vous n’auriez pas peur mon Colonel ?

Je ne suis plus un enfant, par contre,vous, vu comme vos yeux brillent !

Lorsqu’on passe sa main dans le trou, elle brille !

De la lumière ? Mais comment est ce possible ? Poussez vous s’il vous plaît !

Voilà : jusqu’au coude ! Alors elle ne brille pas ?

Ah ! Quelle horreur !

Qu’est ce que c’est ? L’ours ?

Un champignon ! J’ai ramassé un champignon !

Ils sont énormes et phosphorescents.

A moins que l’ours ne se soit fait installer l’électricité !

Je vais vous expliquer.

Non merci ! « Toc toc » ! Il y a quelqu’un ?

N’appelez pas, malheureux !

Ah ah, c’est vous la peureuse !

Vous n’avez pas non plus beaucoup approché votre bouche, il n’y pas eu d’écho !

Il y a quelqu’un ? Hé oh ! La lumière !

Toc toc !

Mais ne tapez pas mon mur a coup de pieds ! Il est fragile !

Clocclocclocclocloccloccloccloccloccloc

Voilà , il s’écroule ! Retenez le !

Mais que voulez vous que j’y fasse ? A moins d’être un sumo !

Un quoi ?

Laissez tomber !

On ne laisse pas tomber !

Ne vous plaquez pas contre moi !

Vous devriez être flatté : c’est la première fois que je me plaque sur quelqu’un !

C’est vrai qu’ils sont énormes !

Vous me ferez penser a vous gifler quand ça sera fini, surtout si quelqu’un vient !

Je parlais des champignons ! Le mur se délite.

Il dégouline, non pas d’eau mais de lui-même !

Vous me faites mal, certaines deviennent pointues !

Non : d’ici que Moussaka cimente tout ça, nous serons tous américains !

Ils ne connaissaient pas le ciment vos ancêtres les gaulois ?

Non : ils empilaient !

Alors laissez couler, nous rempilerons ! Ah je tombe !

Toc plouf toc plouf toc plouf toc plouf

Vous devez être content : J’ai bien laissé couler mais c’était vous !

Comme une grosse… comme une femme serpent. Merci .

J’applaudis : vous avez encore réussi votre entrée.

N’applaudissez pas : c’est comme ça qu’on appelle les requins pour dévorer nos restes.

J’applaudis d’une main, sans bruit !

Nous aussi mais sur l’eau et là j’en ai jusqu’à la taille !

Vous avez l’air choqué ?

Je suis pris d’une peur irrationnelle : une peur de requins !

Je vous promets que nous n’en avons pas ! Puis l’eau n’est pas salée !

Les clapotis ! C’étaient eux les chaînes des fantômes !

Vous me semblez bien loin, le courant vous emporte ?

Je suis en contre-bas.

Vous n’êtes que dans dans une source, parole de sourcière.

Oui : maintenant que je me suis levé, elle ne m’arrive qu’aux chevilles !

J’ai entendu pas mal de pierres couler sur votre casque ! Vous êtes sûr que ça va ?

Je me remet ! Vous m’avez retenu par la ceinture ?

Ce n’est rien: je vais vous la recoudre !

Ce sont des français qui les fabriquent ! Vous me lanceriez ma corde ?

Lancez moi votre pantalon : j’ y déplacerai le bouton !

C’est vous qui l’avez aussi, du moins en grande partie !

Ah oui ! Mais dans quel état ! Là il faudrait Marguerite !

Lancez moi ma corde ! De suite ! Et restez a l’autre bout !

Voilà ! Vous portez une culotte ?

C’est tout ce qu’il y a comme corde ?

Oui ! Pourquoi ? Ce n’est pas assez ?

Elle me semble devenu bien courte !

Sinon j’ai du fil, incassable !

Et étirable a l’infini.Merci !

Voilà ce que nous allons faire : vous voyez la lumière, c’est le puits de l’église !

A gauche ou a droite ?

A droite, montez a l’échelle, je vous y rejoins avec Popeye et une boîte a outil !

La grille est fermée, c’est ça ?

Oui mais l’église ne l’est pas ! Alors a tout de suite !

A tout de suite !

Ah ! Et quand je dis a droite, c’est votre gauche a vous, vous l’aviez compris je pense ?

Colonel ?

Colonel ? Nel ? Nel ?

Clic clac

Popeye ! Ce méchant papillon vous butine le nez, ne vous laissez pas faire !

Guere uze uxvê mam amia qué quéz vos seins qué guiro quoi rrr rrrr resplandisso.

Oui oui : on lui dira ! Vous, ce n’est pas deux papillons que vous devez voir mais trois !

Guar que bobo ror blbl crr blic heuk vos seins osi tptp bab bibo jij splendissimo.

Vous faites des vers ou des vermisseaux ?

Hihi foufou burp crr smac ahah nono vos fesses rrrr ptf ptf qué somptussimo.

Excusez moi je vous passe dessus, hop…hop…vous refermerez la porte en partant !

ssss gigi ssss goro couic brrr ola blurr vos fesses tro bourk grar superbussimo.

Allez, suis moi papillon, profite de mon courant d’air !

flopflopflopflopflopflop

Hé! Pas sous ma jupe : personne ne butine ma fleur !