Abracadabra

Ça alors ! C’est du jamais vu ! Poireau ! D’où est ce que vous tombez ?

Du clocher, mais je vous rassure : par l’escalier.

Attendez ! Laissez moi souffler sur votre épaule !

Pffffttttt…

Qu’est ce que c’était ?

C’est un insecte qui se déguise en bourdon et qui ne pique pas vu qu’il n’en est pas un.

Une faux bourdon ! La nature est incroyable !

Monsieur Poireau ! Mais enfin qu’est ce que vous faites ?

Je regarde si Fanfan ne se cache pas derrière vous ?

Ah : j’ai cru que vous vouliez me faire la bise !

Il n’y a personne ? Je peux parler ?

Vous le voyez bien ! Lâchez ma main et arrêtez de regarder derrière moi !

Il l’a tué ?

Qui a tué qui ?

Mouchtabac ! le mouton !

Moustachat ! Il m’a dit que c’était fait, mais que par contre, il a du le laisser chez le boucher !

D’accord : ce n’est pas fait !

Tout va bien se passer ! Je le sens : j’ai le nez pour ça !

Vous savez que c’est le même mouton qui était là sur le parvis le soir de Noël !

Le témoin du drame ? La Madeleine !

Ça tourne symboliquement la page : ça va vous porter bonheur !

Ça ne m’empêcherais pas si elle s’amusait a me refaire le même coup de la sortir de mon église a coup de pied au fesses !

Mais ce n’était pas Madeleine ! J’en suis témoin ! Jamais vous n’auriez traité Madeleine ainsi !

Allons Monsieur Poireau ! Pas de délation ! Tout le village a vu Madeleine donc c’était Madeleine !

Jamais l’église ne la pardonnera ?

.

La mienne : jamais ! Mais le bon Dieu miséricordieux peut-être !

On dit que l’église n’a pas pardonné que les juifs aient fait tuer Jésus par les romains !

Mais pas du tout ! D’où est ce que vous sortez ça ?

Parce que ce n’étaient pas tous les juifs ! Seulement les prêtres juifs  ! Et encore pas tous les prêtres juifs !

Et tous ces romains, là, aujourd’hui, vous ne pensez pas qu’ils sont pardonnés ?

Les habitants de Rome ? En Italie ?

Monsieur Poireau ! Le monde entier est pardonné ! Si vous voulez, un soir, je vous ferai le catéchisme !

Ou même la journée : je n’ai pas grand-chose a faire !

Alors trouvez moi de la corde : il nous manque de la corde !

Encore ?

Oui : un essai qui a mal tourné !

Mais vous n’aviez pas du fil ?

Collant, rétractile, incassable ! De la véritable toile d’araignée !

Mais c’est formidable !

On me l’a volé !

On vous a aussi volé vos ballons inflammables ou ils se sont envolés tous seuls ?

Mes ballons sont ininflammables ! Ils se sont enflammés parce qu’il n’y avait pas mon chloroforme  a l’intérieur !

On ne vous a pas volé le chloroforme au moins ?

Non, mais là aussi : un essai qui a mal tourné et je ne me souviens plus ce que j’ai fait cette nuit !

Vous avez dormi ! Quoi d’autre ? Le chloroforme, ça fait dormir !

J’espère ! J’ai l’impression d’avoir dormi mais debout !

On veut attacher des dormeurs, pas des somnambules !

Pour le chloroforme, c’est comme la corde, il vaudra mieux qu’il y en ai trop que pas assez !

Il m’en faut !

Pour quoi faire ?

Pour le tester pardi ! A force d’ expérimenter vos mixtures, vous avez dû vous immuniser !

Et vous voulez le tester sur qui ?

Sur moi ! Une seule personne, ça ne suffit pas !

Vous n’êtes pas constitué comme un soldat allemand !

Je n’ai pas la même physionomie qu’un aryen mais je fais le même poids ! Dosez !

A ce compte là, j’aurai pu demander a Mouchtachat de le tester sur le mouton !

Ne mettez surtout pas Mouchetabac dans la confidence ! Il ne sait pas tenir sa langue !

Vous n’avez pas vu de soldats allemands ?

A l’instant ! Le colonel !

Oh non ! A quel sujet ?

Pas des ballons : il a dit qu’il verrait ça avec vous ! Pour une histoire de chat enragé !

Ce n’est pas au sujet de la bête féroce j’espère ?

