PAF

Fanfan, tu veux mon doigt ?

Mais mon père ! Vous dormiez !

Ce n’est pas une excuse ! Qu’est ce que tu fais sur mon lit ?

Rien ! Bonjour !

Bonjour ! Je ne te serre pas la main.

Bon alors on se fait la bise.

smack smack smack smack sm…

Mais enfin ? Combien tu en fais ? Deux, ça ne suffit pas ?

Vous n’allez pas m’en réclamer qu’une, comme Pinpon ?

Menteur ! Si c’est le cas, alors pourquoi tes deux joues sont noires de suie ?

Vous êtes ronchon ! Vous allez vous lever du pied gauche ?

Mais on n’essuie pas la suie avec ses manches ! Tu n’as pas de mouchoir ?

Noué et renoué de choses a me rappeler ! Un véritable chapelet !

Tu peux arrêter de tirer sur les plumes qui transpercent mon duvet s’il te plaît ?

Mais elles ne demandent qu’a sortir ! Je les délivre !

La part des anges !

Il y a de la marge : vous avez le duvet le plus épais de tout Merlancloche, qu’on dirait le ventre de mon père ! Ou d’une femme enceinte.

Et qui qui dit ça ? Qu’on dirait qu’il a vu tous les duvets de Merlancloche…

Je ne sais pas puisqu’on n ’en parle pas puisque vous la détestez.

Bon, et si tu enlevais les plumes que tu as sur ton dos et tu m’aidais a relever le lit contre le mur ? Je ne vais pas y arriver tout seul !

Ah ! O.k ! On n’en parle pas non plus ! J’en déduis que vous n’aimez pas mes ailes.

Mais si je les aime, seulement je préfère ne pas en parler, voilà tout !

O.k ! Et sinon, elles vous font penser à quoi ?

A une oie : ce sont des plumes d’oie !

O.k ! J’ai bien fait d’insister.

A une oie qui hoquette. Tu n’as pas traversé le village comme ça ?

Quelle importance : tout le monde dort !

Et tu n’aurais pas entendu un paf ?

Il ne sortira pas d’ici : heureusement que j’ai pensé a refermer la fenêtre !

Pas le piaf qui risque de faire paf contre la vitre de la fenêtre : tu n’as pas entendu un paf rentrer ?

On dira que c’était un mouton. Sinon mon père va vous donner un grand paf et pas de ceux sur l’épaule qui vous font déjà très mal !

Ah ! Je n’ai quand même pas rêvé !

Moi si, que vous m’aviez giflé !

Les doigts, pas la joue. Nous dirons que c’était ta confirmation !

Vous n’avez pas le droit ! Où que ce soit fait loi !

Ça m’a échappé : tu vas t’en remettre.

J’ai mal ! Où est Fernande ? J’aurai besoin qu’elle me fasse un bisou dessus !

Elle ne viendra pas aujourd’hui : elle est très fatiguée.

Elle va mourir ?

De vieillesse, oui, bientôt mais seul Dieu sait quand.

J’ai rêvé qu’elle mourrait aujourd’hui ! Elle avait des ailes.

Ça lui irait bien !

J’aurais pu vous demander un baise-main comme réparation ou vous donner un souffle-joue !

Fanfan, si tu continues, c’est sur tes ailes que je vais souffler ! Mais ne t’inquiète pas, je penserai a rouvrir la fenêtre.

Pourquoi vous dormez dans le grenier avec les araignées ?

Mais tu le sais bien : parce que je cède ma chambre a la nouvelle bonne !

Vous y avez mis des fleurs ? Les femmes adorent qu’on leur coupe des fleurs !

Qui t’as raconté ça ? Ton père ?

Ils les aiment coupées, pour leur sang !

Pas les femmes ? Les fleurs !

Oui : il met de la sève de pissenlit sur ses verrues !

Fanfan ! Je dois te dire : on n’entre pas chez les gens sans y avoir été invité.

Dites tout de suite que je suis un vampire. Et la nouvelle bonne ? Vous ne l’avez pas invitée ! C’est l’église qui vous l’impose ! Pas vrai ?

Oh non ! La nouvelle bonne !

On n’en parle pas non plus  ?

Donnes moi l’heure s’il te plaît ! l’allemande !

Quelle Mais alors de qui on parle ?

l’heure ! Je n’ai pas entendu le clairon !

L’heure ou les oiseaux chantent ! Vous l ‘entendez bien !