Un chat qui a fait tomber un pot de fleurs sur leur tête !

Quand ils sont venu voir qui était avec moi dans le clocher ? Là ? A l’instant ?

Je leur ait dit que c’était Fanfan ! Seul vous et lui avaient le droit d’y monter.

Le chat de qui ?

De l’antiquaire.

L’antiquaire est parti sans fermer ses fenêtres mais ça m’étonnerait fort qu’on y trouve encore son chat.

Du coup le colonel a décidé de rebrousser chemin pour aller chercher un casque.

Ils sont défectueux, lorsque des patrouilles les jettent au sol pour s’essuyer le front, je les entends se fendre.

Le colonel a envoyé Anguel s’occuper du chat ! Il a escaladé la chéneau et est entré par la fenêtre en un rien de temps.

Je n’aime pas trop qu’on rentre chez les gens comme ça ! Vous l’avez vu ressortir ?

Par la porte qu’il a déverrouillé de l’intérieur !

Et bien entendu pas de chat ?

Et la porte de l’antiquaire n’est plus fermée a clé.

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Autre chose a signaler ?

Pendant que j’attendais avec le colonel, il a voulu m’acheter ma corde !

C’était une façon de vous demander pour quoi elle était faite !

Non : il m’a expliqué qu’il la voulait pour attacher Anguel !

Ah d’accord : il plaisantait ! Anguel a encore du faire une bêtise.

Attention : il voulait l’attacher au volant de sa jeep !

Au fait, je n’ai pas entendu Anguel klaxonner. Il boude ?

C’est le colonel qui était au volant.

Enfin une bonne nouvelle.

Pas sûr que le colonel quitte la route pour éviter les chiens.

Moi je crois qu’Anguel n’a pas besoin qu’un chien traverse pour quitter la route.

Un allemand en Jeep : il manque pas d’air ce colonel !

…………………………………………………………………………………….. ;

Vous allez voir qu’après avoir interdit les chiens errants, il va interdire le chats.

Ça va être plus difficile d’attacher les chats.

A ce sujet, vous l’avez vu tomber ce pot de fleur !

Non, vous pensez a quoi ?

Que les gens nous font voir d’eux ce qu’ils veulent qu’on voit.

Quand le colonel a demandé a Anguel de s’occuper du chat, moi j’ai compris  « le zigouiller » ?

Vous êtes sûr ?

Non ! Pourquoi ?

Parce que j’aurais pu enquêter pour savoir si le colonel aime les chats ou pas.

Enquêter ? Le mot est lâché !

Anguel ne ferait pas de mal a une mouche.

C’est marrant que vous utilisiez cette expression parce qu’il passe ses journées a lancer son poignard sur les mouches !

Je ne l’ai jamais vu faire ça !

L’observateur influe sur le comportement de l’observé, comme avec les oiseaux.

Ça l’occupe, son ennemi, c’est l’ennui !

Il va devenir un as du couteau !

En attendant si il touche les arbres c’est déjà ça !

Il les grave aussi ! Vous n’avez jamais vu ses graffitis ?

Ah c’est lui  les cœurs ? Ce garçon n’est vraiment pas fait pour l’armée.

………………………………………………………..

C’est lui qui vous a tiré dessus !

A coté ! Mais comment vous savez ça ?

Parce que quand le colonel lui a demandé en allemand de s’occuper du chat, il a rajouté : « Et pas a côté comme avec le curé »

Vous saviez qu’Anguel comprend le français ?

Non : je croyais qu’il avait juste appris les gros mots avec Fanfan !

Eh bien moi je n’y suis jamais quand ça arrive. Une poignée de main, une franche explication et c’est fini !

Et pourquoi pas la bise ?

Ce sont deux êtres exceptionnellement bons mais sous mauvaise influence.

Pour Anguel, je vois bien mais pour Fanfan…

Je vous aide : ce n’est ni moi ni son père.

Pinpon ! Lui au moins on sait qu’il va bien être occupé ces jours-ci, avec tout ces feux !

Je l’ai trouvé dans ma cheminée : il cherche le pyromane !

Ah : vous avez lâché vos ballons depuis votre cheminée ?

Non : on me les a volés aussi !

Ah : vous auriez du me prévenir, pour bien mentir, il faut connaître la vérité !

J’ai un gros problème avec Fanfan : je dois le garder avec moi !

C’est lui qui a demandé a Moussetabac de monter vous sauver dans le clocher !

Il se venge ! Il aurait voulu qu’il y rencontre la personne qui y était avec moi !

Pourquoi vous avez envoyé Fanfan faire le facteur avec la factrice ?

Pour le punir. Et pour m’en libérer.

Lui qui se faisait un plaisir de venir chercher la bonne avec vous !

Je lui ai fait du mal et il veut me faire du mal !

Une sirène ça ne peux pas pleurer !

Ce n’était vraiment pas le jour a lâcher Fanfan !

Comment puis-je vous aider ?

Si vous le voyez, vous devez absolument me l’attraper et me l’emmener ! Ou l’immobiliser et venir me chercher !

Et simplement lui dire que vous avez ordonné qu’il vous rejoigne, ça ne marche plus ?

Commencez par ça ! Puis suivez le ! Pour vérifier !

Mais enfin je ne peux pas ! Qu’est ce que les gens vont croire ?

C’est très important Monsieur Poireau !

Emmanuel ! Désolé mais dans ce cas, il faudra m’en dire plus !

Il y avait un piège en haut du clocher, la vierge n’était qu’un appât !

J’ai vu ! Quel sorte de piège ?

Une sorte de piège qui met les curés cul par dessus tête !

Mazette ! Quelle drôle de blague !

Dans lequel aurait du tomber Fanfan qui marche toujours devant moi !

Oui : comme un jeune chien fou !

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C’est pour ça que j’aimerais bien qu’il soit derrière moi !

Attachez le !

Mais vous voulez attacher tout le monde ! Ce n’est pas une solution !

Ça vous va bien de dire ça !

Ah d’accord : j’avoue que j’ai parlé trop vite ! Mais dites moi, vous croyez toujours a mon plan ?

Emmanuel ! Le colonel veut vous voir.

Houla ! Avec tout ce que j’ai a faire ?

Il veut me voir aussi, ou alors Madame la maire.

Non : il n’y a pas de Madame la maire ! Est ce que vous on vous appelle Monsieur l’institutrice ?

Oui : le corbeau ! Lisez le !

Une extinction de voix ! Dites que vous vous avez crié après Madame l’institutrice !

Il me connaît !

Dites lui qu’il y a un début a tout !

J’ai l’impression qu’il sait tout de tout le monde !

Et bien ce n’est qu’une impression !

Et comment je lui dis que j’ai une extinction de voix puisque je suis sensé ne plus en avoir ?

Vous allez descendre au port de Merlan : les marins ont beaucoup de corde !

Avec mon épouse qui aime bien me crier dessus , ce serait crédible.

Elle vous aime Monsieur Poireau !

A sa façon. Peut-être.

Elle vous a dit oui ! J’étais là !

Moi aussi, en tant que maire ! Vous savez ce qu’ en dit le corbeau ?

Non je vais chercher la corde avant que Moustachat ne la perde… euh… ne la range.

Qu’elle a pris le seul qui restait pour pas finir vieille fille !

Tout le monde peut penser cette horreur mais tout le monde sait aussi qu’elle aurait pu rester vieille fille !

Elle veut un enfant !

Alors vous savez quoi faire !

L’attacher ?

Mais enfin poirot ? C’est de l’humour belge ?

A un piquet ! Comme dans la chanson.

Ah oui, quand on met les livres au feu et la maîtresse au milieu ?

Elle va partir, elle me l’a dit !

Mais enfin, où voulez vous qu’elle aille ?

De toute façon moi aussi, je vais partir un jour.

Une épouse peut vous suivre jusqu’en Belgique. Vous devriez un peu plus sonder son cœur.

Je lui ramènerai un cadeau du port.

Oui et aussi de la corde, et vous trouverez sûrement un marin pour vous offrir du bon tabac !

Les marins ne fument que de la corde.Vous vous occuperiez de mon champs de maïs si je devais la suivre !

Vous savez que vous pouvez annuler l’opération a tout moment !

Je crois en vous Emmanuel !

Et moi je crois en votre génie !

Mon génie va peut-être mis a contribution pour retrouver Monsieur le vieux.

Il a du bon tabac, vous avez du flair !

J’en ai marre de bourrer ma pipe de maïs !

De feuilles de maïs sinon vous feriez du pop-corn !

Vous sentez bon la menthe !