On pourrait parler de la vierge Marie par exemple. On pourrait même lui adresser notre prière du matin si tu veux bien.

Moi je voudrais bien vous parler de quelque chose mais ça ne va pas vous plaire !

Quelque chose ou quelqu’un ?

Euh… Entre les deux ! A l’oreille !

Comment ça entre les deux ?

Euh… Entre les deux oreilles !

Je t’écoute.
snif 

Oh pardon !
Fanfan ! Je ne te tend pas mon oreille pour que tu y mettes ton museau dedans !

Ça sent le sang !

C’est ça que tu voulais me dire ? Que tu t’es fait mordre par le comte Dracula !

Il vaut mieux rire encore un peu parce que bientôt vous allez hurler. 

Mais non : je serre déjà les dents.

Ne fermez pas le pavillon : je m’y lance !

Attends ! Ça parle du château ? Parce que je ne préfère pas savoir non plus !

Juste d’un conte roumain, rassurez-vous, pas d’un marquis romain !

D’accord ! Envoie !

Slurp !

Ah ! Ah ! Ça c’est envoyé !

Oh non : pas de la bave de chienchichat dans les oreilles ! Mais enfin qu’est ce que tu as ce matin ?A quoi tu joues ?

A confondre les mots : romains et roumains, ça marche mieux avec les oreilles bouchées !

Mais nom du grand manie-tout, qu’est ce que je répète tous les matins ?

De ne pas jouer avec les mots dés le matin, mais comme on n’est pas encore matin, j’ai joué avec le temps.

Ménage tes méninges !

Si mes rimes les abîment. Que dire de vos comptes ? Soixante quatre mille trois cent dix sept moutons Un mouton tout mouillé ! Entre deux eaux !

Je comptais c’est ça ?

Régulier comme un coucou suisse !

Je ne parlais pas au moins ?

Peut-être vous fluctuiez, comme un compte en Suisse ! J’avais mon coton dans les oreilles !

Arrêtez de te pencher sur moi : on va finir couchés !
Mon père , ce que j’ai a vous dire, c’est du lourd ! Et je pèse mes mots ! Restez assis !

Mais tu me couches , je m’assiérai bien e parce que j’ai l’impression qu’un animal confond son terrier et mon oreille !

J’ai vu la vierge !

C’est quoi cette blague ? Où est Pinpon ?

Aîe ! Mais je ne sais pas ! Sous le lit peut-être !

Je vais en attraper un pour taper sur l’autre !

Mais non ! Il éteint un feu sur la colline de personne ! Faites attention mon père : Vous me montrez vos fesses !

Je te préviens : personne ne s’habille en vierge Marie pour le carnaval ! Tourne toi !

Vous n’ allez pas m’enlever mes ailes ?

Je veux dire tournes la tête que je m’habille !

Ah ! Ok Dokey !

Tu n’as pas vu mon aube ?

Je l’ai lavé  :  elle sentait… l’ours.

Fanfan ! C’est gentil mais je n’avais que celle là !

Elle va vite sécher : je l’ai mise au courant d’air au dessus du puits dans l’église !


Merci ! Il n’y avait pas une clé dans ma poche kangourou ?

Non ! J’ai tout mis sur la table.

Attention ! Je me lève !

Ah ! Ok ! Je dois fermer les yeux ? Parce que je vous voie encore dans la glace de votre armoire !

Je ne répond pas aux questions bêtes !

Ah je suis un âne ! Ok dokey !

POUM

Aïe ! Mais quelle bécasse !

Vous avez dit un nom d’oiseau mon père ! Moi vous me l’interdisez !

Ben il s’est envolé tout seul !

Vous vous êtes levé trop vite. Vous êtes fait mal ? Faites voir votre fontanelle !

Quel âne ! Heureusement que la poutre est charançonnée et molle comme du liège !

Si vous voulez voir la bosse entre vos oreilles, il faudra nettoyer votre glace ! c’est de la poussière qui colle !  Rrrrr….tup !

Non Fanfan ! Je l’avais laissé pour la nouvelle bonne !

Emballé comme ça dans vos draps de lit, vous ressemblez a une statue grecque.

Romaine : je suis drapé !

Vous viendrez au carnaval ? Le thème est le romain drapé !

Le romain drapé ! N’importe quoi !

Vous aviez déjà dit ça de l’indien plumé l’année dernière ! Et vous avez fini goudronné et emplumé de toutes les couleurs !