Vous en voulez ? Ça pourrait vous éviter de vous faire gronder par votre épouse !

Mais je n’ai pas encore fumé ma première cigarette !

Machez du genet, les chasseurs font ça pour ne pas alerter les sangliers.

Celui qui a tendu votre piège a fumé dans le clocher ! Anguel fume !

On n’accuse personne tant qu’on est pas sûrs ! D’accord ?

D’accord, et on soupçonne tous les fumeurs : Pinpon fume !

Non : c’est moi qui ai fumé dans le clocher !

Vous fumez ?

La personne qui était avec moi l’a découverte dans ma poche, j’ai voulu la fumer avant qu’elle me la demande !

Quel drôle de calcul !

Une cigarette que Monsieur Le vieux m’a offerte !

Quand ? Où ? Cette nuit ? Tout le monde le cherche !

Tout le monde va s’en servir comme excuse pour ne pas rentrer non plus, je commence a les connaître.

Oui, mais lui c’est parce qu’il a du oublier où il habite !

Espérons que si il croise des soldats allemands, ils le reconnaîtront et le ramèneront à sa famille !

Ils m’ont dit que cette fois ci ils allaient l’attacher !

Mais enfin c’est monstrueux, il prend l’air, c’est bien pour ses poumons encrassés par le tabac !

Il va attraper froid et a son âge, s’il passe une nuit autre nuit dehors…

Si il n’est pas rentré ce soir, j’essaierais de nous obtenir une dérogation auprès du colonel !

Si il s’est perdu dans la forêt, la vieille dame de la forêt nous le retrouvera en un clin d’œil.

j’espère qu’il aura trouvé des mûres.

Espérons surtout qu’il ne lui viendra pas a l’idée de monter sur un cerisier. Il n’a plus toute sa raison !

Il est cent pour cent viande, c’est le secret de sa longévité.

Et si il déterre déterre un fusil, pour se nourrir !

Allons ! Il n’aurait pas la force de soulever une pelle !

Je suis bien arrivé a me hisser en haut du clocher !

Ça alors c’est incroyable ! Et vous n’avez pas eu le vertige ?

Je n’ai pas eu le temps d’y penser : je regardais mes jambes courir sur le mur !

Je suis épaté ! Ça demande aussi de la force dans les bras !

Le matin, je fais quelques pompes au saut du lit. Ne le dites a personne !

Non, ça ne risque pas !

Quoi que ça épaterait un peu mon épouse !

Pour l’instant, nous devons rester discrets, mais votre exploit arrivera peut être un jour a ses oreilles.

Ou a ses yeux : par courrier !

Je trie, Monsieur Poireau, je trie. Tous les matins.

Vous allez me gronder Emmanuel !

Quoi ? Dites moi !

Le facteur est passé derrière vous !

Oui ! Derrière le presbytère, par la fenêtre du grenier, je sais, c’est moi qui l’ai réceptionné.

Non : là, sur le parvis, Fanfan a déposé une lettre derrière vous pendant que nous discutions !

Quoi ? C’était avant ou après que je vous ai dit a quel point c’était important que je le récupère ?

Il a posé son doigt sur la bouche et fait les gros yeux pour réclamer le silence.

Nous sommes les adultes Monsieur Poireau, c’est nous qui avons l’autorité !

C’est allé si vite !

Oui : comme ça pourrait aller très vite de retomber dans un autre piège !

Ce n’est pas vous qui êtes tombé : c’est la vierge.

Oui : moi je me suis plutôt envolé.

Et savez vous comment ?

Pendu par les pieds !

Savez vous comment la vierge est tombée ?

Je sais que lorsqu’elle est tombée dans le vide de sur le parapet, le nœud coulant posé sur le sol s’est refermé sur mes pieds.

Parce qu’avant ça, vous avez tendu le fil qui devait faire basculer la statue dans le vide.

Un fil ? Un fil comment ?

Je ne sais pas : je ne l’ai pas trouvé.

Si vous ne l’avez pas trouvé, comment savez-vous que c’était un fil ?

Parce que j’ai trouvé les deux encoches fraîches dans les poutres.

Fraîches ?

Oui on ne voit qu’elles : le bois est clair sous les couches de vernis !

Monsieur Poireau, vous méritez votre homonyme !

Elle l’a écrit comme le légume.

Oui : et maintenant elle le porte avec vous ! Fièrement !