Fanfan, peut être que dans certaines tribus lointaines un prêtre peut mettre des plumes mais pas en France.

Puis comme dirait mon père vu que vous avez déjà une robe, pour vous moi c’est tout les jours carnaval.

Voilà ! Quel sage homme  qu’un boucher !

Il ne m’a pas élevé comme un petit cochon, je sais le latin : Motus ! Bouchus cousus :

J’ai pas envie que le cirque aille jouer derrière des barbelés avec les gens du voyage !

La vierge ! Je l’ai vue comme je vous vois : elle est dans le clocher, elle regarde la mer !

Sainte Marie ! La mienne ?

Pas la mienne !

Fanfan ! Tu as bu ? Fais moi voir ta langue !

Je…je …ne…ne …suis…pas …un …un… sac…sac… de …de patates ! Arrêtez de me secouer !
Ta langue !

Mais c’est impoli ! A…A…Arrêtez …de…de me secouer ! Vous allez me casser la nuque !

Ta langue !

On commence par montrer sa langue puis on finit en enfer !

Fanfan  !Pour la dernière fois : ta langue ! J’attends !

D’accord ! La voilà !

Mais pas comme ça ! On dirait une baleine qui va gober un bateau !

Approchez vous ! Je ne vais pas vous pêcher !

Fais « A  » comme chez le docteur ! Que je vois si elle n’est pas chargée !

Je ne suis jamais allé chez le docteur !

Comme quand on reçoit l’hostie a l’église ! La tête droite ! Tu sors ta langue et tu l’aplatis que je la voie !

Aaah !

Houla ! Désolé mais là, elle n’a fait que passer !

Vous tirez la langue aussi monsieur le curé !

Ah bon ? Dis moi que je ne fais pas ça a l’église quand je distribue l’hostie !

Je ne sais pas : je suis à vos côtés et a la fin de la distribution, vous m’oubliez tout le temps !

Désolé Fanfan !

A …I… O… U…E…O…I… A

Quoi encore ?

Je disais : vous êtes rapide comme une mangouste ! Vous êtes une mangouste ? C’est bien pour combattre le serpent !

Qu’est ce que c’est que cette langue  que tu m’as donné là ?

Des boyeaux de chat ! J’ai mangé un chat !

Pourquoi tu as les lèvres rouges ? Et ne me dis pas que c’est le boyeau de chat il est vert et a la menthe !

Hé ! Mais c’est mon chewing-gum ! c’est Marie qui me l’a donné! Je ne vous l’ai pas donné ! Qu’est ce que c’est cette ronde ?

Il est chargé  dis donc ! A la liqueur de mures ! Délicieux ! Elle a du goût !

C’est un accident ! Son chewing-gum était tombé dans un coktail, on servait ensemble au château.

A la fin de notre service, on est allé discuter sur la plage et là elle me l’a donné !

Ça fait un peut loin le château de la plage !

C’’est une longue histoire mais sans lendemain…

Ton nez s’allonge !

Je vais finir dans une baleine ?

Je n’espère pas mais tes lèvres sentent la graisse de baleine alors je ne peux pas croire que ce soit des mures !

C’’est du rouge a lèvres ! J’ai embrassé une fille !

rssssssss…

Mon père ! Le rire que vous avez retenu par la bouche je l’ai entendu souffler par votre nez !

Et toi, tu vas souffler par la bouche pour que mon nez sache si tu as bu de la liqueur de mures !

Pourquoi ça vous fait rire que j’ai embrassé une fille ? C’est de mon âge !

J’étais juste content pour toi ! Maintenant souffles !

Que je souffle sur votre nez ? Non mais vous rêvez !

C’est toi qui rêves, je serais curieux de savoir comment elle s’appelle comment cette fille  qui met du rouge a lèvres ?

Jean !

C’est un nom de garçon ça ! c’est comme si Madeleine s’appelait Madelon, c’est l’Amérique !

Ça se prononce gin ? Comme la boisson anglaise ?

Vous avez peur que je boive un coup avec les anglaises qui débarquent ? Pour que le colonel me fusille ? Génius Commideus !

Je ne sais pas si le colonel tvous croirait !

Pinpon lui a fait croire que l’on tournait un fim de cinéma de Pagnol quand il l’a surpris a me faire un bisou tout noir sur le bout du nez !

Mais le colonel dés qu’il voit une inconnue il faut qui lui demande ses papiers ?

Oui : c’est sa méthode de drague !

Elle avait ses papiers ?