C’est toujours mieux que son nom de jeune fille , en effet !

Mais qu’est ce qui vous a donné l’idée de chercher un fil théorique tendu entre deux encoches ?

Une pie je crois.

Une pigecroix ? Je ne pige pas !

Son oiseau qui parle dans sa cage ! Il ne m’avait jamais parlé auparavant !

 

Il s’est posé sur votre épaule et il a dit « Cherche dans le clocher ! » ?

Il vous a parlé aussi ?

Non : j’ai deviné !

Elle passe ses journées sur le balcon. Je crois qu’elle parle plus a sa pie qu’a moi.  

Bon ! Baptiste ! Je peux vous appeler par votre prénom ?

Oui : on ne m’en a pas donné d’autres !

Baptiste , ne perdons pas le fil s’il vous plaît, surtout qu’ on ne l’a pas retrouvé !

Si : moi, a l’instant !

Où ?

Si ce fil était glissé entre deux encoches, c’est parce qu’il ne casse pas !

Si ce fil existe, il me tarde de le voir !

Vous ne pouviez pas : c’est le votre !

Le mien ? C’est vrai qu’ il faut vraiment l’avoir sous le nez.

Vous l’avez par les jambes, collant comme un fil d’araignée !

Mon fil ! Pourquoi un pêcheur se servirait de mon fil ?

Vous pensiez a Bébert ?

Pas de nom Baptiste.

Pardon ! Nous aurions alors un mobile : la haine.

Attention : rien ne nous dit que c’est moi que notre haineux visait.

Une tentative de crime sans savoir qui était la victime : nous ne sommes pas au bout de nos peines.

Je trouve le piège un peu trop complexe pour mon ennemi juré personnel.

Mais ce piège, c’est pour vous coller au plafond ou vous faire passer par dessus le parapet ?

Les deux si il n’y avait eu personne pour couper la corde.

C’est vicieux ! La corde passait par dessus la poutre ?

On n’a pas choisi le chemin le plus court pour m’ envoyer en bas.

Notre haineux a rajouté du spectacle, comme au cirque !

Quel cirque ? Il n’y a pas de cirque ! Il est parti le cirque ! Il ne reviendra plus !

………………………………………………………………………………………………..

Ne vous mettez pas en colère. Si il pointe le bout de son nez, on enverra les gendarmes et puis voilà !

Quel nez ? Le nez de qui ? Si il était là, on le verrait ! On ne voit que lui !

Le nez du… Je vais voir si Mousstabac ne s’est pas cassé le nez sur la porte de la remise.

Le colonel va vous demander de clouer des planches sur le clocher.

Oh non !

En urgence !

Oh non ! Et le canal a déboucher.

La rigole ? Désolé : ce n’est pas le moment d’énerver le colonel. Le clocher passe avant !

Vous êtes sûr ?

Certain ! Que le côté qui donne sur la caserne ! Une dizaine de planches !

Comment vous savez ça ?

A votre avis ?

Pas parce que vous avez deviné : vous n’ êtes pas devin !

Bonne réponse ! Merci beaucoup !

Je ne voudrais pas vous énerver avec mes questions mais vous n’auriez pas perdu votre vierge ?

J’ai le moule ! Il faut juste que je trouve le temps d’en faire une d’ici demain matin !

Prenez Madeleine ! Après vérification !

Moustachat m’a fait la même suggestion. Malheureusement, c’est un sujet qui ne me fais pas rire !

Enchaînée et chloroformée !

Pour faire les imbéciles, ils ont déjà le carnaval !

J’avais promis au colonel que personne a part Fanfan et moi ne monterait dans le clocher.

Sur votre vie ?

C’est bien de garder son humour en toute circonstance, je vous envie !

Moi aussi je vous enviai de pouvoir monter dans le clocher mais j’ai obtenue une dérogation.

Vous connaissez l’expression : « Chacun sa croix ! »

Je voulais vous dire : je suis désolé pour la vierge.

Il ne faut pas.

Non : qu’elle ait assisté au calvaire de son enfant.

Ah ! La vraie ! Je n’y étais pas du tout !

Moi non plus ! Vous pourriez lui dire pour moi ?

Vous pouvez lui dire vous même, elle vous entend !

Du ciel ? Ça fait loin !

Vous croyez enfin au ciel Baptiste ? Allelouia !

Il paraît qu’elle redescend parfois pour reparaître !