Son prénom c’est Norma… Jean, c’est son nom de famille. Je préfère ne pas divulger la suite Incognitus pavu pa Si possible prusse !

Moi je préférerais que tu arrêtes de faire ça ! Si possible ce fusse !

Quoi donc !

De balader ta langue comme ça n’importe comment dans tout les sens : elle rentre, elle sort !

Je nettoie ! Pourquoi ? Vous voulez encore l’attraper ? C’était pas fini ?

Non : je crois que le renard a fait pipi sur les mûres !

Rrrrr….tup  Rrrrr….tup  Rrrrr….tup  J’ai été empoisonné ?

Pour le savoir, il n’y a qu’une solution !

Je dois faire pipi dans une bouteille ? Parce que je vous préviens : je n’y arrive pas !

Hallucinations ! Propos délirants ! C’est la rage !

Je vais baver et mordre ? Dans combien de temps ? Éloignez vous de moi !

D’où elles venaient ces mûres ?

Fanfan ? J’attends ta réponse !

Attendez ! Je tourne sept fois la langue dans ma bouche avant de parler ! C’est la règle d’argent ! Vous comptez ?

Non ! Réponds !

Du chemin qui mène au château ! Il surplombe l’église, c’est comme ça que j’ai vu la vierge dans le clocher ! Au fait: l’horloge c’est encore arrêtée !

c’est interdit d’aller au château ? En pleine nuit ! Il sait quand même ça ton père ?

j’y suis allé avant la fin du jour et reparti après la fin de la nuit !

Tu n’as rien d’autre a me dire ?

Le renard, c’est une renarde !

Le marquis n’aurait pas encore reçu des invités pour la fête du village ? Il va avoir des ennuis !

C’est cocoricococuilà qui va avoir des ennuis ! La renarde : elle passe ses journées le regarde en se léchant les babines !

Je vais trouver cinq minutes pour aller voir ton père.

Bien sûr ! Vous trouvez ça malin de faire pipi sur les mûres alors qu’elle les mange !

Le marquis t’a donné quelque chose a boire ? A manger ?

Il m’a juste donné de l’argent pour préparer les chambres des invités ! En accord avec mon père !

Et avec tu t’es acheté des ailes !

Non : les ailes, c’est Joséphine Baker qui me les données.

Suffit ! Souffles ! Je te l’ordonne !

Houla ! On dirait que vous parlez a un possédé du démon ! Voilà ! Je m’exécute !

Mais pas comme ça : on dirait le dernier souffle d’un martyr !

rssssssss…

Mais pas par le nez ! Couillon ! Que tu me fais dire !

Je pensais a une blague de pinpon ! Sur les milles et une façon d’occire un martyr !

Tu veux  goûter mes chaussures de caoutchouc ?

Vous jurez ! Vous me menacez ! C’est vous qui êtes possédé ! Inquisitor !

Oui ! Souffles !

Comme un chat ? Je peux souffler comme un chat  ?

Non ! c’est plein d’oiseaux ici ! Du bout des lèvres ! Comme pour éteindre les bougies devant les saints a l’église !

Comme quand on mouille assez ses lèvres, et qu’on peut éteindre la mèche fumante sans se brûler !

Tu as trouvé ça tout seul ou Pinpon t’a aidé ?

Pinpon, il n’ éteint pas des bougies, il éteint des arbres ! tpfff…tpfff…tpff

Mais qu’est ce que tu fais ? Tu me craches dessus ! Satanas !

Non ! Vous m’avez trop secoué : j’ai une plume d’oie dans la bouche ! tpfff…tpfff…tpff

Fanfan !

Mais enfin lâchez moi ! Je ne suis pas la boulangère ! je vais crier ! A l’inquisiteur !

Fanfan ! Tais toi et souffles ! Ça va te faire du bien !

D’accord ! Fffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff…

Encore ! Vide toi de ce qui est lourd !

Fffffffffffffffffffffffffffffffffffff… mh ! Je vide mon esprit !

Voilà ! Est ce que ta tête tourne ? Mâche ce bout de thym !

Même nu vous sortez de votre poche un bout de lavande que vous transformez en thym vous êtes un saint ! Quelque chose comme ça !

Je n’ai rien entendu, tu peux parler plus fort !

J’ai soif je me sens tout déshydraté !

fffffffffffffffffffffffffffff…. Slurp

Fanfan ! Ce n’est pas drôle!

Fffffffffffffffffffffff

Quoi donc ?

Tu m’as lêché le nez !

Zut ! J’ai fait ça ? Pardon ! C’était machinal !

Non, c’était animal ! Tu n’es pas un animal ?

J’aimerai bien ! Un écureuil ! Aïe ! C’est bien la deuxième fois aussi qu’on me tire sur la paupière pour voir mon œil ! Le cantonier m’a osculté comme si j’étais un chameau !

Pourquoi mon pouce est noir ? 

c’est l’oeîl de la fatma !

Je me suis grimé, ça éloigne les le mauvais œil alors je me suis dit que ça éloignerait l’oeil des curieux !

Si j’avais croisé quelqu’un?C’est rusé non ?

Et ne me dis pas que tu as frotté ton œil a l’œil d’une fille, ça n’existe pas !

Peut être pas quand vous étiez jeune mais aujourd’hui ça se fait beaucoup !

Tu diras a ta Joconde que quand on se peint trop, ça fait… Clown !

Et vous avec vos cernes, on dirait un panda ! En plus un panda en colère, ça fait trop bizarre !

Je suis en colère parce que ta bouche empeste l’eau de vie !

Houla ! C’est pas le moment de souffler des bougies ! Le cracheur de feu m’avait prévenu !

Si maintenant le marquis reçoit les gens du cirque, il n’aura pas assez de chambres ! Je passerai le voir aussi !

Vous voyez la ligne que font les planches : si j’étend mes bras en croix et la suis parfaitement, vous me croirez !

Tu veux me dire que tu as mis de l’alcool dans ta bouche sans l’avaler !

Et je n’ai pas non plus avalé la fumée de la cigarette que j’ai partagé avec Marie ! Jeanne ! l’américaine !

Mais marches normalement ! Ce n’est pas de la danse !

Voilà c’est pour ça que je n’aime pas qu’on me regarde marcher ! Marie m’a appris a marcher avec grâce !

Non : je ne regarde que tes pieds sur la ligne !

C’est gracieux comme ça ?

Au moins je dois reconnaître que c’est droit, mais pourquoi tu marches sur la pointe des pieds ?

Parce que j’ai comme des pointes sous les talons, pour moins écraser de gravier sur le chemin du château.

Fanfan ! Soulèves ton aube je veux voir si tes pieds suivent bien la ligne !

Vous, je vous soupçonne de ne pas vouloir me croire !

Mais ce ne sont pas des pointes, ce sont des échasses !

Parce que plus on est grand, et plus on fait peur au loup !

Tu as réponse a tout !

J’ai des petites fourmis qui m’aident, celle que je n’ai pas écrasé avec mes gros sabots !

Elles vont faire parler presque autant que les bottes ignifugées !

Tournez vous s’il vous plaît ! Sinon on pourrait parler !

Oui mais pourquoi ? Tu dois d’abord finir ta ligne si ce n’est pas trop dangereux !

Parce que je vais toucher mon nez avec mon talon aiguille en jetant ma jambe derrière mon dos et les bras au ciel !

D’accord ! Si tu te fais mal, tu l’auras cherché ! Dépêches toi, j’ai un service à te demander !

Hop ! Et voilà ! Toujours les bras en croix ? J’aurais bien voulu que vous voyiez ça !

Oui ! Parce que dans le miroir, c’était un peu la danse de l’homme ivre !

Celle que le bonze dans le puits m’a appris ? Je vous la fait ?

La règle du bronze Fanfan ?

Pas de bonze dans le puits ! Maintenant je vais faire une roue sur une seule main ! Regardez au plafond : vous allez voir passer mes pieds !

Ah non moi je regarde si tes pieds atterrissent bien sur la ligne !

Vous pouvez : mon autre main tient l’aube !

Et sur trois doigts ! Les deux pieds sur la ligne ! C’est clair, tu n’es pas saoul.

Clic

C’est quoi ce… Cliquetis ?

Ce sont les clous sous mes talons qui se sont entrechoquées.

Tes talons hauts, je les ai entre les mains ! Confisqués ! Je parle de l’autre bruit !

Euh… je suis un robot ! Écoutez : je tape ma langue en fer contre mes dents !

clic…clic…clic
Non, ça c’est la clé que tu as autour du cou ! Je parle de l’autre bruit.

Mon père, dites moi une dernière chose un dernière fois ! Quelque chose de gentil !

Pourquoi ce serait  la dernière ? Je n’ai jamais été aussi calme ! Un fantôme !