C’est un vaste sujet !

Et pas au bout d’une corde !

Et où elle est votre corde ? J’en ai besoin : ça urge !

Je l’ai laissé a côté de la barrique d’eau ou trempait la corde de la cloche, pour grimper léger !

Mais Moustachat va la ramasser !

Non ! Il s’est écrasé contre la porte de la remise, vous n’avez pas entendu ?

Le grand «  crac » ? Vous êtes sûr ?

Le petit « boum » : oui !

Parce qu’a en croire le bruit, il l’aura plutôt traversée.

Tant que ce n’est pas le bruit d’ un coup de feu allemand ! Qu’est ce qui lui a pris de courir comme ça ? Je ne pouvais pas prévoir.

C’est vous qui l’aviez fermée a clé ?

Il la laisse toujours ouverte avec la clé dessus.

Houlà : et moi qui pensais qu’on aurait un quinze août a peu près normal !

Normal ? Et votre nouvelle bonne ? Et la procession ?

C’est vrai qu’elle tombe mal ! J’ aurais beaucoup plus appréciée son arrivée la semaine prochaine.

Chloroforme, corde, puis vous la délivrez a la libération.

C’est de l’humour belge ? Je ne comprends pas !

Quant a la procession, c’est vrai que ça s’est très bien passé l’année dernière ! Si seulement il n’y avait pas eu ce cirque !

Vous ne deviez pas aller voir Moustachat ?

Ne répétez vous pas tout le temps qu’il nous faut continuer comme si de rien n’était ?

Pour ne pas attiser la curiosité du Colonel : ce sera la clé de notre succès, en effet.

Alors vous savez bien que ma méthode avec Moussetabac c’est d’ignorer ce qu’il fait.

Et aussi ce qu’il ne fait pas, il ne vous l’aurait pas un peu soufflé cette méthode ?

D’après lui, lorsqu’on lui donne l’impression de vouloir qu’il aille plus vite, ça le ralentit.

Alors ne le ralentissons surtout pas et occupons nous de garder notre propre cap.

Diling diling diling ?

Pardon ?

Je ne peux pas plus fort je disais :« Diling diling diling »  C’est une question ! 

Pas plus fort mais peut -être plus clair !

C’est la clochette de la porte de la boulangerie ! Même le boulanger ne l’entend pas !

Ah oui bien sûr : bien imité !

Allez y tant que le pain est encore chaud !

Glups !

Attention ! Je vous entend avaler votre salive.

Ma glotte trahi ma gourmandise !

Nous nous exposons dans la plus efficace des caisse de résonance a des lieux a la ronde.

Le porche de l’église ? On voit bien que vous ne connaissez pas nos grottes souterraines.

J’ai peur du noir, c’est incontrôlable et leurs courants d’air éteignent même les lampes tempêtes.

Hhhhhhhhh ……fffffffffffffffffff….kof kof kof ?

Pardon ?

J’ imite quelqu’un fumer les feuilles de maïs de votre champ.

Krrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrouic

Ah, on dirait que son estomac lui ordonne d’aller prendre son petit déjeuner d’abord.

Le bonjour a Madame Poireau. 

Et vous, vous saluerez Madeleine. Elle est rentrée hier du camp des indésirables.

Crac

Ce sont vos phalanges ?

Oui, puisque je serre les poings. C’est incontrôlable, comme vous votre peur du noir.

Et quand je dis Pinpon ? Vous grognez ?

tap tap tap tap

Non, vous voyez : je tape du pied.

Lorsque Fanfan marchait derrière vous comme sur des œufs, comme un chat, je jurerais qu’il ronronnait.

Les chats ne marchent pas sur des œufs, tout ça c’est dans votre tête.

Peut être que votre pied me dit ce que votre tête n’ose pas me dire.

Vous pensez a quoi ?

A votre impatience que notre conversation se termine ?

Non : je réfléchie ! Mon pied est raisonnable.

taptaptaptaptaptaptaptap

En tout cas, ça s’accélère, si il marque les secondes, nous allons voir le soleil se coucher.

A tout a l’heure pour le méchoui ?

Avec le mouton j’espère.

Et mort. Ah Ah Ah ! Et cuit. C’est drôle ! Au revoir Monsieur Poireau.

Ne donnez pas de fil de fer a Moustabac, il poserait des collets et il sortirait les ramasser la nuit.

Il n’a pas besoin de moi pour trouver du fil de fer.

Et si il attrape un chat ?

Mais non : les chats ne tombent pas dans les pièges, en tout cas pas ceux à lapins.

C’était une corde a piano ?

Pour attacher son mouton sur le dos, oui !

De votre piano ?

J’ai une idée : si vous passiez ce soir au presbytère nous jouer du piano a Fanfan et moi ?

Je suis déjà sorti hier soir : mon épouse n’aime pas trop que je sorte le soir.

Bien sûr et c’est bien normal mais ce soir c’est la fête. Tout le monde sort.

Sauf vous !

Venez avec elle ? Fanfan serait doublement ravi.

Mon père, je peux vous confier un secret ?

Non… enfin je veux dire oui, bien sûr Baptiste, je vous écoute.

Elle adore le jazz !

Et vous lui en jouez ?

Elle préfère les noirs. Et encore plus les noires.

Les notes de musiques ?

Et plus ils sont plus nombreux mieux c’est ! Ils font trembler les murs.

Ah : ses fameux disques de jazz !

Et moi je ne chante pas.

Dites lui que ce soir Fanfan chantera.

J’espère que la migraine de mon épouse sera passée.

Elle a goutté ma tisane ?

Impossible ! Elle dit que c’est celle de la sorcière et que ça va l’empoisonner.

C’est enrobé de miel : c’est délicieux !

J’en goutterait bien !

Non pas vous ! Elle ! Ce n’est pas fait pour vous !

C’est un médicament ?

Elle était infirmière dans les tranchées, elle sait ce qu’elle fait tout de même.

Je ne sais pas ce que ma femme a avec les infirmières, elle les détestent.

Dites que je lui ferait un élixir pour ce soir des fleurs de mon jardin.

Ah : elle adore les fleurs.

Je sais, Fanfan lui en ramasse tout le temps. Il en ramasse aussi pour sa grand-mère d’amour.

…………………………………………………………………………………………..

Je sais qu’elle a été horriblement brûlée dans les tranchées.

Sa dernière journée ! J’accepte vos excuses !

Et qu’elle a beaucoup de boutons parce que ses abeilles la piquent.

Elles la prenne pour un ours, les méchantes !

Merci d ’avoir soufflé sur mon épaule. J’ai eu peur !

Mes oiseaux aussi en ont peur !

Le faucon du conte n’est pas venu chercher sa baguette a la boulangerie.

Il ne pourra pas rapporter tous les pains pour ses invités, son cuisinier viendra les chercher plus tard !

Brutus ? Il y est passé !

Qu’est ce qu’il vous a dit ?

Rien ! Bonjour !

Il ne parle plus ?

Madeleine lui a demandé comment il trouvait son foulard.

Comment ça un foulard ?

Rouge a pois noir : on dirait une coccinelle !

……………………………………………………………………………………………

Et pourquoi donc se couvrir la tête ?

Je ne sais pas si je dois vous le dire.

La coccinelle vient se confesser tous les jours !

Elle a attrapé des poux au camp des indésirables.

Autre chose ?

Elle portait de la farine et des œufs pour faire du pain !

C’est tout ?

Du pain et un gâteau ! Un gros gâteau.

………………………………………………………………………………………….

Quelqu’un d’autre ?

Cr…crr…crrr…crrrr…crrrrr…

Anguel ! Pourquoi ?

Encore ! Mais combien il lui en achète par jour ?

Cr…crr…crrr…crrrr…crrrrr…

Le Colonel était là, derrière lui. Comme un poux !

Je ne ramasse pas la lettre de Fanfan : il aurait du me la remette en main propre.

Cr…crr…crrr…crrrr…crrrrr…

Et si il venait a devoir vous en livrer une seconde, vous pourriez en profiter pour faire la paix.

Et ça pourrait bien lui arriver avant la fin de la journée.

Cr…crr…crrr…crrrr…crrrrr…

Vous pensez au corbeau ?

Oui : il a déjà fait le coup a la factrice pendant sa tournée.

Cr…crr…crrr…crrrr…crrrrr…

Ils sont peut-être plusieurs !

Vous n’avez pas de poux au moins ?

Non ! C’est psychologique .

Alors filons ! Au revoir Baptiste !

Pfffffffffffffffffffffffffiou

Emmanuel ! Je ne vous vois plus ! Où vous êtes passé ?