Parce que ma vie s’arrête ici :  le nez collé au mur !

Mais enfin la vie continue ! Comme dirait le bonze !

C’était très gentil ! Je traverse le mur comme un bonze qui n’existe pas ou je fais demi tour ?

Demi tour !  En avant marche soldat de Dieu !

clic…clic …clic

Désolé Fanfan mais je dois savoir quoi ! Dis-moi qu’il n’y a pas du Pinpon la-dessous !

Un entrechats, le temps de faire demi tour !

Je sais ce qu’est un entrechat : je parlais du bruit métallique !

Quel bruit métallique ? Je vais chercher votre aube !

clic…clic …clic

Tu n’es plus obligé de suivre une ligne !

clic…clic …clic

Je marches comme j’aime !

Ce n’est pas une arme au moins ?  On n’entre pas dans la maison de dieu avec une arme !

C’est bien pire, c’est l’orgueil !

L’orgueil ?

Le plaisir de marcher avec grâce et pas comme l’empoté de père qu’on m’a foutu et qui marche comme un ours ! Adieu !

Oh non ! Après la danse voici le théâtre ! Fanfan, tu as le droit d’avoir des secrets : je ne m’en mêle pas !

clic…clic …clic  Clac

Je vois que tu as retrouvé ton sourire !

Oui ! Je vais ouvrir les volets je manque d’air ! Il fait chaud ici !

Oui c’est l’enfer ! Je voulais te demander un service !

Ah moi qui comptait m’envoler !

Ça tombe bien : je voudrais que tu atteignes le nid sur la poutre tout en haut !

Je voulais justement vous demander d’utiliser l’atelier du grenier pour mettre un petit moteur a mes ailes !

Je voudrais te faire la courte échelle maintenant pour que tu regardes si la pie n’a pas volé la clé !

Elle était sous l’oreiller avec le brin de lavande !

Je veux bien mais a une condition!

Dis toujours !

Que vous me souleviez comme vous le faites au rugby au lancer de touche !

Par où je t’attrape ?

C’est vous qui choisissez ! Mais en dessous de la ceinture !

C’est parti !

Pas de ruse de renard !

Non ! Je le promets ! Vas-y ! Sautes ! Hop !

POUM

Aïe ! La bécasse vient de retaper dans le toit !

Pardon ! Tu es bien plus léger que je ne le pensais !

Mon âme est légère ! Aucun pêché ne la plombe !

Alors ?

Il n’y a rien ! Attendez ! Tenez bon : je tâtonne !

Mais non ! Non ! Ne fouille qu’ avec les yeux malheureux, elle n’y reviendrait plus !

Trop tard ! Il pue ce nid, il y a un œuf pourri !

Tous les nids de huppes fasciées puent : c’est pour éloigner !

Alors pourquoi vous me mettez le nez dessus ? La pie ne va pas lui voler son nid puisqu’il pue !

Je n’ai vu que sa queue quand il s’est envolé a travers le cœur découpé dans le volet !

Ce n’était pas un corbeau !

Non j’ai bien vu un beau blanc !

Pas un petit peu d’orange sur son ventre ?

Peut être un reflet de soleil naissant !

Vous inventez ! Inventer : c’est comme mentir ! Sans vouloir vous juger de là-haut !

Atchoum

Aie ! J’ai reçu une paille dans l’œil !

Et moi une poutre !

Elle y est toujours ? Parce que moi en bas j’aurais besoin de toi.

Reposez moi et faites moi voir ! Que deviendriez vous sans moi ?

Avec toi, jour et nuit ? Je deviendrais vite chèvre !

Ne me faites pas glisser : ça me dévêtit !

Pardon mais cette paille pique comme un pique de fer !

Regardez si ce n’est pas la clé !

Mais j’ai fermé mon œil !

Faites voir !

Non mais pas a cheval sur mes épaules ! Descend d’abord !

Elle est minuscule ! Si je souffle avec mon haleine de cracheur de feu…

Fanfan ne me tiens pas les mains s’il te plaît !

C’est que j’ai bien une idée…Et elles sont parfois bonnes !

C’est vrai ! Expliques !

L’expliquer prendrait des heures et le faire une seule seconde !

Fanfan, ne me plaques pas comme ça sur mon lit : Il y a un cœur au volet !

Il faudrait au curieux de bien  grandes échasses ! Ne bougez pas d’un cil !

Mais je vais y être obligé : tu m’écrases de tout ton long !

Regardez moi ! Non! Pas d’un œil, avec les deux yeux !

Slurp !

Quoi ! Tu as retiré la paille avec ta langue ?

Ça a l’air de vous secouer !

Que tu sois un caméléon ? Plutôt oui ! Tu vas finir au cirque !

Je suis une sirène et vous le savez mais je sais me changer en fantôme aussi !

Tu t’es entraîné ? Ou tu es né caméléon !

Vous m’avez bien attrapé la langue ! Vous vous entraînez ?

C’est la première fois que je fais ça ! Où peut être…oui… en rêve !

Mais ça n’existe pas !

Maintenant si ! Ne quittez pas mes yeux !

Pourquoi ?

Parce que je lis vos pensés et je sens que vous allez me demander un autre service !

Non ! Tu as assez fait de bêtises comme ça !

Ça parle de mon aube !

Mais pas du tout !  Fanfan arrêtes : ce n’est pas la même taille.

Si c’est les mêmes sauf que Marguerite me l’a coupée pour qu’elle m’ arrive en dessous des chevilles.

Et a la vitesse où tu pousses tu l’embête tous les jours.

Si cette aube te quitte, tu regretteras que marguerite ne te l’ai pas cousue sur les fesses.

Si tu quitte cette aube, c’est l’excommunication!Assurée !Directe ! Irrévocable ! Pas de purgatoire !

Zut ! Mon aube s’est coincée, je m’étouffe, aidez moi !

La même taille hein ?

Toc toc toc

Voilà j’ ai bouché le cœur du volet ! N’ouvrez pas les yeux ! «  Oui j’arrive !» 

Non c’est moi qui doit dire ça ! Je t’interdit de parler a ma place !

C’est pareil ! Je suis un caméléon qui parle !

Pourquoi « Oui j’arrive ! » ? C’est la pie qui gratte !

Un pivert ! Enlevez la laine dans vos oreilles, vous criez comme un sourd !

C’est la factrice ? Déjà ?

Et vous allez voir ce qu’elle va vous chanter !

Tu vois a travers les volets maintenant ?

Si il n’y avait qu’a travers ça !

Va te cacher avec Pinpon !

Je ne sais pas où il est Pinpon ! OK ? Ok d’ac ? Ok donkey ? Biquette la houpette ? Par le lait de Morphée !

Bon ben cours le chercher, ne reste pas là, il y en déjà a assez avec le corbeau !

Il faudrait me torturer pour le savoir mais avec la factrice derrière la fenêtre, vous n’oserez pas ?

Tiens ! Va nous faire bouillir le lait, on a besoin de forces aujourd’hui, l’abbaye c’est pas la porte a côté.

Mais la porte est dérobée !

De l’abbaye ?

Non ! La votre ! Du presbytère !

Ah ! Tu m’as fait peur ! Dérobée ?

Il y en a plus. Ce n’est pas moi, moi, j’ai emprunté la fenêtre ! Ça m’a fait peur !

Mais alors on a tout le village dans la cuisine !

Dérober une porte ! Fallait y penser !

Peut-être le colonel pour me la réparer !

Et pourquoi pas l’installer sur son sous-marin ! Non ! Je ne voudrais pas être défaitiste de bon matin mais on essaye de nous mattre des bâtons dans les roues !

Une porte bénie ? Il n’est pas complètement fou !

Et pas au sens figuré parce que j’ai une idée, une idée complètement folle qui nous ferait ganer du temps par le chemin jusqu’a la gare !

Non ! Non on sortira pas tes patins a roulettes ! Un jour ou ce sera calme je te promets de les essayer mais sur du plat ! Du goudron !

Il n’y a pas de moteur ! Juste quatres roues d’un bras de diamètre ! Roues qui épousent les virages ! Freinent en descente quand on met son poids sur l’avant !

Oui je sais j’ai vu tes plans ! Tu me les offrira pour Noêl !

Pas le caoutchous clouté ! Non ! Les increvables a triples chambres a air !

Toc toc toc

On refrappe Monsieur le curé ! Le colonel ne doit pas avoir ces problèmes avec son sous-marin !

A quelle heure ils commencent leurs belotes la bande a la belote ?

Qu’est ce qu’ils feraient d’une porte ? Le radeau de la méduse ?

Alors je te le dis tout fort : tu vas t’enfermer dans la chambre de la bonne le temps que j’aille en trouver un au bar !

Pourquoi je m’enfermerais dans la nouvelle chambre de la nouvelle bonne ? Je ne suis pas une princesse !

Pour dormir !

Mais je n’ai pas sommeil ! Le jour se lève ! Vous me prenez pour la belle au bois dormant ?

Recharcher tes batteries ! Tu n’a pas fermé l’œil de la nuit !

C’est celui qui dit qui a fait !

On va trier le courier sans toi ! Et c’est celui qui parle même a la place des autres qui se taira !

Ouh que vous êtes méchant ! Pourquoi vous voulez que je me recharge ? Je ne suis pas un robot électrique !

Ni la bonne a tout faire ! Non : ça me ferait plaisir que tu te caméléonnes en dormeur !

En dormeur du val ? Et j’enroule ma langue, et j’enroule ma queue ?

Bon tu te caméléonner en crêpe pour passer sous la porte ! Tu appelles Pinpon pour la crochetter mais je ne veux plus te voir !

Vous ne le verrez pas Pinpon de la journé, il y a un peu de vent sur la colline !

Ah la bonne heure !

Ce que j’aimerais bien voir, c’est cette journée sans mon aide ! Saoul ou pas saoul !

Si jamais la clé se trouvait être a l’intérieur, alors tu la glisse dessous.

Puis je m’allonges et je compte soixante quatre mille trois cent dix sept moutons ?

Il y un pot si tu avais envie de vomir, dans la table de nuit de droite, et tu huileras la serrure de celle de gauche, elle grince.

Ne criez pas ! De l’huile de cuisine ?

Pas de la colle de nez !

Merci, tout le monde écoute !

Pardon ! j’avais oublié qu’ils ont toute réquisitionné l’huile pour leurs machines !

Ils l’assaisonnent avec l’huile leur gibier de brousse !

L’homme est une machine !

Et Dieu met de l’huile dans nos oreilles ?

Le colonel a donné du coton a filer a la Mama ! Elle t’en a gardé ! Elle sait que tu préfères a la laine de mouton.

Oh c’est gentil ! Pauvre Mama ! Le colonel ! Elle qui a horreur du mal ! Je l’aime tant la mama c’est ma maman moi aussi !

C’est pour ça que nous sommes tous frères et sœur !

Sans différence d’âge ni de sexe ?

Et pas qu’au paradis

Au paradis mais le père, il sait que les allemands nous les cassent avec leurs machines de guerre qui grincent ?

Blasphème ! Et au réveil tu me copira cents fois la première règle !

Avec mon sang , On a plus d’encre ! Cause de dazibao anti chienchatchoushi !

Deux cents fois, et si c’est l’écriture de Pinpon, je le verrais, j’ai ma loupe !

La règle d’or ? On ne parle jamais des allemands. C’est court, si je rajoutais « ni des juifs. » ? 

Files ! Haineux !

Bon je vais mettre plutôt « ni en bien ni en mal ». Après tout, les temps changent !

Disparais !

Et le petit bouchon, pourquoi il n’irait pas disparître sous le duvet ? fatigué de boucherdéboucher la chiure…

paf

C’était quoi ?

Une mouche !

Vous tuez les mouches maintenant ?

Mais non : je l’ai giflée ! Le duvet est une très bonne idée mais désolé il y a déjà une oie.

Dessous ou dedans ?

Bléssée ! C’est vrai !

Menteur ! Elle est sous le lit, je la voie d’ici !

Ne me traîte pas de menteur ! Ecoute : tu fais ce que tu veux mais pour l’instant je ne veux plus te voir ni t’entendre ! Voilà c’est dit !

Toctoctoc

Jamais deux sans trois ! « Qui est là ? Je vous préviens je suis armé ! »

C’est le facteur ! Enfin la factrice : le facteur on sait pas où il est ! Si il avait pris un coup de fusil, on le saurait !

Fanfan ! Tu arrêtes de m’imiter !

Le corbeau a du nous vomir une belle livraison !

Bonjour Sidonie ! J’arrive je m’habille !

 Sourie » le chat ! Demain c’est fini !

Mais je « sourie », je ne fais que ça !

Que dieu vous entende ! Au revoir monsieur  le curé ! Je disparais ! Vous savez où me trouver ? Maintenant j’ouvre !  « Voilà ! Voilà ! »

Non !

Crouic !

 Norma Jean

 

Mais marches normalement ! Ce n’est pas de la danse !

Ce n’est pas une arme au moins ? On n’entre pas dans la maison de dieu avec une arme!